Colombiana (2011) 3/10 Luc Besson Megaton

Temps de lecture : 5 minutes

Un film français qui pille allégrement toute la dramaturgie conventionnelle, des films d’action américains. C’est tellement pompé, qu’on y verrait presque que du feu. C’est étasunien ce truc là !

Mais ce n’est qu’une imitation de surface, qui ne parvient pas à dissimuler, qu’on a à faire à un gigantesque navet.

Ce film n’est pas très intelligent, et il voudrait pourtant nous en mettre plein la vue. La frime toujours la frime ! Cela se traduit par quelques belles images, des poursuites, des coups feu incessants, de la pyrotechnie, beaucoup de bruit. Faut que ça bouge !

Le discours est on ne peut plus simpliste.

Le retour sur investissement est constamment en ligne de mire.

C’est du Luc Besson tout craché (+ Olivier Megaton)

. Je ne l’aime pas vraiment ce type. J’ai l’impression que c’est un fantoche, un usurpateur de notoriété. Le genre de gars, prêt à nous sortir la panoplie victimaire, si on s’avise à le critiquer.

On le reconnaît bien là.

Toutes les ficelles de l’émotion facile sont utilisées. Le plagiaire n’oublie pas les poupées pour nous attendrir. Une jolie petite fille assiste au carnage de sa famille, les beaux yeux grands ouverts. La même, quinze ans plus tard, se lance dans un rodéo de vengeance tous azimuts. L’oncle mafieux au cœur tendre lui a offert un job de tueuses à gages. Elle fait des extra pour elle-même.

Les procédés racoleurs sont à gerber. D’ailleurs on vomit plusieurs fois dans le film.

Le vacarme et l’agitation cherchent maladroitement à dissimuler, l’imprécision fondamentale de l’action, les approximations dans les scènes, et le recours à des hasards bien commodes pour colmater les brèches béantes du scénario.

Le pire se cache dans les détails.

Au tout début, le père menacé se rend à la convocation de son chef le parrain de la drogue Don Luis. Soit !

Il en sort, tout seul, les mains libres, alors que son patron a décrété sa mort. Ici la cible était pourtant on ne peut plus facile. Rapport de force 1 contre 15 (?). Pas de témoins.

Du coup, les gangsters qui viennent de le laisser filer volontairement, sont obligés de se compliquer la vie en l’achevant à son domicile. Et là, il a des gardes du corps et du monde dans la rue.

Du travail de débile, qui ne permettrait pas à quiconque d’avoir son C.A.P. de mafieux. C’est grotesque, c’est masqué par le feu de l’action, c’est du Besson.

Immédiatement après la tuerie de ses proches, la fillette avale la carte mémoire pleine d’informations compromettantes sur les méchants, que lui a donné son père. Les bandits veulent à tout prix la récupérer.

Déjà, on ne sait pas comment, ils savent que ces infos existent et qu’elles sont là. Il peut y avoir aussi x copies. Elle pourrait être rangée ailleurs. Ils n’ont pas eu le temps d’interroger son père. Ils sont trop nuls. Ils ne pourront même pas redoubler pour tenter d’avoir ce fameux C.A.P.

Ensuite, ces données une fois transmises en bonne main, on ne voit pas que les autorités s’en servent d’une manière ou d’une autre. Le bandit principal semble même protégé lors de son arrivée aux USA. Il n’avait donc aucune raison de s’inquiéter et de tuer pour la carte. C’est quoi ça ?

Mais surtout, cela donne lieu à une poursuite immédiate de la gamine, par de nombreux brigands musclés et entraînés. Mais ceux-ci, se font quand semer lors d’une course à pied marathonienne, dans les règles, par le bout de choux, qui doit être en pleine digestion ! C’est rigoureusement impossible, si l’on tient compte du rapport de force et de la physiologie élémentaire. Du Besson dans toute sa « splendeur » !

En réalité toutes ces incohérences, sont dues au fait que le scénario (de Luc Besson) n’est pas assez intelligent pour mettre la fillette en situation, de manière naturelle. D’où les assassinats dans la maison familiale et tout le reste. Que ce Besson est pour le moins paresseux et incroyablement inefficace et/ou incompétent !

