Il y a des films dont on se demande ce qu’ils fichent ici !
Vu de loin, Crocodile Dundee paraît rassembler tous les a priori, que l’on peut avoir sur le cinéma d’aventure.
- Ces longs métrages ne sont souvent que des histoires improbables, qui ne servent qu’à exposer de la castagne et des poursuites. Le scénario est linéaire avec l’inévitable victoire du héros, après bon nombre d’épreuves. Le tout est gradué et finit par une sorte d’apothéose du mouvement, avec une incohérence de plus en plus totale. Et bien entendu cette guerre des nerfs connaît quelques haltes bénéfiques, du type repos du guerrier.
La messe est dite ?
Non pas tout à fait. Car le premier Crocodile Dundee apporte un éclairage un tout petit peu différent. Il y a là, la possibilité d’un discret regard ethnographique, avec ce « bon sauvage » blanc, initialement dans son milieu aux antipodes, puis téléporté en plein New-York.
- Certes, ce n’est pas du Jean Rouch avec son magnifique Jaguar (1954). Cette œuvre « scientifique » où le savant faisait se déplacer des noirs tribaux sur la Seine, en pirogue, en plein Paris. Ce qui permettait d’intéressants commentaires, sur notre monde « moderne ».
- Et certes Tarzan l’avait déjà fait : Les Aventures de Tarzan à New York (1942)
Ici c’est plutôt fait pour rire ou sourire. Et on trouve quelques gags bien amenés.
D’abord, on règle son sort à cette belle journaliste, qui joue les affranchi(e)s dans la jungle australienne (le Bush). Elle se prend quelques revers bien mérités. Elle apprend la leçon. C’est très habituel et bon nombre de films ont travaillé cette partition là. Mais la séduisante Linda Kozlowski est à la hauteur.
- On trouve ce thème dans Mogambo (1953) avec ces deux lionnes qui s’affrontent, Ava Gardner et Grace Kelly, sous les yeux de Clark Gable.
Et bien entendu, on verra des « grossiers » qui attaqueront inutilement des kangourous. Crime suprême déjà alors. Les serpents et le crocodiles, ont fait ce qu’on veut avec. Mais il est interdit de toucher à tout ce qui pourrait faire des doudous, dans la représentation des enfants. Le diktat de la biodiversité des années 80 était moins contraignant.
Les autochtones aux visages bien différents des nôtres, pourraient en effrayer certains. Mais ils sont les « potes » du dompteur de sauriens. Et rassurez-vous, ils sont très insérés finalement. A l’époque ils n’avaient pas encore le portable dans la poche du jean, mais c’est tout comme.
Mais l’histoire devient moins classique, quand l’homme à la veste en croco, qui n’est jamais sorti de sa brousse, se retrouve dans le monde mécanisé, trépidant et violent de la grande métropole. Les « tribus » de ce nouvel univers, sont plus hostiles qu’il le pense. Que ce soit dans la rue avec les bandes de la ville, les putes et les maquereaux, les travelos, ou dans les happenings des élites.
Il va le découvrir progressivement, mais sans se départir de son innocence fondamentale de bon Tarzan. Paul Hogan est un curieux personnage. C’est lui qui joue ce cow-boy vieillissant et mal dégrossi. Il n’a pourtant que 47 ans ! Le soleil plein d’UV d’Australie fait des ravages cutanés, tout le monde le sait (le plus gros taux de mélanomes malins)
Ici l’homme de base, ce « paysan » non pollué par la civilisation, est fondamentalement bon. Alors que l’intellectuel new-yorkais chichiteux est forcément mauvais. Ce préjugé rousseauiste plairait aux électeurs de Trump. Lorsqu’on gratte les arguments des verts décroissants les plus extrêmes, on finit toujours par renifler de la chemise brune.
Cet Tarzan cavernicole est forcément sexué, voire hyper sexué. Il le prouvera avec la Jane de service.
La scène finale, sur un quai sur-bondé du métro, n’est pas inintéressante, bien qu’il s’agisse d’une énième variation sur le thème obligatoire aux USA, de la déclaration d’amour publique.
- Tarzan et Jane sont situés à 50 mètres, l’un de l’autre. Entre eux il y a des gens tassés comme des sardines. Ils s’aideront d’une sorte de passage de relai entre des gens bienveillants, qui transmettront en la déformant un peu, la parole sacrée. Le rite est accompli.
Il y a une indéniable complicité entre Linda Kozlowski et Paul Hogan. On ne peut les accuser d’en faire trop. Ils vont d’ailleurs se marier pour de vrai en 1990! Ils divorceront en 2014.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Crocodile_Dundee