Danse avec les loups (Dances with Wolves) (1990) 6/10 (c’est bien payé)

Temps de lecture : 3 minutes

Oui-Oui pactise avec les Indiens… et les loups.

Le Américains n’ont pas tant d’Histoire que nous. Alors leur guerre de sécession, il la bichonne. On a fini par s’habituer à ce folklore. On sait distinguer maintenant les tuniques bleues libératrices et les affreux jojos sudistes et esclavagistes tout en gris.

Kevin Costner joue le personnage principal, celui d’un lonesome officier bleu, aristocrate de coeur, et qui va son chemin bien à lui.

Mais ce n’est pas tout, puisqu’il dirige et coproduit le film (son premier). Si vous n’êtes pas convaincu par cet acteur multicartes, passez votre chemin, car vous allez devoir vous le farcir pendant trois heures !

Le plus grand obstacle à la critique ce sont ces 7 Oscars. Meilleur film – Meilleur réalisateur – Meilleur montage – Meilleure musique du film – Meilleure photographie – Meilleur mixage de son – Meilleur scénario adapté.

Comment voulez-vous passer ce tir de barrage désormais ! J’ai trouvé une combine, je n’ai pas regardé le film jusqu’au bout. Comme cela je peux être méchant et même injustement méchant.

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Costner est sur le point d’être amputé. Bien qu’il nous fasse des grimaces extrêmes, celles qui plaisent tant au show-biz, il n’a pas eu l’Oscar du meilleur acteur.

  • DiCaprio dans The Revenant a servi à l’Academy Awards, exactement l’exagération que ces blasés espéraient. Plus tu sues, plus tu souffres, plus tu es un acteur méritant. On en est là. Le prochain devra se couper un bras pour de vrai.

Notre Lieutenant parvient à se glisser sur un cheval. Malgré sa triste condition physique et il part braver les lignes adverses, à lui tout seul. Il veut en finir, il présente son torse nu. Mais les ennemis sont juste sidérés et presque admiratifs de tant de courage. Les bleus profitent de l’effet de surprise et vont parvenir à enfoncer le front.

Du coup Costner passe pour un héros. Le commandant en chef lui fournit un médecin doué qui va sauver sa jambe. « Dieu m’est témoin, vous la garderez cette jambe ! » – Il faut quand même un dieu guérisseur dans cette combine.

  • Je n’aime pas cela. Un membre inférieur délabré, avant les antibiotiques, c’est la gangrène. C’est une illusion qu’un médecin plus doué qu’un autre parvienne à inverser le cours « naturel » des choses. L’amputation est une mesure prophylactique, un traitement préventif qui sauve.
  • Mais le bon public gobe ces « miracles » là. Cela conforte l’idée que la volonté est toute puissante et qu’elle l’emporte sur la résignation en toutes circonstances. C’est bien une grosse ficelle du genre cow-boy ce truc là.

Costner obtient comme autre récompense le choix de sa nouvelle affectation. Il opte pour le contact avec les Indiens. On sent qu’on va se prendre une grosse dose d’idéalisme.

Arrivé au fort, il tombe sur un commandant givré et malade. Notre héros insiste pour faire de l’héroïsme à la lisière de la réserve.

Et bien entendu tout seul il va déjouer les premières attaques… surtout grâce à une non-violence à faire pâlir un Gandhi.

Et finalement il pactisera franchement avec les natifs. C’est bien connu ces « anges » n’attendent que cela.

Cette idolâtrie du héros seul contre tous on nous l’a refait 1000 fois (10.000?) déjà.

Et que dire de cette surenchère en faveur du bon blanc compréhensif et qui s’accompagne forcément de la réhabilitation des autochtones spoliés. Cela fait un moment déjà qu’on ne peut plus échapper à cette nouvelle lecture.

  • Les vieux westerns avaient vu le coup venir. Il n’était pas rare qu’ils mettent en scène un naïf ne comptant que sur sa bonne parole et qui partait la joie au coeur à la rencontre des bons sauvages. Mais dans ces scénarios réalistes, le gars finissait en petit morceaux. Et tout le monde se marrait d’un air entendu.

Un seul nouveau Messie donne dans cette rédemption là, et tout le peuple américain se sent lavé de son rude colonialisme d’alors. Ils oublient vite que ce n’est que du cinéma.

Le côté communication, presque sur le même plan, du blanc et du rouge, on l’a eu dans Little big man, mais ça c’était un bon film, pas un extrait de ce nouveau catéchisme.

Le loup presque humain et qui n’est pas méchant, en tout cas « sans intention agressive », ça c’est une manifestation de ce rousseauisme débile et anthropomorphique qui s’est emparé du monde « civilisé ».

Le loup n’est pas intrinsèquement carnivore si cela se trouve. Peut être qu’en trouvant les mots il se rendrait compte de son erreur et s’amenderait. Je ne me déclare pas volontaire pour lui faire manger de l’herbe (même non OGM).

Le reste du film, je suppose, n’est que rites d’intégration, acceptation réciproque. Et bien entendu on peut dire les yeux fermés qu’il y aura une belle idylle sentimentale. Le mieux serait qu’elle soit mixte.

J’ai volontairement voulu échapper à ce déterminisme sentimental là. Je suis fier de ne pas avoir été au bout des 3 heures. Le courage c’est aussi ça, éteindre le poste, pour ne pas se laisser berner.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Danse_avec_les_loups


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