Un thriller indigent et qui tente de nous submerger par un excès de pathos et de bons sentiments.
« Déja-vu » comme disent les anglo-saxons, qui veulent se la jouer « maîtrise des belles langues étrangères ».
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C’est une énième histoire de truand agité par de beaux états d’âme. Le scénario est hautement prévisible.
Notre petit bulldog veut venir au secours d’une belle pute au grand cœur, l’éponyme Mona Lisa. Qu’on l’appelle call-girl de luxe ou gourgandine de haut étage, la fonction reste la même. Le bonheur tarifé comporte cependant quelques frivolités de type bondage sado-maso.
La répugnance suscitée est confortée par le fait que les candidats à l’épectase sont bien entendu des vraiment vieux.
- Cathy Tyson est indiscutablement une belle femme, doublée d’un puissant caractère. Ce métissage d’une mère anglaise et d’un père en provenance de Trinité-et-Tobago a donné de bons résultats. Dommage que cette fille classieuse et moderne ait été trappée dans ce mélo abominable.
Et incidemment, ce repris de justice, qui a lui-même une fille scolarisée, veut secourir les archi-mineures prises au piège de la prostitution. Ce fantasme du quidam qui cherche à sauver une catin est assez courant. Surtout si l’opération se déroule à son profit.
Autant de choses qui devraient nous écœurer, si la grotesque suraccumulation d’horreurs ne prêtait pas tant à rire.
Les concepteurs ont du se dire qu’il fallait en rajouter quelques couches, tant ce scénario qui se cherche n’était pas devenu à ce point navrant. L’argument se voudrait dénonciateur alors qu’il n’est que sommairement voyeuriste.
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On a déjà vu un tel redresseur de tort dans Taxi Driver (1976), avec ce Robert De Niro peine à sauver la petiote Jodie Foster douze ans des griffes du proxénète Harvey Keitel.
Bob Hoskins est un habitué des seconds rôles. Notre Nikita Khrouchtchev est propulsé en haut de l’affiche où il démontre le principe de Peter. En clair, dans cette hiérarchie d’acteurs, chacun a tendance à s’élever à son niveau d’incompétence. Bref, le costume est trop grand pour lui.
Michael Caine fait du Michael Caine tout craché. On se doute dès sa première apparition que cet élégant gentleman est situé tout au dessus de la pyramide criminelle. Il sert juste de caution au film. Une prestation dont on se doute qu’elle est uniquement « alimentaire ».
Autre « alibi », cette chanson Mona Lisa par Nat King Cole. On se doute bien que ce grand artiste n’a pas créé ce tube pour le film. L’obsédante œuvre initiale date de 1950. Oscar de la meilleure chanson originale en 1951. Confer l’inspiratrice Mona Lisa de Léonard de Vinci. Un tableau dont le Sfumato androgyne est à mon avis surestimé.
Le réalisateur peu doué Neil Jordan a du être influencé par le style Cassavetes. Mais Hoskins n’est pas Ben Gazzara et le pesant long métrage Mona Lisa est très loin du brillant Meurtre d’un bookmaker chinois, sorti dix ans plus tôt (1976).
https://fr.wikipedia.org/wiki/Mona_Lisa_(film,_1986)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Principe_de_Peter