Deepwater Horizon (2016) 6/10

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Un film catastrophe de plus.

A signaler cependant la bonne qualité des scènes cataclysmiques et le sérieux dans la présentation de la problématique sous-jacente.

La réalisation montre habillement l’enchaînement des causes, autant primaires que secondaires, qui ont mené à l’explosion de cette plateforme pétrolière. Elle souligne en particulier la vétusté des installations, l’accumulation des défauts, la non conformité des procédures et la pression financière qui a fini par faire céder ; un à un, les nombreux verrous de la sécurité.

  • On retrouve ce schéma, on ne peut plus classique, dans toutes les analyses faites des crashs aériens etc. A posteriori tout semble simple et clair, mais dans la pratique, chemin faisant, chacun ne voit qu’une toute petite partie du problème et peut donc laisser filer.

Les échanges entre les protagonistes sont parlants. On se sent concerné par les choix qui sont faits. Qu’aurions-nous décidé à leur place ? Quand on arrive à suggérer un tel niveau d’incertitude, c’est qu’on a fait du bon boulot. Sur ce point on est bien loin du manichéisme ordinaire.

Et les vedettes sont de qualité :

  • Mark Wahlberg incarne un chef électricien avisé et héroïque. C’est le gentil en chef. Ici, il est dans un couple fusionnel avec la crédible Kate Hudson. C’est l’inévitable composante romantique du film. Chahuter vigoureusement ce couple avec son enfant innocent et vous serez dans les clous du blockbuster.
  • Kurt Russell nous fait le vieux sage, sur lequel repose l’ultime feu vert. Il est efficace mais se laissera quand même embobiné.
  • John Malkovich est très à l’aise en méchant. Ici il figure un homme influent et machiavélique. C’est le relai local du pouvoir de l’argent. Le temps c’est ici immensément de pognon. Lui aussi joue sans doute sa tête. Et la BP doit avancer «coûte que coûte », c’est à dire même en travestissant les signaux alarmants bien réels, en anodine panne des sondes. Il s’assoie sur les protocoles.

Pour le reste, c’est un scénario on ne peut plus conformiste. On assiste d’abord à la sacro-sainte présentations des personnages principaux, en insistant sur les composantes affectives. Période calme obligatoire. Plus dure sera la chute.

Et puis on opère le classique crescendo de situations alarmantes, angoissantes, épouvantables et finalement absurdes et improbables. En permettant à des happy fews de traverser sans trop de dommage autant de périls mortels, dans lesquelles aucune humain ne pourrait résister une seconde, on sert sans doute l’impact cinématographique, mais pas le prétendu réalisme.

On torture donc allégrement quelques anonymes, pour le « plaisir » du spectateur. Jambe coincée dans les décombres, gros impacts, blessures bien voyantes, brûlures bien gore et plein des habituelles joyeuseté sorties du bréviaire du scénariste tortionnaire…

Ce serait basé sur une histoire vraie, nous dit-on. Je veux bien le croire pour les grandes lignes mais pas dans cette dramatisation outrancière. Mais comment faire, quand on se croit obligé de faire du « grand spectacle ».

Les héros, au comportement impeccable, sont forcément sauvés à la fin. La cavalerie arriver avec sa belle musique et le drapeau américain. Les méchants auront la honte. Bilan 18 morts.

C’est marrant de voir que de nombreux critiques se sont ennuyés dans la première partie explicative. Celle que je trouve pourtant la plus intéressante. Et ils se sont délectés pour les exploits pyrotechniques, qui pour ma part me semble servir la phase la plus facile et somme toute la plus artificielle.

Ces sont vraiment de grands enfants !

Il me font bien rire ceux qui voient là les méfaits du capitalisme. Ils oublient de dire qu’il s’agit du capitalisme dévoyé. Le capitalisme bien ordonné, au contraire a forgé, avec les partenaires sociaux, toute une série de protections au fil du temps et en tenant compte des leçons de l’expérience. Alors que le communisme soviétique, par exemple, s’est très volontiers passé de toutes ces barrières contraignantes en raison de l’urgence de la « cause »

Le film est à peine rentré dans ses fonds. En 2016 on en a déjà singulièrement marre de ce genre convenu.

$110,000,000

https://fr.wikipedia.org/wiki/Deepwater_(film,_2016)

Mark Wahlberg
Kurt Russell
John Malkovich
Kate Hudson
Gina Rodriguez
Dylan O’Brien

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