Foxcatcher. John du Pont, Psychiatrie. Frères Schultz. Channing Tatum, Ruffalo, Carell. 6.5/10

Temps de lecture : 4 minutes

On doit Foxcatcher de 2014 au réalisateur Bennett Miller. Il a choisi de mettre le brillant Channing Tatum au centre de ce biopic/scénario.

  • Ce comédien est époustouflant dans Magic Mike de 2012.

Notre sportif musclé, à la violence contenue, incarne ici le tourmenté Mark Schultz. C’est un champion olympique de lutte libre en 1984 (médaille d’or) puis un champion du monde dans la même discipline en 1987 (médaille d’or). Mais sa carrière a été compromise quand il s’est fait aspiré par du Pont, un mécène toxique.

Son frère Dave Schultz a été champion olympique également en 1984 (médaille d’or), dans le même art. Pour l’interpréter, le très doué Mark Ruffalo se montre plus pesé, plus rangé et se consacre en grande partie à l’entraînement très professionnel de son frangin.

John Eleuthère du Pont est l’héritier de cette immensément puissante dynastie de l’industrie chimique US, les du Pont de Nemours. Les inventeurs entre autre, du Nylon, du Lycra etc.

A titre personnel, il touche à de nombreux domaines et se croit investi d’une mission patriotique.

Grâce à son argent et à sa détermination, il cherche à subordonner les frères Schultz, dans son centre d’entraînement privé. Il voit là une possibilité d’étendard publicitaire en faveur des grandes valeurs américaines. Il est franchement bizarre. Mark Schultz qui partage une grande partie de sa vision, croit voir en lui un père.

Steve Carell s’en sort à peu près bien dans ce rôle de John du Pont avec un T. Mais on aurait pu y voir quelqu’un d’autre, de plus parlant, de plus fou. Kevin Spacey, qui n’était pas encore grillé en 2014 ?

L’équipe a visiblement voulu privilégier une ressemblance physique, le mimétisme. Et une fois le nez changé, c’est en effet frappant. Mais il se cantonne à singer ce qui semble la rigidité pathologique du personnage, par une rigidité physique et des propos limités. Tout semble se passer à travers son curieux regard et sa tête figée et son port aquilin. Il se croit un grand coach et s’affuble de noms bizarres.

Du coup, ce n’est pas vraiment à travers cet acteur qu’on peut tenter d’expliquer les ressorts psychologiques et psychiatriques de son passage à l’acte.

Dans le film, les pistes données se résument en fait à :

  • Une enfance où son unique copain aurait été payé par sa mère pour tenir ce rôle.
  • Une nette solitude de reclus dans sa « Foxcatcher Farm ».
  • Des idées très arrêtées frisant le caractère paranoïaque et pas forcément la psychose paranoïaque.
  • Des collectionnites qui en soi ne sont pas des signes si inquiétants que cela, mais plutôt du dilettantisme de personnes oisives.
  • Une mère castratrice et qui le considère toujours comme un enfant incapable.
  • … et un ultime délire fugace d’interprétation, sans qu’on en voit les prémisses tout au long du film. Il va la rencontre de Dave Schultz qui est dans son jardin, il lui jette un mauvais regard avec à la clef un « tu as quelque chose contre moi ? » et il le tue de coups de pistolets, comme cela, par la fenêtre de sa limousine. En fait il n’aurait dit que « Salut Coach ». A tel point, qu’avec si peu d’explications raisonnables et son immense fortune, de bons avocats auraient pu l’en sortir, en invoquant une folie passagère.

On reste sur sa faim, comme dans tant d’autres films qui n’ont aucune idée de la pathologie, et qui se contentent de nous faire le coup frelaté des blessures de l’enfance.

Pourtant, il y aurait plus à dire.

  • Comme sa tentative de mariage avec un épisode psychotique vraiment paranoïaque cette fois, avec délire d’interprétation et passages à l’acte violents.
  • Il flingue aussi des cibles variées et c’est franchement plus que dérangeant.
    Il verrait des fantômes qu’il tente de filmer par sa vidéo de surveillance.
  • La part de drogues est assez minimisée dans le film. Pourtant cela n’arrange rien avec des faiblesses comme les siennes.
  • On parle aussi d’avances sexuelles envers des coaches qu’il a employé. Et là c’est vraiment peu explicite dans le film.
  • Le meurtre de Dave Schultz se situe le 26 janvier 1996, avant les jeux olympiques d’été. Depuis l’échec de 1988 Mark Schultz s’est retiré des compétitions et ne travaille plus bien sûr pour Foxcatcher. En 1996 Mark Schultz a rejoint le Ultimate Fighting Championship, un multi-sport d’arts martiaux et de sports de combat aux règles peu délimitées. Il gagna cette compétition en mai 1996. Et ces concordances des temps ne signifieraient rien ?

Vanity Fair écrit : « il plaidera l’irresponsabilité mentale et dira « j’ai vraiment conclu que j’étais malade », sans jamais expliquer le motif qui l’a poussé à abattre de sang froid. À la batterie d’experts qui l’examine, il prétend être le dernier Tsar de Russie, un descendant du Troisième Reich ou accuse la CIA d’avoir envoyé un clone de lui-même pour tuer Schultz »

« Un terreau psychiatrique fertile mais la justice est implacable : s’être retranché trois jours chez lui [après le meurtre] le fait apparaître comme pleinement conscient de ses actes. Après sept jours de délibération, il est condamné à 30 ans de prison »… où il y meurt en raison de sa santé fragile.

https://fr.wikipedia.org/wiki/John_Eleuth%C3%A8re_du_Pont

https://fr.wikipedia.org/wiki/Channing_Tatum

https://fr.wikipedia.org/wiki/Magic_Mike

https://fr.wikipedia.org/wiki/Kevin_Spacey

https://www.vanityfair.fr/culture/ecrans/articles/du-sang-de-la-sueur-et-des-larmes-la-vraie-histoire-de-foxcatcher-/23636

https://en.wikipedia.org/wiki/Mark_Schultz_(wrestler)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ultimate_Fighting_Championship

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