En attendant les hirondelles (2017) 7/10

Temps de lecture : 2 minutes

Attention, présence de plusieurs virages dangereux dans ce film ! Au tiers du parcours, subitement l’histoire oblique vers quelque chose qui n’a pas grand-chose avec la première partie, une première fois puis une deuxième fois. Curieux, ce concept de trois scénarios distincts, mais collés bout à bout.

Comme on n’est pas prévenu, cela donne des ruptures assez désagréables. On s’attend en permanence à trouver le lien. Cet effort inutile gâche un peu l’attention. Peut-être aurait-il fallu carrément signaler les changements, comme dans les films à sketches italiens.

On s’habitue quand même. Ce n’est pas si dérangeant que cela, dans la mesure où le plus intéressant tient dans les portraits de ces caractères, confrontés aux pénibles situations de l’Algérie d’aujourd’hui. Et Tariq Teguia est indiscutablement un bon peintre de la tristesse, de la frustration et de la résignation.

– D’abord, il s’agit d’un vieux couple bourgeois sur le déclin affectif. Malgré tous les efforts familiaux, leur fils semble vouloir abandonner ses études de médecine, au beau milieu.

Le mari va être contraint à une remise en cause pour ne pas avoir eu le courage de dénoncer une bastonnade cruelle dont il a été témoin. Comme quoi, même chez les privilégiés ce n’est pas gai de vivre à Alger en ce moment.

– Une jolie future mariée a du mal à accepter son sort. Tout est prévu, tout est codifié… et justement. Pourquoi se conformer à ce qu’on attend elle ? Et que veut-elle vraiment ? Ce n’est pas à proprement parlé une affaire de mariage arrangé, mais plutôt une sorte de parallèle avec le système étroit et sans réelle liberté, de l’Algérie contemporaine. Elle couchera avec un ex, avant de rejoindre la cérémonie, l’histoire de se prouver qu’elle peut toujours échapper au destin programmé.

– Un docteur est pris dans un curieux chantage. Là, c’est la collision du passé de la terreur avec le morne présent. Chaque acte ou chaque détournement des yeux jadis, a eu des conséquences. Mais qui est vraiment responsable ?

Au total, le réalisateur tente de faire voler quelques hirondelles, malgré l’épais grillage qui les entourent.

Sans que ces trois épisodes aient forcément une connotation lourdement politique. On a l’impression que le réalisateur a su prendre des risques au travers de ces métaphores véristes.

C’est le même élan, très discrètement moqueur, que l’on trouvait dans les films tchécoslovaques d’avant, comme dans L’As de pique de Miloš Forman de 1964. Un film que la censure avait du mal à circonvenir tant la critique implicite était indirecte et dissimulée sous un rideau d’ennui.

Et c’est bien cela, les systèmes politiques contraignants et infantilisants, de tous bords, mènent au mieux à l’ennui.

https://fr.wikipedia.org/wiki/En_attendant_les_hirondelles

Envoi
User Review
0 (0 votes)

Laisser un commentaire