En 1993, Nanni Moretti circule en Vespa à Rome et nous fait partager ce qui lui semble son plus grand plaisir. La vadrouille sur fond de musique Raï, avec des monologues « philosophiques » tout venant. Puis il se transporte dans des îles de plus en plus reculées, comme s’il voulait nous montrer les confins de la solitude. Là encore pas mal de palabres fort peu utiles, mais qui peut être donnent l’air…
Ce conglomérat est bizarre et cela brouille les pistes.
En réalité, ces premières parties disparates, ne sont que des dérivations. Le principal résidant au chapitre suivant, celui de son cancer et des errances diagnostiques, que notre artiste a subi deux ans plus tôt.
Une fois débarrassé des préambules, pour lui tout est simple. Et c’est certifié véridique : « rien n’est inventé » nous dit-il.
Le lymphome de Hodgkin, qu’on a fini par identifier, est parfaitement caractérisé par le prurit. Et donc il aurait fallu penser d’emblée à ce symptôme qui le préoccupait autant. Il a gardé méticuleusement toutes les traces des égarements diagnostiques, toutes les ordonnances, ce qui traduit une certaine prudence mais aussi un penchant obsessionnel. Trait dominant qui a fait dire à plusieurs toubibs que son prurit avait sans doute une connotation « psychologique ».
La médecine ne marche pas comme cela, sur un seul pied. Et il n’y a rien de plus bateau qu’une démangeaison cutanée. Et le Hodgkin est sournois.
Rassurez-vous, comme notre gaillard a été bien traité, son Hodgkin le laisse tranquille. Il est bien vivant en 2023.
Ce travail disparate lui vaut le Prix de la mise en scène au Festival de Cannes. Pas étonnant, car le jury adore le pathos et qu’il faut donc bien lui donner quelque chose. La mise en scène est sans dessus dessous, c’est donc une cible cannoise privilégiée. Rien de ce qui est abscons n’e leur ‘échappe à ces « modernes ».
https://www.gustaveroussy.fr/fr/lymphome-hodgkin
« Le lymphome de Hodgkin se manifeste par une augmentation de volume des ganglions lymphatiques, le plus souvent au niveau du cou. Ces ganglions ne sont pas douloureux et leur évolution est lente. Cela s’accompagne dans certains cas d’une perte de poids, d’une fatigue, de sueurs nocturnes, de fièvre et de démangeaisons »
https://fr.wikipedia.org/wiki/Nanni_Moretti
