Cinéma indépendant, Sundance, Netflix

Digression après avoir vu ce film Sundance Blood and flesh

Une fois de plus, que ce soit sur Sundance ou sur Netflix, on constate un même changement salutaire dans le cinéma. Les figures marquantes, acteurs ou réalisateurs, ne sont plus des vedettes confirmées et connues de tous. Les talents sont à peu près partout.

Fini (ou presque) le cercle étroit des seuls bankables, que l’on retrouve à chaque coin de la pellicule (numérique maintenant), d’un film à l’autre.

Figurez-vous que c’est l’actrice Mary Pickford qui est à l’origine de l’escalade. Elle a atteint la première, le million de dollars. C’était pourtant il y a cent ans !

Il était temps qu’on en finisse avec ce vedettariat fanatique. Bien sûr que là derrière, il y a (avait) avant tout le goût du public. Et des producteurs et des stars qui ont (avaient) su flairer le pactole.

Mais quand même, on assiste à un phénomène profond. La désescalade actuelle des cachets va de pair avec la diffusion de masse des moyens techniques et la démocratisation des supports (abonnements, streaming…). Avec pour conséquence, de nouveaux visages, plein de bonnes volontés et de nouvelles bonnes idées.

On retrouve de la créativité. L’intérêt du spectateur reprend. Ce tsunami positif va continuer à tout emporter sur son passage.

Et dès à présent, les vrais amateurs n’ont aucune peine à zapper d’un minois à l’autre, d’une création à l’autre.

Il faut dire qu’avec une consommation actuelle qui peut être de plus d’un film par jour, il faut se remuer.

Reste à éviter l’excès inverse qu’on pourrait résumer par le facebookisation ou l’instagrammisation du monde. C’est à dire un horizon vidéo où tout un chacun serait amené à ne raconter que sa propre insignifiance vaguement transfigurée par snapchat, avec les petits moyens du bord. Et que tout le monde serait convié à liker-visionner ce grand n’importe quoi.

Et j’en ai vu des spécimens comme ça. Des esclaves de leur propre image, qui ne pouvaient même pas apprécier le monde réel, sans interposer le regard supposé bienveillant et multiplicateur de leur smartphone.

Aller au restaurant et y boire une soupe devenant un acte de haute signification qui méritait qu’on le montre à tous. Alors que tout le monde n’est pas Andy Warhol et que toutes les soupes ne sont pas de la marque Campbell.

Et si après trop de cette soupe, il leur prend l’envie d’iconifier l’urinoir, qu’ils sachent que Marcel Duchamp l’a fait au bon moment, il y a plus de 100 ans, et qu’il est maintenant trop tard.

On a même été jusqu’à filmer des étiquettes de marque en bordure d’un oreiller, j’ai vu cela. De quoi authentifier ce qui serait aux yeux de certains, la « grande vie », c’est à dire la « vraie vie » ?

Il règne dans ce dérisoire audiovisuel de masse, une sorte de grande confusion des valeurs. Le bon Benoît XVI, qui était entre autre un panzer-philosophe allemand, appelait cela le relativisme. La messe est dite.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Festival_du_film_de_Sundance

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