Coeur de tonnerre (Thunderheart) (1992) 4/10

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Coeur de navet.

Tout ce que je déteste.

Des Indiens figés dans le temps qui vivent dans la crasse et la misère d’un bidonville. Un contexte supposé de droits civiques avec pas mal de revendications. Et tout ce marasme qui serait la faute des blancs. Lesquels ne leur auraient apporté que la maladie, la ruine et la mort.

Avant que de parler de préjudice colonial, il faudrait quand même faire le bilan global de leur civilisation d’avant, en particulier pour nos brillants sujets d’Amérique du nord. Beaucoup vivaient dans la crasse, la misère, la maladie, la ruine, la terreur et la mort.

Pas mal de ces peaux rouges donneurs de leçon rêvent de continuer à se beurrer la gueule et à bouffer des MacDo, en bénéficiant d’une rente permanente. On leur devrait à eux, ce qu’on a pris à leurs ancêtres. Il va falloir que nous, les colonisés par les Romains, on demande un sérieux dédommagement aux Italiens.

On ne voit dans ces réserves de maintenant que l’agitation des hommes. On ne parle pas beaucoup des femmes, alors qu’elles étaient en réalité les chevilles ouvrières. Et donc il y a une longue tradition que les guerriers ne fassent pas grand-chose en temps de paix. Cette sorte de repos sacré, on peut dire que ces hommes le respectent !

Les Amérindiens ont quand même profité à fond d’un « bienfait » particulier apporté par les conquérants, le juridisme anglo-saxon. C’est plus fort que l’apport des armes à feu. Et ils ne se privent pas maintenant d’ester en justice. Et comme le sentiment de culpabilité et la contrition rongent nos sociétés d’essence chrétienne… ils jouent sur du velours.

  • Faudra-t-il faire repentance pour leur avoir fourni des chevaux et des armes ? Alors que ces outils les ont fait sortir de la famine (dixit les Comanches) – Mais bien entendu les quadrupèdes ont apporté plus de méthane dans l’air. Et c’est mal vu maintenant ces atteintes à la couche d’ozone. Quant aux armes, n’en parlons même pas. Qui dit armes, dans notre univers bien-pensant, dit crimes et guerre… l’idée que cela puisse servir à la chasse ne vient même pas à l’idée de nos idéalistes.
  • Ils ont aussi bénéficié de compensations actuelles et bien réelles : grâce à leur obstination et à la mise en scène de leur victimisation séculaire, mais aussi une confusion orchestrée quant à une lutte rétroactive pour les droits civiques.
  • Déjà ce sont d’importantes aides financières (gérées par les « anciens »?) Fonds des Nations Unies pour les populations autochtones – Programme d’aide au revenu dans les réserves…
  • Les Indiens du nord ont obtenu la reconnaissance de leurs juridictions coutumières. Grâce à ce doublement des instances, ils ont ainsi le beurre et l’argent du beurre. Et ils se permettent même un particularisme inégalitaire. L’assimilation s’éloigne. Et bien qu’ils bénéficient plus d’aides qu’un citoyen lambda, ils sont surreprésentés dans les violences et la prison.
  • Plus ils s’enfoncent, plus ils sont assistés, moins ils sont actifs et plus ils plaident le thème porteur de l’inégalité sociale. Plus ils râlent, moins ils s’assimilent, et plus ils pensent avoir retrouvé la « fierté de leur peuple ». C’est du banal séparatisme doublé d’assistanat.

Le juridisme a également été pratiqué par les coloniaux. En statuant que l’invasion de l’Amérique du Nord fut une conquête, ils font perdre tous droits de propriétés aux conquis. Ce la tient de règles internationales.

  • Et puis on connaît la force de l’encouragement par des alliances à des groupes de se combattre entre eux. Là le colonial n’a fait que pousser des curseurs traditionnels. Pourquoi les Indiens ne se feraient pas désormais des procès inter-tribaux ?
  • Il y a eu aussi des phases d’échange, de commerce, d’accords et de traités. Les Indiens n’étaient pas si naïfs que cela et ils ont joué la compétition entre les différentes nations européennes qui vadrouillaient par là.

Il est vrai qu’on ne peut pas nier la question génocidaire. La maladie a aidé, mais il n’y avait pas que cela. Fallait-il trouver un vainqueur dans des civilisations apparemment inconciliables ?

