Conversation Secrète (The Conversation) (1974) 6.5/10

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Le plus grand mérite de Coppola est d’avoir su entretenir sa légende, un peu à vide comme pour la famille Kardashian. Et puisqu’on en est dans la métaphore familiale, il faut noter que la fille a fait bien mieux que le père.

Conversation secrète n’est pas un si grand film que cela. Son intrigue pourrait tout aussi bien être traitée dans une série B, voire dans un téléfilm. Rien de génial ou de magique là dedans.

Gene Hackman incarne un technicien haut de gamme de l’espionnage privé. Grâce à un arsenal technique très sophistiqué pour l’époque, il parvient à découvrir des secrets jusque là bien gardés. Cela se fait dans le cadre des investigations lucratives qu’on lui confie. Ses confrères le considèrent comme le plus doué dans ce métier. Mais ils moquent aussi son côté bourru et et solitaire.

Comme de bien entendu, il a une casserole. Une des enquêtes qu’il a résolu a mené à un massacre par le commanditaire. Et donc désormais, lui le catholique fervent, cherche à composer avec la moral. Il se soucie des conséquences possibles de ses investigations.

L’affaire que lui confie un très grand PDG semble banale à priori. Il doit espionner deux amants potentiels, dont la femme de l’homme d’affaire. Avec ses micro directionnels habilement disposés sur une place publique, il peut facilement confirmer la tromperie, de ces deux personnages. Lesquels se doutent qu’ils sont surveillés, mais pensent à tort pouvoir parler librement, tant ils seraient protégés par le vacarme ambiant. Mais grâce et un traitement subtil de la bande son, notre protagoniste se débarrasse de sons parasites et pourra aller bien plus loin. Il met au jour ce qu’il pense être un complot du couple illégitime contre le mari friqué.

La première fois que j’ai vu ce film, j’ai trouvé que l’exposé en long et en large de ces écoutes de bandes magnétiques devenait rapidement envahissant. Cette fascination pour la technique est trop lourdement appuyée. Je confirme aujourd’hui.

En réalité, le réalisateur-scénariste Francis Ford Coppola n’a pas grand-chose à nous montrer, à part ces gadgets derniers cris et cette casuistique de la traque. Là où Blow-Up (1966) agrandissait jusqu’à l’absurde l’image, lui s’acharne sur le son. Le sujet est pauvre, d’où la pirouette qui consiste à rebattre les cartes. Je ne suis pas trop impressionné par ce « ah oui, mais bien sûr, on peut aussi le voir comme cela ! »

Ce serait une des premières œuvres du cycle conspirationniste qui a tant imprégné le cinéma américain.

Reste le talentueux Gene Hackman qui nous joue ici plusieurs registres. Et l’écart est parfois un peu grand, ce qui nuit à la crédibilité : cela va du solitaire un peu paumé à l’ingénieur triomphant. Le coup de Hackman en plein spleen saxophoniste fait furieusement daté à présent. Et je passe sur la métaphore de son appartement qu’il a lui même désossé pour chercher des micros inexistants. Et qui nous dit en substance que la recherche absolue de la vérité permet de révéler qu’on est ou qu’on est devenu absolument fou. Ce que tous les psychiatres savent.

On n’avait pas besoin de Coppola pour connaître les mérites du comédien et d’autres ont mieux su l’utiliser.

Ce serait le film préféré de Francis Ford Coppola lui-même ; il n’est pas le seul à le penser comme le montre cette étonnante Palme d’or. Ce n’est pas mon choix loin s’en faut. Mais au fait que reste-t-il de sa filmographie ?

A noter dans Le Monde, une bonne critique du film, mettant en avant le côté sociétal et donc conjoncturel, et à laquelle je me rallie facilement : https://www.lemonde.fr/vous/article/2008/12/20/conversation-secrete_1133610_3238.html

https://fr.wikipedia.org/wiki/Conversation_secr%C3%A8te

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