Fièvre sur Anatahan (1953) 6/10

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Le très expérimenté réalisateur Josef von Sternberg, qui a commis le remarquable Ange bleu de 1930, nous a fabriqué en 1953, un ovni du cinéma. C’est sa dernière œuvre.


C’est l’histoire d’une bande de soldats japonais en guerre, qui vont passer plusieurs années sur une île perdue du Pacifique. Ils sont convaincus que le conflit perdure et que c’est leur honneur de continuer à défendre leur pays. Et ceux malgré des messages des alliés et de leur gouvernement. Ils pensent que c’est une ruse. Ça c’est une histoire vraie connue.

De plus sur ce bout de terre, il y a déjà un couple qui y survit. Et la belle Keiko deviendra vite l’objet de toutes les convoitises. Ce qu’il y a d’étonnant, c’est que ces hommes se retiennent et maintiennent un semblant de civilisation pendant un très très long moment.

Du coup, quelque chose ne parait pas coller dans le timing. Et puis entre le côté puéril et obéissant des soldats et leur frénésie finale, cela semble un peu discordant. En tout cas dans la façon de le montrer, car sur le principe c’est possible. Parfois le long métrage semble sortir du documentaire pour aller vers le conte.

La passation de pouvoir entre tel ou tel est aussi expéditive. Plusieurs « rois » en quelques heures.

Ce qu’il y a d’étonnant et sans doute nouveau, c’est que la violence n’est pas volontairement méchante. Ce serait un simple jeu de rôle dans une ruche. La nature, quoi ! D’ailleurs on ne parle pas de condamner les survivants coupables.

La jeune femme qui est la cause indirecte de pas mal de meurtres, sera celle qui les sauvera. Cette beauté, que l’on voit souvent totalement nue, est indiscutablement une coquine qui joue sur plusieurs tableaux. Pas si innocente que cela. Le trait est gros.

Et puis sur la forme, il y a cette pénible voix off qui nous dit quoi penser. C’est Sternberg au micro. On dirait de l’Orson Welles en encore plus mauvais. Le texte se donne les apparences d’un reportage, allant jusqu’à nous dire ce que l’on sait et ce qu’on peut deviner.

Ce film qui voyait large et qui est presque totalement en japonais, n’a pas plu du tout à l’Empire du levant. Ils n’ont pas apprécié « l’exotisme » et « l’amateurisme » semble-t-il. Il est vrai que l’héroïne à un côté geisha plus ou moins apprivoisé, tel qu’apprécié dans la mentalité occidentale. Elle correspond pas mal à un cliché colonialo-suzie-wongoïde.

Je peux comprendre qu’avec quelques contorsions, des spécialistes du cinéma puissent trouver des raisons d’aimer ce film. Mais cela reste pour moi un jugement un peu trop construit.

https://cafedesimages.fr/fievre-sur-anatahan-et-le-japon-44/

https://fr.wikipedia.org/wiki/Fi%C3%A8vre_sur_Anatahan

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