Fric-Frac. Avis film. Michel Simon, Fernandel, Arletty. Maurice Lehmann. 8/10

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Des films comme Fric-Frac sont des moments de grâce du cinéma français.

Bien qu’ils ne s’appréciaient guère, Michel Simon et Fernandel se font courtoisement la réplique. Et la troisième du lot, Arletty, n’est pas en rade, bien au contraire. Grâce aux dialogues de Michel Duran, brillamment associés à son intelligence et à sa gouaille, elle fait monter l’affaire au firmament. On en redemande.

Les propos sont si bien orchestré qu’on dirait du Michel Audiard. Mais c’est surtout du au parfum Lao-Tseu de certaines affirmations sentencieuses. Au delà du bon mot, où l’on est à la limite d’y entraver que couic, il y a un métalangage quasi philosophique. Mais c’est en véritable argot dans Fric-Frac. Audiard, contrairement à ce qu’on pense, ne s’est jamais risqué à ces tournures codées par la pègre.

  • Un exemple. Michel Simon, demande la traduction d’un propos dans cette « langue », qu’il n’a pas compris. Arletty métaphorise un terme abscons en une autre image argotique, un peu plus claire pour le non-initié. Ce que notre ami Michel ne manque pas de souligner. On frise la haute linguistique, avec toutes ces subtiles jongleries (*)

Michel Simon est remarquable en truand caricatural. Il est bourru, dangereux et d’apparence sévère, mais il possède un cœur tendre. Il se permet même d’avoir une fibre ultra-sensible, une fois bourré. A l’occasion, il pratique même la morale ; en tout cas en amitié.

Cette vision délicieusement décalée de 1939, est excellente. Elle servira de matrice à pas mal de films de gangsters par la suite.

***

Fernandel modeste employé de bijouterie qui vient de se faire lourder, est le faux naïf. En déshérence affective, aux courses, il tombe sur cette bande par hasard. Et bien sûr, il est vite conquis par la lumineuse et sulfureuse Arletty. Mais il pense à tort que cette fille des rues est une grande dame.

Arletty est une maîtresse femme, à la ville et à l’écran. Ici, en l’absence de son taulard de mec/mac, elle tient les rennes et donnent les impulsions nécessaires. Le mot « bijouterie » a fait tilt dans sa tête.

Si nécessaire, elle négocie « une récompense » avec les hommes récalcitrants, à la langue pendante, avec un discours et des œillades non équivoques ; histoire de motiver ses troupes ou d’emballer le cave.

Le fric-frac des bijoux est diligenté. Il ne va pas aboutir. Il risque de compromettre notre Marseillais, qui semble à tort être de la combine.

Fernandel achète le silence d’Hélène Robert, la fille de son ex-patron, en lui proposant le mariage. Il se rabat, contraint et forcé, sur ce deuxième choix. Tout est bien qui finit bien.

***

Maurice Lehmann est également le co-réalisateur de l’étonnante Affaire du courrier de Lyon, toujours avec son acolyte Claude Autant-Lara.

(*) https://fr.wikiquote.org/wiki/Fric-Frac

Marcel à Loulou à propos de Jo : j’ai du mal à comprendre ce qu’il dit. Il est Français ?
Loulou : pur sang de La Villette. Moi, je suis de Barbès.
Marcel : alors tout ça c’est de l’argot.
Loulou : vous avez mis le doigt dessus :
— « L’oseille », c’est le fric,
— « Se faire la paire », c’est se débiner,
— « Casser les pieds », c’est emmouscailler[3],
— « Bonnir un truc », c’est jacter.
Marcel : jacter ?
Loulou : causer, quoi !
Marcel : ah, c’est drôle. Vous me traduisez de l’argot que je ne comprends pas en argot que je comprends.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Fric-Frac_(film)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Audiard

https://fr.wikipedia.org/wiki/Argot

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