Cold War (2018) 7.5/10 Pawel Pawlikowski

Temps de lecture : 2 minutes

(Pologne)

Vu en V.O. en polonais, ce qui n’est pas un obstacle pour cette œuvre expressionniste.

Ouf, ce n’est pas un film sur la guerre froide !

Le cadre historique ne sert qu’à mettre une certaine ambiance d’après guerre, des deux côtés du rideau de fer. Ceci afin de mieux mettre en valeur le feu qui dévore les principaux personnages.

Cela n’empêche donc pas le film d’être chaleureux et très mignon (sic)

C’est pourtant un drame au sens classique du terme. Mais un drame lumineux, car il célèbre l’amour incandescent. L’amour sans limite. On est dans la tradition des Tristan et Yseult.

Pourtant, le charme du film n’est pas que dans cet absolutisme de la relation amoureuse :

– Cet amour très slave et jusqu’au-boutiste, entre une jeune danseuse/chanteuse et son Pygmalion pianiste et chef d’orchestre de la troupe. Un amour qui conserve tout au long des années d’après guerre, dans divers lieux d’Europe, son côté fusionnel et charnel, par delà les fractures et les réconciliations sur l’oreiller.

Dans ces accès amoureux, dans le final mélodramatique, les auteurs s’affranchissent du profond réalisme qui charpente tout le film. Ils rejoignent ainsi le mythe. On invoquera la licence poétique. On aime ou on n’aime pas.

Mais après tout, peut-être que c’était comme cela, car il n’y avait pas grand-chose à faire à part s’aimer à la folie dans ce « paradis » communiste, qu’était la Pologne de l’époque.

Le film est surtout enthousiasmant en raison des partis pris détonants de la réalisation et de la qualité des acteurs :

– La prise de vue est en noir et blanc et dans un format presque carré.

Ce noir et blanc est impeccable. La photographie est magnifique.

Ceux qui se sont battus avec les tirages noir et blanc comprendront la difficulté de cet art. Il y a peu de paramètres, mais toutes les raisons de se planter.

Et là, dans toutes les conditions possibles de prise de vue, ce sont toutes les images du film qui méritent le détour. Un régal pour les yeux.

Mais ce noir et blanc, quand il est de l’autre côté du rideau de fer, sert aussi à rendre l’arrière plan de pesanteur communiste et de dissidence de la période « cold war ». Et quand il montre Paris, il accentue à merveille, le côté germanopratin, version années 50.

– Et puis il y a la musique, les chants, les chorégraphies. Tout est bon là aussi.

Ce n’est pas une illustration sonore, c’est la base du film. Cela va du captage in situ des chants traditionnels chez les paysans polonais, aux danses villageoises chorales, réinterprétées par des troupes professionnelles. Sans compter les hymnes obligés à Staline, la musique classique haut de gamme, la bonne chanson française ou le Jazz de grande qualité, le tout avec la même surprenante force d’interprétation.

D’habitude on applaudit le folklore, d’un air poli. Mais là, les voix sont amples et cristallines, les danses sont entraînantes. C’est gai, sincère et intense. Un régal pour les yeux et les oreilles.

– Les acteurs sont de vrais musiciens, de vrais chanteurs, de vrais danseurs et de bons acteurs. Cela vaut surtout pour le couple clef. Cela ne s’improvise pas. C’est raccord. Comme leur art est leur vie, ils n’en sont que meilleurs. Cela rend parfaitement crédible, les déchirures possibles entre leur amour et leurs carrières.

Sans doute un peu trop d’alcool et de cigarettes dans ce film.

Mais au final, il y a plein de bonnes choses là dedans.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Cold_War_(film,_2018)

Joanna Kulig
Tomasz Kot
Borys Szyc
Agata Kulesza
Jeanne Balibar

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