Dame de Shanghai – Orson Welles Rita, Hayworth – Avis. Résumé. (1947) 6/10

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Il est de bon ton de nos jours de sanctifier l’œuvre d’Orson Welles.

Ces films ont en effet un indéniable côté novateur.

Mais, dans la mesure où ils seraient les matrices d’un nouveau genre, doit-on absolument en taire les défauts ?

Les poussées expérimentales dans des terra incognita, s’accompagnent forcément de tâtonnements exploratoires. Comment ne pourrait-il pas en être ainsi ?

Le problème, c’est le plus souvent Orson Welles lui-même : son omniprésence, son indéniable suffisance, sa voix off on ne peut plus sentencieuse et théâtrale… Il paraît toujours en promotion de son personnage. Et ce d’autant plus qu’il est jeune (à peine 32 ans ici).

Et puis ce scénario d’avocats gangsters qui croient pouvoir se rouler l’un l’autre, n’est pas très intéressant. Les quelques rebondissements reposent sur du sable. La mise en scène de leur supposée intelligence mérite davantage de matière grise à mon goût.

Everett Sloane en fait des tonnes, en mari estropié de Rita Hayworth, façon belle et la bête.

L’immoralisme supposé du trio amoureux est assez limité. Même pour l’époque.

L’exotisme est très fabriqué. Il s’agit de rêveries maritimes à l’ambiance Bounty, d’un Mexique de Mariachi, d’un quartier Chinois d’opérette qui révèle les talents de Rita dans cette langue (C’est quand même la dame de Shanghai) et autres facilités.

Orson a osé couper les cheveux de Rita (29 ans), la belle affaire ! Son rôle est a priori central. Mais pourtant il ne consiste en gros, qu’à minauder sous son brushing marmoréen. Cette « statue » est bien trop statique ici, ce qui ne lui va pas du tout.

Et puis pour l’étincelante Rita, il y a eu le grand film Gilda un an avant.

L’amour quasi instantané de la rousse platinisée, pour Orson, feint ou non, au cinéma comme à la ville, ne mérite pas tant d’attention de la caméra. Lors de la création du film, les deux étaient en train de divorcer. Il y a donc là derrière des a priori cachées, ce qui n’arrange rien.

En fait, dans cet opus, Rita a été tout bonnement déstructurée. Si le réalisateur en a été conscient c’est qu’il a voulu régler ses comptes lors de sa séparation. Il l’a toujours contesté. Sinon c’est simplement un travail bâclé (oui, j’ose le dire). En tout cas, il est loin de lui avoir fait un cadeau.

Après ce méfait il fuira l’Amérique.

Welles est un excellent tricheur, ça on ne peut pas lui ôter. Il fallait cela pour nous imposer son mythe, mais aussi pour embarquer la belle Rita.

En fait d’innovation, il y a surtout un grand plongeon dans le passé. La scène tournée dans un parc d’attraction tourne rapidement au caligarisme. Ce jeu de miroirs dans le palais des glaces, ces effets de fausses perspectives, c’est juste un revival de l’expressionnisme cinématographique allemand des années 20 !

Un film regardable en V.O. et à fuir en V.F.

https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Dame_de_Shanghai

Rita Hayworth
Orson Welles
Everett Sloane

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