Une tentative de revival de thriller convenu, façon « type flic seul contre tous et qui trouve la solution », là où tout le monde s’est cassé les dents. Oui c’est clairement du Déjà vu.
Denzel Washington qui incarne ce limier taiseux et déterminé, va devoir également lutter contre cette nouvelle technocratie. Celle qui repose sur des ordinateurs ultimes, de vastes écrans d’ordinateurs et des théories échevelées. A cela il oppose son petit cogito terrien, qui correspond à celui du spectateur moyen.
- Chez les Américains beaucoup de choses se résolvent en tapant sur la table ou en donnant un coup de pied à l’unité centrale. Curieux dans la patrie emblématique de l’intelligence artificielle !
Il faut chercher les coupables d’un énorme attentat terroriste. Un ferry qui a explosé et dont les restes sont à 30 mètres de fond.
Impossible de résoudre cela rapidement par les moyens conventionnels. Il y a pourtant des outils nouveaux. Val Kilmer qui incarne un gros ponte du FBI (il a vraiment grossi), montre à l’enquêteur une monumentale machinerie informatique. Il lui présente la chose comme un système capable d’exploiter une conjonction gigantesque de données accumulées par les satellites et par tous les systèmes informationnels existants. A partir de là, on peut revisionner le monde d’avant jusqu’à un niveau incroyable dans le temps.
Déjà là ça pèche dangereusement. Comment peut on voir dans le passé en HD, la plus petite écriture possible, dans les chaumières les plus fermées qui soient ? Et pourquoi tous ces angles de vue ? Comment se fait-il aussi qu’on ne puisse jamais revisionner les mêmes scènes. Si les données existent, il n’y a aucun obstacle à ce qu’elles soient exploitées à nouveau. L’explication fournie est une sorte d’embrouillamini nébulo-technique qui n’est absolument pas convaincante. Et pour cause, ce n’est pas la bonne.
En « réalité », cette explosion technique « Snow-White » permet de revenir en arrière.
Le pliage de la feuille est supposé démontrer au profane qu’on peut avoir en même temps, deux zones qui sont distinctes dans le temps. Ce format A4 est devenu un classique hollywoodien. Il n’explique rien en soi, mais a l’air d’avoir du bon sens. Et cette intuition, qui n’est que tri-dimensionnelle et donc incomplète, suffirait presque à l’inspecteur bourru. Il veut juste qu’on lui dise si la personne vue à deux époques différentes est bien « vivante » (comprenez « interactive ») quand elle est ramenée du passé. Le reste basta. Et comme notre Saint Thomas est aussi incrédule que nous, il va enfoncer un stylo bic dans le passé, pour juger par lui-même de ce qui se passe. Voilà, cela devient du « vu à la télé », donc c’est vrai.
Reste qu’en se creusant un minimum la cervelle, on se rend compte de la stupidité supplémentaire de « voir » le passé à travers des objectifs de caméra et sous des angles choisis. Cela reste de ce fait du « cinéma ».
Dans les limites de l’impossibilité même du voyage dans le temps, l’intrigue reste assez bien amenée. Le puzzle initial, finit par se résoudre avec cette composante temporelle. Le timing est plus clair avec ces allers-retours. Et bien entendu on se rend compte rapidement que le « mal » n’est pas trop éloigné de ceux qui le traquent.
A partir de là il est inutile de regarder la fin du film. C’est ma contribution à l’exploration de la courbure espace-temps. Dès le premier tiers, je pense avoir compris. Je pense que l’un ou l’autre va voyager dans cette dimension et qu’il sera en mesure d’annuler l’attentat meurtrier initial. On retombe donc dans un scénario de machine à remonter le temps très banal avec son cortège d’impossibilités, que l’on va dissimuler dans l’action extrême. Plus tard, je suis passé sur https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9j%C3%A0_vu_(film,_2006) où se trouve un résumé complet. Bingo, c’est bien cela !
Dans ce genre finalement très habituel, on n’échappe pas à l’arsenal sentimental. Avec d’abord le véhicule mal garé du cher collègue, mais qui en fait vient d’être repêché et qui fait que le héros va apprendre que le camarade est mort dans l’attentat. Belle charge émotionnelle qui est faite pour entretenir l’inévitable climat de vengeance de ces thrillers. A quoi il faut rajouter ces enfants heureux et joueurs avant l’explosion et qui ont été lâchement assassinés. Et cette poupée symbolique qui tombe à la mer. Mais il y a aussi la bluette spatio-temporelle qui lie la morte « provisoire » jouée par la craquante Paula Patton et l’enquêteur. Et bien entendu le final larmoyant.
https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9j%C3%A0_vu_(film,_2006)
Denzel Washington
Paula Patton
Val Kilmer
Jim Caviezel
Adam Goldberg