Houellebecq’s suicide. Explication Near death experience. Résumé. plaisir solitaire et déplaisir. 8/10

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Résumé histoire. Scènes

Voir l’avis Critique sur : Near death experience. Avis. Témoignage. Houellebecq mortel. Céline, Baudelaire, Rimbaud. 8/10

Il faut que cette journée choisie pour en finir, soit la plus médiocre possible.

Le film démarre ainsi :

Avec les autres, au bistrot, il boit pour s’abrutir. Il n’est pas là avec eux, mais soit en surplomb, soit en dessous.

D’ailleurs au début du film on ne voit pas qui sont les gens, ils sont coupés. Seul le consternant visage de l’anti-héros apparaît à l’écran.

A la maison, notre génie de la médiocrité compresse son cubitainer de vinasse, pour en exprimer les dernières gouttes.

C’est bien entendu une métaphore de l’homme qui ne survit que par ces tristes perfusions. Et donc on est en plein dans ce qu’il y a de plus désespérant dans le dérisoire. Pas loin de la clochardisation.

Notre Simicoundza Simicourba, de Saint-Pierre de La Réunion, aime jouer à ce triste vampire là.

Il cherche le silence. Tant qu’il est à distance des autres, ça va à peu près. S’il est trop loin, il n’entend pas le « bruit des gens ». Il est embarrassé aussi car il a besoin de ce bruit de fond quand même.

Et s’il est trop près, cela devient insupportable, tant le babil et les sommations insignifiantes lui semblent menaçantes. Et pour tout dire (cf la fin) ils sont potentiellement mortels.

La référence au vendredi 13 ou au signe astral, ne doit pas nous égarer. Ce ne sont pas des déterminants signifiants, bien au contraire. Ce sont des bouées ridicules, auxquelles se raccrochent tant d’êtres humains désemparés. Ce dont notre faux sorcier se moque.

Et donc cela participe au renforcement de la démonstration de cette totale insignifiance, à laquelle finit par aboutir l’Homme_sans_qualités.

Il prend son vélo. Son accoutrement de cycliste, avec la marque BIC bien visible, est une autre forme du comique assassin de la vie. L’individu n’existe que par ce que la publicité veut bien lui laisser, une fois l’acte d’achat accompli.

  • Son vélo, il le laisse comme cela au bord de la route. Et nous terriens vulgaires, on se dit qu’il va se le faire voler. Alors qu’il laisse cet amas de métal à la porte du temple.

Il s’approche à pied de la montagne magique.

Mais pour lui il s’agira de la désacraliser. D’ailleurs il fera le constat de « l’âpreté de la nature », de l’inconfort total. « pas de lit, pas d’eau courante, pas de chauffage central, pas de supermarché, pas de voiture » – « mon corps réclame le cuir molletonné »

Il déchire la carte postale mentale pour qu’il ne reste au final qu’un tas de cailloux. C’est une démarche réductionniste là aussi.

Lorsqu’on aborde une montagne, on en perd la vision du peintre. Et une fois dessus, on en est réduit à ne voir que les pierres qui la composent. Et là encore, il n’est pas question d’une contemplation zen sur le tout est dans tout, mais d’un profond mépris pour le pauvre caillou. Une sorte d’exercice de méditation à l’envers, visant à vider les choses de toute leur importance. Une vision de cantonnier.

Ce fragile Nosferatu supporte mal la forte lumière. S’il pénètre ces paysages grandioses de la Sainte-Victoire, ce n’est pas pour les admirer. Il ne veut ressentir aucune émotion.

Et c’est assez facile finalement. Son périple est strictement utilitaire. C’est la falaise escarpée qui le motive ; par pour l’escalade mais pour la chute.

Il est sur une formation rocheuse exceptionnelle, qui a du attirer l’attention des premiers hommes. C’est donc l’occasion de régler la question de l’héritage.

Sur place, il fait un vague dessin rupestre, à la manière de ces ancêtres préhistoriques. En répétant ces gestes, il tente de comprendre quelque chose de la démarche, de ce fond commun incompressible que nous avons depuis l’aube de l’humanité. Il s’empresse d’ailleurs de minimiser, puisque tout doit disparaître dans cette grande braderie. Il parle de cette peinture ancienne, juste pour la déprécier elle aussi. Elle est soit faite par la peur des grands animaux, soit pour des raisons didactiques.

