Copie conforme. Avis film Kiarostami. Binoche pénible. 4.5/10

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Cruelle déception ! D’autant plus que ce film d’Abbas Kiarostami de 2010 a été conçu bien après Le Goût de la cerise de 1997, qui m’avait tellement plu. Je m’attendais donc à une belle progression. Mais la savante indétermination de la cerise est devenue ici du manièrisme. Le sujet est médiocre, les acteurs sont prétentieux et les dialogues prêtés à cette « élite » sont singulièrement inintelligents. Trop de blabla et de sentimentalité bas de gamme.

Cependant, c’est bien une copie conforme. Là, on ne nous ment pas.

Il y a dans cette histoire de couple multilingue dans la twilight zone, quelque chose qui fait penser un peut trop fortement à Before Sunrise (1995) et à Before Sunset (2004) et Before Midnight (2013). Une somptueuse trilogie sentimentale et civilisationnelle, d’une rare intelligence avec des acteurs de talent et une réalisation parfaite.  Julie Delpy et Ethan Hawke arrivent à un degré de jeu rarement égalé dans de telle circonstances. Là tout sonne juste, contrairement au pensum de Kiarostami. Et puis il y a tant d’autres films qui traitent bien du sujet de la fragilité des amours vieillissantes.

Et donc malheureusement l’exercice appuyé, mais mal déconstruit, de Abbas Kiarostami arrive trop tard et tombe singulièrement à plat.

On se demande bien pourquoi Juliette Binoche a eu le Prix d’interprétation féminine au Festival de Cannes. Elle surjoue, on ne croit pas vraiment à ces larmes et ses petites colères. Elle se met en avant au détriment de son personnage. Elle mime une crispante girouette capricieuse, voire une vieille emmerdeuse qui aurait le monopole du coeur, ce qui colle bien avec ce qu’on imagine d’elle, mais pour le reste, c’est du bidon. Qu’elle aille se faire voir dans le cinéma muet.

Et même l’apparition, quasi fortuite, du grand Jean-Claude Carrière, en donneur de leçon, ne convainc pas. Quel gaspillage !

Et ce film me semble brouillon.

Pourquoi faire simple quand on peut faire compliquer.

On joue avec le spectateur en ne lui donnant pas d’emblée toutes les clefs : deux êtres qui se découvrent au fur et à mesure que se déroule l’action ? deux vieilles connaissances ? Un vieux couple qui fait semblant de ne pas se connaître ?

C’est assez stérile et surtout trop forcé pour être crédible. C’est une marotte de scénariste, rien de plus.

Le film est un chantier d’un édifice mal étudié en voie de construction ; et bien entendu on n’en a pas les plans.

Le côté « modernité » le rend très artificiel, mais est en phase avec ce qu’attendait alors certains critiques cannois. Lesquels sont toujours en retard de quelques révolutions. En 2018, les esprits avisés se sont déjà tournés déjà vers Ruben Östlund et son détournement des tics de cette « modernité ».

Pour achever de me déplaire, le long métrage se termine par une sorte de rabibochage sur l’oreiller, comme si on voulait faire plaisir aux spectateurs par une happy end en queue de poisson.

Et pourtant je l’aime bien cet Abbas Kiarostami !

https://fr.wikipedia.org/wiki/Copie_conforme_(film,_2010)

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