Un film actuel qui bouge pas mal mais qui montre de curieuses intentions.
A priori il s’agit des tentatives d’émancipation d’un « negro » (*) doué pour les études. Ce gaillard sympathique est bien interprété par Shameik Moore. Il ne vise rien de moins que Harvard. On serait donc parti pour un film vertueux.
Lui, comme tous ses congénères, passe son temps à essayer de déjouer les traquenards de son quartier mal famé. Un parcours du combattant… désarmé. Certaines zones sont impraticables. L’école est infiltré par des gens peu recommandables. Rien ne va vraiment dans ce ghetto.
Il y a des petits et des grands voleurs, des trafiquants qui ont pignon sur rue…
Tout ce petit monde veut s’assurer du contrôle total de ce qui se trouve dans leur « juridiction ». Ils pratiquent un mélange de terreur et de féodalité. Les jeunes sont menacés, rackettés et/ou enrôlés pour de petits services dans les gangs.
Notre héro a deux copains, geeks comme lui. Une jeune homo et un Indien (versus le Gange, pas le tipi).
Ils vont se retrouver embringués dans une drôle d’histoire.
Ils sont conviés en boite par un chef de guerre. Ce n’est pas de l’altruisme. Le mauvais garçon espère juste que le héros va rabattre vers lui une jolie fille qui est dans sa ligne de mire. Une très belle plante et pas idiote du tout. Zoë Kravitz – la fille de Lenny Kravitz- avec son parfait sourire en coin est simplement délicieuse.
Ce défouloir à musique est aussi le lieu d’échange de gros volumes de poudre blanche illicite.
Une importante transaction se passe mal. C’est la fusillade générale. Le chef n’a d’issue que de planquer la drogue dans le sac à dos de notre insoupçonnable « negro ». On parle de plusieurs kilos là.
Lorsque notre jeune trio se sort de là et découvre la bombe qu’ils convoient, ils sont tétanisés. Ils seront vite poursuivis par deux clans rivaux qui veulent récupérer la marchandise. C’est un peu trop pour eux. Mais « heureusement » les principaux gangsters, totalement déchaînés, vont accumuler les gaffes et se retrouver en prison.
Un personnage clef du monde du travail doit donner un avis sur le postulant à Harvard, lors d’un entretien organisé par l’école. Mais ce patron d’apparence respectable, se trouve être aussi le gros bonnet intouchable. Il connaît toute l’affaire et veut récupérer son bien. L’épreuve qu’il impose au candidat sera de réaliser la vente !
Et c’est là que le film « vertueux » prend un drôle de tournant.
Nos compères organisent le deal de la dope sur le darknet, jouant sur l’anonymat et les bitcoins. Ils finissent par réaliser de solides bénéfices. A ce moment le scénario semble donner les recettes pour réussir sur ce marché. Cela peut mettre mal à l’aise.
Ils remettront ces sommes au super caïd. Et grâce au piston, Harvard ouvrira grand ses portes au « negro ». Il empochera au passage la belle Zoë. L’ascenseur social est truqué.
On ne peut pas vraiment dire que ce film est moral.
Tout à l’air gentillet dit comme cela. On aurait à faire à de méritants petits entrepreneurs. Alors que cette drogue revendue va faire des ravages, bousiller un tas d’individus.
- A décharge, on voit juste la très jolie fille du boss, Chanel Iman, partir en vrille suite à un excès de consommation. Elle fait pipi sur le trottoir, à moitié dénudée. Voilà pour la mise en garde ! Insuffisant !
Pas que je sois bégueule, mais franchement pour un film de jeunes, il faudrait être un peu plus prudent et faire moins de révérences à la prétendue cool attitude de ces bas fonds. D’autant plus que c’est surfait, ce paraître clinquant des petits mafieux des « territoires perdus ».
Et je ne suis pas un mordu de cette idéologie démagogique qui voudrait qu’on ne réussisse qu’en se détournant du droit chemin, et qu’en haut il n’y aurait que des « tous-pourris ».
Le film est constellé de références musicales. Ces jeunes fans de hip-hop d’avant les années 2000, en décalage avec les années Obama, énumèrent les titres et les noms de groupes. La bande sonore suit. A noter que la musique originale est d’un certain Pharrell Williams ! Et Forest Whitaker est le narrateur dans la version US.
Ces deux vedettes ont également mis des sous dans la production. Eux, ils ont percé grâce à leur boulot acharné, ce qui rend encore plus bizarre cet éloge des chemins de travers.
Même si le film est somme toute assez agaçant quant à ses partis pris et ses simplifications, il reste la bonne tenue des acteurs et le plaisir des yeux. Avec en particulier ces deux ravissantes métisses que sont Zoë Kravitz et Chanel Iman.
La recette du mélange magique ?
- Zoë Kravitz : origines juives ukrainiennes, afro-américaines, haïtiennes et bahamiennes.
- Chanel Iman : origines afro-américaines et coréennes.
(*) « negro » : c’est comme cela qu’ils s’interpellent les uns et les autres sans arrêt dans le film.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Dope_(film,_2015)