Diamants sur canapé (Breakfast at Tiffany’s) (1961) 7/10

Temps de lecture : 3 minutes

Blake Edwards est le réalisateur bien connu de La Panthère rose et de La Party. Un cycle et un film d’une indéniable qualité.

Ce gars né dans l’Oklahoma, fait du cinéma comique, léger et efficace. Ses moqueries ne sont jamais méchantes. Au contraire, souvent, elles montrent une certaine distanciation aérienne, qui ne manque pas de souffle. Ces envolées, qui n’appartiennent qu’à lui, sont sans sans doute le secret de son succès.

Le cadre est new-yorkais et tourne autour de cette nouvelle élite « intellectuelle » décomplexée, qu’on pourrait dire de gauche, si cela signifiait vraiment quelque chose outre-atlantique.

Le cinéaste épingle ici un cercle voisin de celui de Woody Allen.

  • Mais Allen ira plus loin. Cet authentique gag-man finira par être un peintre très habile de ce milieu là. Le fréquentant assidûment, il parvient mieux à le démasquer intelligemment et just for fun. Visiblement ce gars né dans le Bronx et élevé à Brooklyn sait de quoi il retourne, mais il lui faudra du temps (les années 70).

Dans Diamants sur canapé on retrouve cette ambiance « comique » très particulière.

Objectivement la situation de ces deux êtres qui habitent l’un au dessus de l’autre, n’est pas très gaie. C’est la dèche et il en sont réduits à essayer de monnayer leurs charmes. L’une avec de vieux messieurs serviables mais intéressés et l’autre avec une protectrice bien plus âgée que lui. Audrey, qui vient de sa campagne, est plutôt dans la savante esquive. Lui, un écrivain en panne, semble avoir cédé ; en tout cas provisoirement.

C’est une position d’attente, car ils se sentent investis d’autre chose et sont clairement de belles personnes, au dessus de tout cela. Lui garde ses ambitions de carrière littéraire. Elle vise une vie où tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme… Pour la volupté, comme elle s’adresse à des vieux messieurs, elle peut faire des concessions. Elle a eu un parcours pas facile et aspire vraiment à ce repos intégral.

Mais au fond d’elle-même, c’est le film et le spectateur qui veulent cela, c’est le dernier terme (volupté) qui l’inspire le plus ; le reste n’étant que conjuration de la désagréable conjoncture présente.

Et finalement le spectateur suit, admet la contingence et envisage pour eux un meilleur sort.

Et grâce à d’habiles détournements scénaristiques et une caméra légère, Edwards transmute ces difficultés en une agréable et drôle romance.

Sans doute inspiré de ce qui se fait dans le cinéma italien, il nous fait le coup de la grande fête alcoolisée, décalée, prétentieuse tout en voulant feindre le contraire, échevelée et grotesque. Cela se déroule chez un particulier, avec un gratin de personnalités qui se croient libérées. Il récidivera magistralement sur ce thème dans La Party.

Dans le néoréalisme transalpin, qui semble l’avoir inspiré, il y a une ligne politique sous-jacente. Pour eux les bourgeois dansent sur le volcan. Ce n’est pas vraiment si clairement affirmé chez l’Américain. Cela tient plus de l’observateur un tantinet bouddhiste et donc détaché des péripéties de ce monde. La vie est comme cela.

Une journée particulière amènera nos deux protagonistes à tenter, chacun à leur tour, des choses qu’ils n’ont jamais faites. Pari réussi. A noter ainsi une belle scène chez le joaillier Tiffany.

Des « gentils » comme George Peppard, le cinéma US nous en a fabriqué plusieurs. Ils sont interchangeables.

Ce n’est pas le cas de Audrey Hepburn, dont la personnalité occupe tout le film. Ce tout petit bout de femme est un miracle sur talon aiguille. Il n’y en a vraiment qu’une comme elle. Cette précieuse et fragile Tanagra est une authentique déesse de l’écran. Elle est à la fois séduisante, pétillante, relativement discrète et infiniment classieuse. C’est elle le bijou incroyablement précieux, à la fois très estimable et inestimable.

Elle nous enivre au point qu’elle semble à la portée de chacun d’entre nous. Edwards en joue, puisqu’au delà des promesses qu’elle fait à pratiquement tous les hommes du film, c’est à nous les quidams qu’elle s’adresse. Et nous aussi on a envie de la protéger et de la dorloter.

Cette fille, qui ici a été mariée à un vieux à l’âge de 14 ans, cherche assez maladroitement sa revanche sociale dans un nouveau mariage friqué. Peu importe le flacon, pourvu qu’il soit plein aux as !

A part que, comme de bien entendu, au fond, c’est le bel idéaliste désargenté Peppard qu’elle convoite. C’est bien la liqueur spectrale qui importe, celle qui se trouve là bas au bout de l’arc en ciel, pas le banal récipient.

  • We’re after the same
  • Rainbow’s end,
  • Waiting round the bend…

Bien qu’elle chante très bien cela, elle n’en a pas encore pleine conscience. On est donc dans le romantisme filmique très convenu du couple prédestiné mais qui ne peut se réaliser qu’après un tas d’épreuves.

Mickey Rooney est franchement grotesque dans ce rôle caricatural de Mitsuhirato râleur. Au point qu’il a gravement heurté la communauté japonaise.

Ce film, très humain, est plein de petites idées scénaristiques réussies et donc on ne s’ennuie pas.

Tout se termine par une chanson :

  • Oscar de la meilleure chanson originale avec Moon River.
  • Oscar de la meilleure musique originale pour Henry Mancini (responsable aussi du thème de la « panthère rose »)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Diamants_sur_canap%C3%A9

Audrey Hepburn
George Peppard
Patricia Neal
Martin Balsam
Buddy Ebsen

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