Carpenter nous livre un autre de ces films de science-fiction paresseux.
C’est le classique « ils sont parmi nous » que redoute tant David Vincent.
On se demande bien pourquoi ils font tout comme nous jusque dans le moindre détail.
Eh bien d’abord parce que c’est la meilleure façon d’échapper à de coûteux trucages. La raison officielle est cependant qu’en noyautant le système, ils peuvent disposer de notre travail et de nos ressources. C’est une conspiration de type grand capital en quelque sorte. Carpenter serait-il plus marxiste qu’opportuniste ?
Pourquoi peut on considérer que ce film est « facile » ?
Les extra-terrestres aux noirs desseins et aux technologies avancées, se battent curieusement à armes égales quand ils ont besoin de mettre de l’ordre. Sans doute là aussi, pour ne pas se faire trop remarquer, mais avec l’arrière pensée des concepteurs que l’on ne va pas se torturer la tête à devoir imaginer de grands effets spéciaux.
Autant un film qui nous parle du passé à toutes les données à sa disposition, autant un scénario qui envisage une situation future inédite et complexe, doit vraiment réfléchir et inventer. Ce n’est pas donné à tout le monde. La pauvreté intrinsèque est criante ici. C’est un film de bidonville au propre comme au figuré.
Seuls efforts consentis par le scénario : des lunettes de soleil qui « miraculeusement » permettent de voir le vrai visage robotique des créatures apparemment inoffensives et de décrypter ce qui se cache derrière les messages publicitaires.
On ne sait pas comment quelques humains ont réalisé ce bon technologique prodigieux, tant dans la miniaturisation du système et de son alimentation, que dans ses formidables prouesses. Même un modeste casque de réalité virtuelle, qui n’est en réalité qu’une sorte de modeste projecteur, est encore très encombrant de nos jours. A croire que ce sont ces terriens dissidents qui sont à la pointe et non pas les ET. D’ailleurs les pointures extragalactiques sont trop bêtes pour comprendre que les gars à lunettes de soleil sont des suspects. Étonnant !
- A cette époque quelques escrocs faisaient croire qu’ils avaient inventé des sortes de lunettes rayons X qui permettaient de voir les dessous des dames. Carpenter a du être inspiré par ça. Peut être qu’il en a acheté ?
Et puis sur le même principe d’un faire un minimum, les ET se gardent bien de mettre en avant leurs « avancées », ils tirent au pistolet comme tout le monde. Ce qui arrange tant les producteurs avares de leurs sous, que les créateurs qui n’ont pas trop à se fouler en recyclant des scènes de films policiers ultra-classiques.
- Ceux qui sont venus d’ailleurs ont forcément du utiliser des techniques inimaginables, mais ils montrent quand même une certaine courtoisie en se battant toujours à armes égales. C’est vrai ici comme dans la plupart des space odyssey. Il faut bien dire à décharge que si une technologie très largement supérieure était mise en branle, le combat serait immédiatement gagné… et le film terminé. C’est bien pour des raisons cinématographiques que l’on retombe toujours sur le même paradoxe.
On peut aussi observer les ordinateurs et les moyens informatifs de nos « amis » d’un autre monde. Ils cadrent toujours étrangement avec l’époque. Comme dans ces années là on n’était pas très loin, la communication entre les ET se doit d’être en flou vidéo basse définition avec un son à la radio Londres. Ils n’ont même pas d’écrans plats !
Nos gaillards de l’au-delà ont quand même de belles montres bracelets qui leur permettent de rentrer à la base en un clin d’oeil. Il suffit de tourner le cadran. Nos héros vont en utiliser une pour pénétrer le repère des méchants. Voilà un rebondissement pas trop compliqué à mettre en œuvre. Mais quel manque de vigilance de la part de nos êtres supérieurs ! Niveau La soupe aux choux (1981).
Le film est navrant par son manque d’audace et d’intelligence. Mais cela se gâte encore avec les deux protagonistes chargés d’en finir avec le mal, avec leurs petites mains. Nos Beavis et Butt-Head sont vraiment des idiots. On assiste ainsi à une longue et navrante bataille de ces deux là. La raison du pugilat est que l’un veut forcer l’autre à voir la réalité avec des lunettes de soleil et que l’autre préfère un combat à mort pour l’éviter. On en est à ce niveau.
Roddy Piper, un ex catcheur pro tout en muscle, est quasi un inconnu. C’est lui qui arrive à percer une partie du mystère et finit par mener la fronde. Il fait plus extra-terrestre à lui tout seul que tous les autres réunis.
Keith David, son acolyte, est un comédien à la filmographie impressionnante. Il continue à être sollicité par les studios. Lesquels ne lui tiennent pas rigueur d’avoir joué dans ce film consternant.
Carpenter avait déjà commis l’infect Prince des ténèbres (1987) et il ne se gène pas pour s’enfoncer encore plus avec ce Invasion Los Angeles (1988).
Films bâclés, tournés à la va-vite. Il s’agit clairement de série B alimentaires. Que quelques bêtas boutonneux prennent cela pour des films cultes ne m’étonne pas.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Invasion_Los_Angeles
Roddy Piper
Keith David
Meg Foster