  • De nos jours, il y a de plus en plus d’amérindiens. D’abord c’est le fait d’une belle reprise démographique. Mais c’est aussi lié aux subsides publiques que l’on peut espérer de ce statut. En cherchant bien dans votre généalogie, un petit pourcent de métissage peut vous aider à basculer dans cette case.

Ce qui prétendument les unirait, c’est leur terre, comme si un démiurge leur avait accordé une concession définitive. Alors que l’humanité n’a été que migration, occupations successives et que nos Indiens n’étaient pas de reste à ce sujet. Heureusement d’ailleurs si l’on considère les variations climatiques et bien d’autre évolutions. Et puis une population qui réussit s’étend nécessairement au-delà de son bassin initial. Et tout cela vit et meure régulièrement. Des points d’ancrage sont créés et d’autres disparaissent. Parler d’expropriation a des limites.

Et puis il y a cette apologie du clanisme basique, avec cette fiction qu’une poignée d’entre eux forment un « peuple ». Il n’y a pas un peuple indien mais une multitude des tribus dont on sait qu’elles passaient leur temps à se chercher des poux. Ce regard tourné uniquement sur soi est un ethno-racisme fétide. Il faut quand même qu’on le dise. Heureusement que notre regard est plus universel que cela.

Le pire c’est ce respect qu’on devrait aux superstitions, comme c’est lourdement suggéré dans ces nouveaux films. C’est vraiment pitoyable comme il est devenu commun que les « visions » prémonitoires de tel ou tel voyant plumé se révèlent toujours exacts au cinéma. On valide par ce subterfuge l’ignorance crasse.

Il faut dire que c’est une convention puante, qu’il est très facile à mettre en scène. On met même un esprit rationnel qui doute dans le jeu… et qui ne pourra que constater qu’il est lui dans l’erreur. Qui pourrait encore douter !

Bon dieu (si j’ose dire) on doit lutter contre l’obscurantisme et non pas l’encourager. Et ce serait le monde des esprits, qui revient dans notre univers rationnel par la petite porte, qui devrait nous contraindre à faire des courbettes à leur peuple ?

Il faut bien comprendre que des rites étaient totalement opportunistes. En invoquant le grand machin ou le grand truc, on espère la pluie, la bonne récolte. Les mémés d’ici ne font pas mieux en brûlant des cierges. C’est jute un peu plus égoïste.

Quelle imbécillité rousseauiste que de poser le principe d’une prétendue sagesse immanente du bon sauvage. J’aimerais plutôt qu’on donne des chiffres sur l’état sanitaire, la prospérité réelle etc de ces tribus pré-colombiennes.

Et puis on le sait bien dans notre civilisation à nous, que les tabous, les rites, les croyances indémontrables sont au service d’une caste en collusion avec le pouvoir. Ce n’est pas le meilleur système politique. On a réussi à se défaire et il faudrait y revenir ?


Le fondamentalisme religieux reprend du service dans la guerre de civilisation. Ce n’est pas le moment de lui donner des gages, même à toute petite échelle.

On voit bien ce qui se trame là derrière. Sous prétexte d’empathie avec ces mondes anciens, « on » en profite pour nous refiler de l’écologie religieuse et militante, de la décroissance etc

Bien entendu on doit sortir du clivage tétanisant entre le mythe de ce bon sauvage qui vivrait l’âge d’or, dans l’innocence, l’abondance d’une nature généreuse avec en prime l’amour universel et son image opposée, le sauvage à peine sorti de l’âge de pierre et qui ne pourrait être que cruel et anthropophage.

Mais de grâce, faisons une ethnohistoire raisonnée.

On parle du film ?

C’est un thriller banal sur fond d’indieuseries. Avec les présupposés obscurantistes dont on a parlé. Rajoutez-y un justicier intègre (car sang mêlé) et l’esprit de vengeance bien western. Il y a des coups de feu, des poursuites et une belle Indienne conscientisée qui sera sacrifiée.

N’oubliez pas une grosse pincée d’uranium bien polluant et du politiquement correct. Le tour est joué.

Val Kilmer est le gentil flic et Sam Shepard la version corrompue. Robert De Niro en tant que producteur compte les billets.

Cela me fait sourire qu’on prétende que cette bagarre de près de deux heures entre Indiens à l’ancienne et Indiens intégrés, soit basée sur des faits réels, alors qu’il y a une telle place pour le fantasmé et le surnaturel.

https://fr.wikipedia.org/wiki/C%C5%93ur_de_tonnerre


Val Kilmer

Sam Shepard
Graham Greene
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