Pour arriver à ses fins, il doit tout bousiller. C’est la règle.

Notre vieux rocker est mal à l’aise avec son corps. Il en parle, il le dit. Il se charge même d’une allusion à un hypothétique cancer du poumon. Le genre de chose qui donnerait un droit moral de se flinguer ?

S’il entame une danse de derviche, sous les impulsions électriques d’une guitare, ce n’est pas pour le plaisir. C’est pour s’anesthésier.

Pour pouvoir s’achever, il faut se détester. L’auteur si emploie aussi sous l’angle « moral » aussi. Il se fabrique des péchés, comme sa trique devant une fourche allusive d’un arbre, ou la confession d’avoir regarder des sites porno. Il voudrait que cela contribue singulièrement à dépoétiser le monde.

Il se remémore ces joies de trois fois rien, en tant que préposé téléphonique aux réclamations d’un opérateur de téléphone. “France Télécom assistance… ” – Ces phrases toutes faites sont devenues ses apaisants mantras. Il se pensait alors « pénard dans ma vie ». Mais cela ne suffit plus.

D’ailleurs cela fait un moment qu’il se sent « obsolète ». Il ne comprend pas ce qu’est devenu cettes société où l’individu doit être désormais performant pour exister. « Comment en est-on arrivé là ? » « le monde est malheureux ».

Il passe alors à ses souvenirs d’enfant. Cette botte semi enterrée dans le jardin semblait lourde de sens alors. Maintenant il en est à se mépriser, d’avoir eu peur de ce morceau de plastique.

L’amour ce n’est pas un très bon souvenir non plus. « Après chaque jouissance, trou noir, envie de mourir »

Va-t-il manquer aux siens ? « un père mort vaut mieux qu’un père sans vie » – Voudrait-il nous faire sa « Ballade de Narayama » et disparaître pour ne pas être un poids mort pour les autres ?

Une brève rencontre sur la montagne va le faire participe à un jeu d’enfant. « c’est beau, on est bien ici » dit le partenaire. Houellebecq a alors la vision qu’il a peut être « pris trop au sérieux les choses ». Mais il ferme cette parenthèse.

Il a fait le vide. Il cherche la lecture la plus désincarnée et littérale possible, des gens, des choses, des lieux.

Il se trouve un modèle : «  je me sens comme Ayrton_Senna le 1er mai 1994. Il était livide avant de prendre le volant. Il savait que le destin était en marche »

La scène finale est très importante, pour « eux », comme pour nous. Elle doit nous permettre enfin de nous situer en tant qu’analyste et/ou spectateur et de relativiser enfin.

« où allez-vous ? ». Il n’en sait rien et il rajoute « c’est bien cela le problème ».

« Vous êtes de quel signe ? ». En posant ce principe implicite que nul n’est maître de notre destin, la pauvre conductrice de Mini, fait l’aveu qu’elle participe de ce non-sens de la vie. Cette révélation existentialiste, de cet environnement crédule et sans but, va pousser Houellebecq vers la sortie.

Pourtant il manque quelque chose. Il est certain qu’à ce moment l’acteur et les scénaristes/réalisateurs jubilent au lieu de faire une gueule d’enterrement. C’est qu’ils ont trouvé une excellente fin.

On est donc au plus fort de la contradiction première. La dépression la plus noire semble nécessaire au passage à l’acte. Et pourtant la joie est dans les coeurs de ces créateurs si habiles.

La vie réjouie est aussi paradoxale que la triste mort.

Voir l’avis Critique sur : Near death experience. Avis. Témoignage. Houellebecq mortel. Céline, Baudelaire, Rimbaud. 8/10

https://fr.wikipedia.org/wiki/Sitarane

https://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Houellebecq

https://fr.wikipedia.org/wiki/L’Homme_sans_qualités

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ayrton_Senna

https://www.bonjourpoesie.fr/lesgrandsclassiques/poemes/charles_baudelaire/elevation

https://fr.wikipedia.org/wiki/Near_Death_Experience_(film)

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