Des femmes au service du Reich. Féminisme tortionnaire. BDM, camps de la mort. Christiane Ratiney. 8/10

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La mode facile, dans les documentaires actuels, est d’en tirer le plus possible des conclusions féministes avant l’heure. Ce qui fait qu’on tend à tordre le cou à l’histoire.

Ici ce morceau de bravoure qui oppose le féminisme déséquilibré (Woke) et/ou de pleine responsabilité, est en fait tout le contraire.


Le nazisme était ouvertement anti-féministe. Le « sexe faible » a été chassé des emplois, parce que la doctrine voulait qu’elles se consacrent aux valeurs du parti et à leur mission réconfortante et fécondatrice.

Les plus décidées à adhérer à la doctrine brune et putride rejoignaient le Bund Deutscher Mädel (BDM)

Ce choix a été contesté par certaines militantes, qui voulaient en faire plus que les hommes, afin de prouver leur mérite. Elles ont profité des rares postes clefs qu’on leur attribuait. Ces fonctions n’étaient pas les plus glorieuses, mais leur donnait un pouvoir absolu.

On peut citer des colons femmes chargées de faire régner leur loi dans les territoires occupés de l’est, des gardiennes de camp, des secrétaires de la solution finale, de simples femmes de tortionnaires, qui se conduisaient comme d’étranges châtelaines etc.

Ce documentaires donnent des exemples concrets d’affreuses dérives ordinaires, pour ces femmes choisies sur la base qu’elles étaient justement parfaitement « ordinaires ». Elles se sont adonnées fréquemment à des tirs au fusil du balcon civil sur les prisonniers et autre. Que dire de la froide tuerie de 6 enfants qui s’étaient échappés, par l’une de ces épouses… ces cas ne sont pas répertoriés du fait qu’il ne concernent que de discrètes criminelles civiles. Des morts non enquêtées vue qu’elles venaient du dehors, dans un espace protégé.

L’enfer fut aussi le résultat d’un esprit administratif conquérant (concept de Reinhard Heydrich), plus bête et méchant que volontairement cruel. Ces tris entre la vie et la mort, faits à la va-vite. C’est la banalité du mal, dont j’ai si souvent parlé ici.

Bien sûr il y a eu des monstres, comme la fière infirmière Hildegard_Lachert (Krwawa Brygida), mais leur surenchère de violence gratuite et meurtrière était bien dans la lignée du principe évoqué : elles voulaient faire « mieux » que les tortionnaires hommes pour conforter leur place au même niveau qu’eux. Cette sadique a « bossé » avec zèle au camp de Majdanek, Ravensbrück, Auschwitz-Birkenau etc

Une femme médecin, Herta_Oberheuser, qui n’avait pas en elle la violence maladive de Brygida, était flattée d’avoir un poste de médecin en « chirurgie ». En l’espèce, les sinistres expériences « médicales » au camp de Ravensbrück. Elle y voyait une voie professionnelle libératrice, elle qui était empêchée d’exercer dans le civil, du fait des interdits sexistes nazis. Libérée en 1952, après un court séjour en prison, elle a exercé son métier paisiblement. Décédée paisiblement en 1978.

A la fin de la guerre, dans ces tribunaux engorgés et en l’absence de rapports écrits, il fut difficile de condamner ces personnes.

Grâce à des lettres laissées ou des journaux intimes, des descendants ont eu le courage de révéler les exactions de leur mère. C’est récent. Leurs interventions sont déchirantes.

Ce matériel trouvé tardivement n’a pas suffit à obtenir des peines en rapport avec leurs actes impardonnables.

En effet, un curieux féminisme les a sauver. Les tribunaux alliés, ou allemands d’après le conflit, ont en quelque sorte utilisé leur présumée faiblesse intrinsèque de femme, pour atténuer leur responsabilité.

Ce fut conscient quand les juges étaient d’anciens nazis ; et il y en avait plein tant le système était noyauté.

Mais c’était inconscient dans les cas où l’option « faible femme influençable » prévalait et conduisait à une certaine impunité.

Même le titre «Des femmes au service du Reich » semble diminuer le problème. Pour l’autre sexe on aurait formulé ainsi « Les hommes au service du Reich ».

Les cas cités sont terribles. Et l’égalité homme/femme est consacrée avec ce mot de la fin : ’« un génocide est le crime d’une société tout entière »

La réalisatrice Christiane Ratiney a fait un excellent boulot.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Hildegard_Lachert – Krwawa Brygida

https://fr.wikipedia.org/wiki/Exp%C3%A9rimentation_m%C3%A9dicale_nazie

https://fr.wikipedia.org/wiki/Herta_Oberheuser

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