Histoire péplum cinéma : Néfertiti moche et grosse. Akhenaton difforme et laid.

Les films Sword and Sandal.

Quelles sont les causes de la fascination pour les péplum. Elles sont multiples et protéiformes ce qui tend à montrer qu’aucune explication n’est vraiment convaincante.

On peut tenter de décrypter avec les grilles d’analyse classiques ; comme la psychologique, la psychanalytique (glaive = phallus?), la sociologique, la politique, la géostratégique, l’historique, la religieuse et qui sait culturelle… et j’en passe, comme pour l’écologique, la féministe et bien d’autres.

  • Le fouineur Sigmund Freud, s’est bien entendu accaparé cette histoire. Pour lui, le culte du dieu Aton est une des premières illustrations de la notion d’infini.

On ne peut nier que cet univers, totalement reconstruit par le cinéma, tend à la simplification des données, à la ligne claire, ce qui permet de mieux délivrer un message. Pour ce dernier point, il reflète en particulier les problématiques des peuples auxquels ils s’adressent. Ainsi l’impérialisme américain y est à peine déguisé.

Même si ce cinéma là a commencé dans un format assez étriqué, en muet et en noir et blanc, il n’a cessé de vouloir nous faire évader grâce à la technique Les grandes compositions ont pu pleinement s’exprimer dans le cinémascope sur grand écran.

Pour tenter de ressusciter le genre, les versions actuelles ont multiplié les effets par les miracles de l’image de synthèse. Les centaines de soldats sont devenus des milliers … et des millions. Cela ne coûte pas plus cher. Mais l’effet de cette surenchère émétique est inverse. Elle finit par montrer que la forme cherche à cacher la vacuité du fond.

  • Il faut la force intérieure d’un Kubrick avec son Spartacus pour ramener la qualité là où on privilégiait la quantité. Et pour l’instant le nouveau génie se fait attendre. Regardez cette production récente, peu sortent du lot.
    • 1. Titus, Julie Taymor, 25 décembre 1999
    • 2. Gladiator, Ridley Scott, 5 mai 2000
    • 3. The Passion of the Christ, Mel Gibson, 25 février 2004
    • 4. Troy, Wolfgang Petersen, 13 mai 2004
    • 5. King Arthur, Antoine Fuqua, 4 août 2004.
    • 6. Alexander, Oliver Stone, 16 novembre 2004
    • 7. 300, Zack Snyder, 21 mars 2007
    • 8. Centurion, Neil Marshall15 février 2010
    • 9. The Clash of the Titans, Louis Leterrier, 7 avril 2010
    • 10. The Eagle, Kevin MacDonald, 11 février 2011
    • 11. Immortals, Tarsem Singh, 23 novembre 2011
    • 12. Wrath of the Titans, Jonathan Liebesmann, 28 mars 2012
    • 13. Pompeii, Paul W.S. Anderson, 20 février 2014
    • 14. Son of God, Christopher Spencer, 28 février 2014
    • 15. 300 – Rise of an Empire, Noam Murro, 5 mars 2014
    • 16. The Legend of Hercules, Renny Harlin, 19 mars 2014
    • 17. Hercules, Brett Ratner, 27 août 2014
    • 19. Exodus : Gods and Kings, Ridley Scott, 24 décembre 2014
    • 20. Hail Caesar ! Joel et Ethan Coen, 17 février 2016
    • 21. Risen, Kevin Reynolds, 19 février 2016
    • 22. Gods of Egypt, Alex Proyas, 24 février 2016
    • 23. Ben Hur, Timur Bekmambetov, 7 septembre 2016
    • 24. Mary Magdalene, Garth Davis, 28 mars 2018
  • Par défaut, les péplums parodiques tentent d’occuper le terrain.

On nous parle d’abondance ou de disettes, de sentiments bien carrés, de profils bien caractérisés, de héros vigoureux aux yeux bleus (!) et de traîtres malingres qui ne regardent pas en face. De belles jeunes femmes souvent blondes et pures et d’infâmes rivales prêtes à tout, souvent aux cheveux sombres comme leur âme.

Les destins sont univoques surtout quand il s’agit de personnages historiques. Le cinéma renforce alors le schéma simple que notre éducation a gravé dans nos têtes. Si c’est une œuvre d’imagination, il le transpose.

Ainsi les films se copient l’un l’autre dans cette nouvelle grammaire. Qu’importe le bonhomme ou le sujet, pourvu qu’on colle au stéréotype. Barthes s’est occupé de cela en son temps.