Des années plus tard, afin de tuer l’instigateur du massacre de ses parents, l’héroïne devenue majeure, use de ruses pour le faire venir à elle. Ce n’est pas mieux !

Elle signe ostensiblement les meurtres de personnes proches du malfaisant afin de le provoquer. C’est le dessin de la fameuse orchidée cattleya, pour Cataleya son prénom. Pas très malin de signer un crime de son nom !

Elle use et abuse d’astuces, qui pourraient sembler sophistiquées à première vue. Pourtant, ce qui nous est présenté comme une mécanique de précision sophistiquée et implacable, se révèle être particulièrement branlant, quand on se donne la peine d’analyser. Mais le tsunami de bruit et de fureur qui l’accompagne, fait tout pour noyer le poisson.

Par exemple, la jeune femme percute une voiture de police pour se faire emprisonner dans les mêmes lieux que sa future victime. Par des procédés alambiqués, elle arrivera à ses fins. C’est à dire tuer le méchant dans sa cellule à lui, et repartir indemne et sans être vue.

Le (les) problèmes, c’est qu’on nage dans l’invraisemblance la plus totale.

D’abord il faut taper la bonne bagnole et puis qu’elle soit emprisonnée au bon endroit. Puis que sa cellule se trouve à distance raisonnable, dans un même bâtiment, sur un même plan etc. Il est nécessaire que le réseau d’aération communique et qu’il puisse laisser passer une personne. Il faut passer le gigantesque ventilateur allumé… là elle a monté un truc hilarant de timer improvisé avec un gobelet plastique qui fait tomber de l’eau goutte après goutte sur une petite cuiller et qui va disjoncter le système d’aération. Il fallait donc se procurer tout cela et avoir la possibilité de le mettre en œuvre dans les temps. Il faut aussi que le gardien qui est planté en permanence, devant la cellule du futur mort, ait juste envie d’aller pisser à ce moment. C’est du grand n’importe quoi ! Mais ce n’est pas fini. Elle réussit à faire fonctionner son système. Elle passe. Le gardien le remet en route. Elle tue. Puis elle refait le chemin inverse ! Et donc en toute logique elle doit repasser cette fois dans le ventilateur hachoir allumé ! Mouais. Signé notre pauvre Besson national.

Autre source de franche rigolade. La belle tueuse est frêle comme jamais. On dirait que ses bras sont d’allumettes. Cette poids paille, absolument pas faite pour le coup de poing, a pourtant le dessus, à mains nues, sur d’impressionnants mésomorphes, faits de muscles et qui sont visiblement d’une catégorie de boxe au dessus des poids super-lourd. Les c…mauvais scénaristes, ça ose tout. C’est même à ça qu’on les reconnaît.

C’est pas brillant non plus, en ce qui concerne l’intelligence que Besson prête à une armée de policiers du plus haut niveau, FBI compris. Les gars phosphorent dans tous les sens d’un air inspiré (ils ont quand même l’air plus malin que Besson, je vous rassure). Ils cherchent obstinément un HOMME capable de faire tous ces règlements de compte. Surtout pas une femme. Et alors que tous ces meurtres sont signés avec une belle orchidée sur le ventre, au ROUGE A LEVRES, il n’y en a pas un qui se pose la question de savoir si ce ne serait pas quand même une femme ! Bonjour, le brainstorming !

Besson prend les autres pour des c… billes.

Dans le temps on parlait de série B pour ces films bâclés. Mais là franchement, il va falloir regarder vers la fin de l’alphabet, voire au-delà, du côté des wingdings (*)

Leblogducinema qui a eu un temps mon estime, s’est même fourvoyé en 2011, dans une honteuse promotion « Colombiana – Au cinéma le 27 juillet 2011 – Des places pour l’avant-première à gagner ! » Tout fout le camp ! A ma connaissance, ils n’ont pas osé faire une critique de fond du film par la suite (pas assez de places gratuites pour le visionner … ou la honte?)

(*) wingdings : ❄︎□︎◆︎❒︎ ⧫︎♏︎⌧︎⧫︎ ♒︎♏︎📬︎ 🕆︎⬧︎♏︎ ✌︎♐︎□︎🕈︎♋︎⬧⧫︎♏︎❒︎🕯︎⬧︎ ●︎♋︎■︎

https://fr.wikipedia.org/wiki/Colombiana

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