Déjà le titre – quasi présidentiel – nous fait tout bizarre à nous, spectateurs français.
Mais bien entendu Spike Lee ne l’a pas fait exprès pour nous titiller. Il s’agit de la banale collision de « Chicago » et « Iraq ».
Sur la forme, on ne sait pas trop à quoi s’en tenir. Une comédie musicale en vers ? Il s’agit plus certainement d’un tragi-comédie musicale poétisée. Je trouve le réalisateur Spike Lee maladroit dans cet exercice, dans lequel le rap versifié est envahissant.
Autre sujet un peu plus litigieux, l’emploi de Samuel L. Jackson comme commentateur intercalaire et qui nous donne du prêt à penser en vers (VOD). Je trouve que cet acteur, accoutumé à la violence et à une certaine rigidité mentale dans ces rôles, n’est pas le bienvenu. Certes il est bien habillé et sa sape tranche agréablement avec les arrières plans lugubres.
Plus grave est le fond qui se berce d’illusions.
Si l’on adopte la thèse du film, alors on est dans le registre « Simplet » vient à bout de la guerre des gangs dans un quartier incandescent de Chicago.
C’est à base d’idées toutes simples, qui n’ont aucune chance de marcher dans cette triste réalité.
Comment ça marche ?
No peace, no pussy nous disent les néo-suffragettes, copines des caïds.
Mais l’histoire du monde, tendrait à montrer que ce diktat de la grève du sexe ait été mis en œuvre à plusieurs reprises.
Le mouvement « politique » des cuisses serrées se retrouve en effet dès l’antiquité avec la pièce Lysistrata d´Aristophane. Il a existé de tels mouvements en Afrique plus récemment.
C’est quelque part dans la veine pacifiste du mouvement des droits civiques et du gandhisme.
Pourquoi cette revendication de prison sexuelle, cela ne peut pas fonctionner ici ?
D’abord il y a une sérieuse difficulté de mise en œuvre. Dans un premier temps, il faut convaincre les jolies meufs de bords diamétralement opposés. Les bandes rivales n’ont pas vocation à s’entendre, surtout depuis que vendetta a fait plus de morts américains que les conflits internationaux récents aux USA. Pas raison de faire des cadeaux à l’ennemie.
Les femmes qui ne sont pas sur le premier plan de la violence, subissent directement cependant. D’abord elles vivent en souffrance de part la mort de leurs enfants, leur conjoint…
Le film rattache in extremis les travailleuses du sexe au mouvement. Il s’agit de ne pas avoir de trous dans la raquette. Mais cela sent le bricolage de dernière minute.
Le film est d’une philosophie candide et sommaire.
Pour tenter de nous dévoiler les ressorts de l’affaire, John Cusack incarne un pasteur prédicateur. Notre cachet d’aspirine se veut clairvoyant. C’est le seul blanc, on ne peut plus pâlot, dans une assemblée chrétienne colorée et survoltée.
Selon le prêche, la cause première serait l’alliance du lobby des armes avec les nantis des beaux quartiers. Pourquoi, comment, on n’en sait rien.
Enlever les flingues et vous aurez la paix. Les uns et les autres se prendront dans les bras et vivront d’amour et d’eau fraîche.
C’est vite oublier que les armes ne sont que les instruments de ces guerres de territoires. Les protagonistes ne sont pas prêts de céder du terrain. Le racket, le commerce de la drogue et toutes ces choses, voilà les vraies motivations. Ceux qui ont une influence considérable sur leur semblables ne sont pas près à abdiquer.
La jeune et belle Teyonah Parris en Lysistrata est formidable.
Spike Lee veut nous montrer qu’il a un bel alibi culturel. Il aurait fait des progrès en 2015. Mais son interprétation de la pièce d’Aristophane est sujette à caution. Il met en scène le combat dans la ville, des Troyens, du Cyclope et des Spartiates. On est où là ?





https://fr.wikipedia.org/wiki/Lysistrata


https://fr.wikipedia.org/wiki/Chi-Raq


- Teyonah Parris
- Samuel L. Jackson
- John Cusack
- Wesley Snipes
- Angela Bassett
- Jennifer Hudson
- Dave Chappelle
- La La Anthony
- D. B. Sweeney
- Harry Lennix
- Felicia Pearson
- Steve Harris
- Michelle Mitchenor
