Comme s’il en pleuvait (1963) 6/10 Eddie Constantine

Temps de lecture : 3 minutes

En ce temps là, l’exotisme se résumait à tourner le film à Madrid. Sans en abuser. On n’avait pas besoin de réquisitionner les lieux les plus emblématiques. Comme la vie était plus simple !

En ce temps là, même les séries B avaient une certaine cohérence.

On nous montre un Eddie Constantine, tel qu’en lui-même, et qui dans ce scénario, n’est plus qu’un écrivain sans le sous.

Pris à la gorge, il accepte un emploi bizarre mais très bien rémunéré. Il s’agit d’être le « secrétaire » d’un mystérieux et invisible M Martinez. Celui-ci l’envoie dans des missions assez bizarres. Il doit d’abord transmettre des messages à des inconnus, sous la forme d’enveloppes. Et petit à petit, il se retrouve avec des instructions de plus en plus limites. Il s’agit par exemple de compromettre un monsieur, en l’amenant dans un appartement où il pourra être filmé en train de batifoler. Un employé sera soumis à un odieux chantage en rapport avec le cancer de sa femme.

Ce qui est loin de plaire à notre cow-boy vertueux.

Le puzzle se reconstitue et finit par montrer son véritable dessin/dessein. Toutes ces approches permettront de réunir une équipe soumise. Ils auront la mission de réaliser un casse dans une centrale de destruction de billets de banque usagers. En théorie tout est bien huilé et on n’y verra que du feu.

Et l’anonymat de chacun sera préservé au maximum. Hormis pour celui qui va vite apparaître comme le personnage central, Eddy lui-même.

Pas fou, pensant bien faire, il va dévoiler ce plan à un haut personnage de la banque. Ce n’était pas une si bonne idée que cela.

L’intrigue est un peu éclatée et tirée par les cheveux, mais l’ensemble finit par se reconstituer avec une certaine logique.

Mais cela n’est qu’un prétexte.

Ce qui compte vraiment c’est de retrouver notre sympathique Eddy, avec toute sa gouaille, son indéfectible self-contrôle, son charme auprès des dames, sa malice et sa bonhommie. L’histoire est secondaire.

Il est capable de faire tomber dans ses bras toutes les jolies femmes. Et ça, ça compte déjà beaucoup.

  • Principalement la jolie brunette Elisa Montes (la récompense) – Une Espagnole à la tête de squaw, qui avait 28 ans alors, et qui en a 85 ans en 2020.
  • Sylvia Solar, une blonde impressionnante – En fait Geneviève Couzain, une Française rebaptisée de 23 ans, qui se plaisait bien en Espagne où elle a épousé un torero.
  • Mayra Rey en lolita. A 20 ans, elle préférera l’amour à sa carrière.
  • Carlota Bilbao – Une Mexicaine de 48 ans ici et qui nous quittera alors qu’elle avait à peine 101 ans.

Cet Américain massif (de parents ashkénazes, russe et polonais) a tout pour nous plaire.

C’est bien entendu notre sauveur.

Ses semblables ont largement contribué à nous libérer des Nazis. Mais ça c’est une vieille histoire, qui est quasi oubliée en 63. Surtout dans cette Espagne franquiste.

Lui vient au secours de la femme battue et cherche à sauver l’argent des bon citoyens.

Dans les années 60, il s’agit plus généralement de nous soulager de toutes nos tracas quotidiens et de nous apporter toutes les promesses de bonheur de l’american way of life et du lâcher prise. La foi (dans ce modèle) sauve ?

Avec Eddy, nous pouvons croire que la vie est facile, que les femmes se cueillent comme des fleurs, que la thune peut tomber comme s’il en pleuvait.

  • Dans la vie faut pas s’en faire
  • Moi je ne m’en fais pas
  • Toutes ces petites misères
  • Seront passagères
  • Tout ça s’arrangera

Ce héros rigolo, auquel on peut facilement s’identifier, vient à bout de toutes les difficultés. Pour cela, il fait dans le minimalisme. Il n’a que son bagout, sa bonne humeur communicative, sa détermination et son sens de l’honneur et du bien… et un bon direct du droit.

En ce temps là, dans les films d’action, quelques coups de poings suffisent pour faire avancer le débat. La mort est encore rare. Ces chorégraphies de bagarre nous font sourire maintenant, autant par leur déroulé que par leur innocence. C’était l’époque ou le maximum consistait à envoyer un gars dans les vapes par un gros coup sur la tête.

On n’avait pas encore besoin de cette escalade de poursuites infernales, de ces pluies de balles, de crimes infernaux, de violence et de sang. Il n’y avait pas cette surenchère d’effets spéciaux ou ces images de synthèse de plus en plus abracadabrantes. Toutes choses qui concourent à faire du cinéma actuel une sorte de grand parc d’attraction de la cruauté et de l’horreur. Un spectacle qui ne s’adresse désormais qu’à notre cerveau reptilien.

La fin du film consiste à mettre le méchant en prison et à donner au vainqueur sa récompense, sous la forme de la plus jolie mademoiselle.

C’étaient des films à taille humaine. Pas ce grand n’importe quoi actuel qui ressemble à une succession de coups de bélier dans le ventre du spectateur pour l’amener à un final bestialement cathartique.

C’est sans doute pour cela que les films parodiques, qui jouent la carte du retour aux sources de la série B, avec cet humour décontracté, comme les OSS 117 avec Dujardin, nous font tellement de bien.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Comme_s%27il_en_pleuvait

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