  • La fameuse frange de la romanité.
  • Une virilité exagérée avec des muscles dopés aux hormones, venant de salles de sport interlopes.
  • Une féminité amplifiée avec des danseuses demi-nues et forcément lascives. Ah ces bohémiennes de circonstances !
  • Des croyants qui sont du bon côté et qui se meuvent toujours très doucement. Habits simples, bonnes mœurs. Toujours prêts à se sacrifier pour le groupe et le dieu en question.
  • Le décor grandiose est essentiel. On pourrait presque dire qu’on est là pour cela. Et d’ailleurs cette fastueuse course en avant a plombé financièrement les studios, comme pour Cleopatra (Joseph Mankiewicz, 1963) et The Fall of the Roman Empire (Anthony Mann, 1964).
  • Le spectateur ne crachent pas sur les orgies. Même si cela se passe toujours du côté des mécréants et adorateurs du veau d’or.

Ici dans Néfertiti, une musique angélique fait la courte échelle à un prêtre supposé défenseur du dieu unique. C’est la même que dans façon les dix commandements, Quo vadis? ou autres péplums christiques. Même s’il s’agit d’Aton, on se réfère sans trop de précautions historiques à Jéhovah, Yahvé ou le dieu des chrétiens. Même combat en quelque sorte. Si vous avez un dieu unique, vous êtes des nôtres et vous avez droit à la musique unique.

  • Amenhotep IV (Akhenaton) a été le grand défenseur imprudent de ce concept pour l’époque.

Il y a donc des vedettes du box office antique à racines historiques : Cléopâtre, Antoine, Auguste, César, Néron, Caligula… quelque part se sont les premiers super héros ou antihéros.

La mythologie ou les racines religieuses indémontrables, font l’objet du même traitement. Comme par exemple pour Hercule, Jason, Thésée, Énée, Ulysse et tout l’Olympe. Il y a des dérivés comme Maciste, Samson et autres. Et des créations pures comme Ben Hur.

  • « Depuis que l’Olympe n’existe plus, ses habitants vivent sur la terre » – Marcel Proust

Dans les plus vieilles légendes, bibliques ou autres, on trouve aussi des monstres des géants et toute cette sorte de choses.

Il ne faut pas oublier les héroïnes ! Médée, les Amazones…

Mais ce folklore qui peut finir par mener à des Godzilla et des King-Kong est étrangement un patrimoine très ancien et réel. On aurait tort de négliger les racines ésotériques profondes du péplum.

Quand le péplum s’essouffle il tente de racler les fonds de tiroirs des contes et des légendes. Sources quasi inépuisables. Et l’on ne parle ici que d’une certaine antiquité car toute la partie nordique, orientale avec ses multiples composantes, amérindienne, mériteraient d’être exposée.

Il n’y a pas que la version biblique, égyptienne, mésopotamienne, grecque ou romaine dans cette affaire.

Sur le fond, l’Égypte a été remuée par le changement de cap religieux et les grands prêtres font de la résistance. Cela c’est vrai. Par contre on ne montre pas les dépenses « royales » et exagérées du nouveau régime. Le couple se permet même la création d’une nouvelle capitale ! Pourtant le peuple trop sollicité gronde. C’est souvent une affaire de portefeuille ! Au bout de 17 ans de règne, la population veut un retour à la normale et donc au monde ancien. Toute l’expérience Akhenaton / Néfertiti sombre avec la mort du monarque.

On n’ a jamais réussi à découvrir la sépulture de Néfertiti. A-t-elle vraiment régné sous le nom de Ankhkheperure Smenkhkare, avant de transmettre le flambeau à celui qui n’est pas son fils Toutânkhamon ? C’est discutable si l’on accepte l’autre thèse, celle d’une femme tardivement répudiée et qui a laissé la place à la vraie maman (Kiya?) de Toutânkhamon.

***

Sur la stèle d’Amarna, Néfertiti est décrite ainsi : « Éminence parmi les éminences de la noblesse, immense en son palais, d’allure sublime, belle à la double plume, maîtresse de joie unie à la grâce, dont on se réjouit d’entendre la voix, grande épouse du roi, sa bien-aimée, grande maîtresse des deux terres, Neferneferuaten, Néfertiti [beauté des beautés d’Aton, la belle-venue], immortelle pour l’éternité ! »

Bien sûr il existe le fameux buste de Berlin qui peut correspondre à cette description. Pourtant il existe des représentations de Néfertiti, petite et bedonnante, dont on parle peu.

https://fr.wikipedia.org/wiki/N%C3%A9fertiti,_reine_du_Nil

Jeanne Crain

Edmund Purdom

Vincent Price

https://www.nationalgeographic.fr/histoire/nefertiti-portrait-dune-grande-reine

https://www.herodote.net/Reine_puissante_et_mysterieuse-synthese-2876.php

https://www.pointdevue.fr/histoire/histoire-du-monde/nefertiti-devoile-ses-derniers-secrets

https://fr.wikipedia.org/wiki/Akhenaton

https://pedagogie.ac-strasbourg.fr/fileadmin/pedagogie/lettres/Examens/Le_peplum_et_ses_sujets__1_.pdf

https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-03331637/file/2020PA100076_diff.pdf

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