Drive. Film. Analyse (2011) 8.5/10 Winding Refn, Ryan Gosling, Carey Mulligan

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Une intro de choc nous montre la virtuosité de ce réalisateur. Il met en scène un casse silencieux où le héros incarné par Ryan Gosling, en est l’habile conducteur.

Une poursuite intelligente et en finesse. Oui, c’est possible !

Tout au long du film, ce James Dean contemporain est ballotté par des évènements dramatiques.

Il reste pourtant dans une concentration intense et une interprétation mezzo voce. La force toute en retenue ! Et il en a sous le capot ! Vraiment du grand Art.

Le jeu entre les différents personnages est parfaitement ajusté grâce à une photographie admirable – de vrais tableaux – mais aussi un montage de grande précision et une musique prenante.

Les échanges foudroyants mais quasi silencieux, entre nos deux timides, Monsieur Ryan et Mademoiselle Carey Mulligan, peuvent faire école.

Mais les acteurs sont tous très bons et leurs interactions sont également de haut niveau. La vérité du sujet fait qu’il n’y a pas de destins secondaires ici. On peut s’identifier à chaque être qui risque sa peau. Il n’y a pas de mort ordinaire.


Le film est salutairement aéré par des plans extérieurs larges, voire des vues aériennes qui montrent l’ensemble de la ruche citadine.

L’action se complique au fur et à mesure, mais elle reste assez bien lisible. Il y a beaucoup de matière grise dans la réalisation.

On atteint graduellement les dimensions d’une tragédie antique. Tant par la forme que par le fond.

Il faut dire que les contre-plongées sont vertigineuses. Une vraie statuaire grecque avec des personnages qui en deviennent quasi mythologiques. Plus impressionnants les uns que les autres !

Les éclairages contrastés et changeants apportent également beaucoup.

Le sang, le gore, la vengeance, avec toutes les nuances de l’angoisse, finissent par envahir l’écran. Comme il se doit dans le genre.

Mais ici, je n’ai pas peur de le dire, cela relève de l’Esthétique. Francis Bacon n’est pas loin.

L’exposition des chairs, les ruisseaux de sang, les coupures, tout a un sens. Les uns et les autres font le pire comme contraints et forcés. Cela devait être fait.

Et quand un des protagonistes entaille avec du « métier » une artère vitale du bras d’une victime, il a pour lui des mots apaisants. Cet amical « tu n’auras pas mal » est presque un réconfort, pour eux comme pour nous les spectateurs. Il fallait oser !

Un film bourré d’idées, que j’ai vu deux fois sans jamais me lasser.

Le Bien, le Mal et la Rédemption à portée de piston.

Drive est un film de demi-durs et de vrais gangsters, qui semble touché par la grâce.

Comme si la poésie lyrique de Terence Malik était passée par là.

Grâce à un magnifique travail sur le non-dit et l’ellipse, les caractères nous sont révélés par petites touches délicates. De simples regards, les allers retours en champ-contrechamp, les poses, dessinent avec subtilité les personnages. Et quand cela risque d’aller trop fort, on va jusqu’à freiner la caméra, par un ralenti savant.

Dans ce sujet fort et violent, pas la peine d’en rajouter. La caméra caresse les acteurs. La maîtrise est parfaite.

Bravo au Danois Nicolas Winding Refn !

Quant à l’esprit qui règne au festival de la bêtise, lisez ceci de Wikipédia :

 À la fin de la projection officielle à Cannes, le film a été sifflé par une partie des spectateurs. Quand on a appris à Nicolas Winding Refn que le film avait été sifflé, il n’a pas été surpris et a répondu que « L’art est fait pour diviser, car si l’art ne divise pas, il ne pénètre pas, et s’il ne pénètre pas, vous ne faites que le consommer »

– Comment une partie significative d’un public averti a pu passer à côté d’une véritable œuvre cinématographique ?

Heureusement il a eu le prix de la mise en scène, l’honneur cannois est sauf.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Drive_(film,_2011)

Ryan Gosling
Carey Mulligan
Bryan Cranston
Ron Perlman
Albert Brooks
Oscar Isaac
Christina Hendricks

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