Il y a des biopics tellement mal faits et si peu intéressants, qu’ils donnent vraiment envie de voir un documentaire sérieux sur l’artiste représenté, en lieu et place. Il y en a de très bons et rien ne remplace les vraies images pour se faire une idée.
Ce film est centré sur la phase terminale de l’actrice Judy Garland, c’est à dire la déchéance. L’intégration de quelques flash-back intercalaires est supposée nous « expliquer » les causes premières du naufrage de l’artiste, selon la vieille tradition ciné-narrative. Cette psychologie basique et profondément déterministe, est juste là pour assurer un storytelling à bon compte.
L’actrice en déclin est alcoolique. Elle en devient vulgaire et non professionnelle. Pourtant le réalisateur s’obstine à lui attribuer artificiellement ce qu’il faut de bonté et d’empathie pour que le chaland ne parte pas en courant.
Et bien entendu, c’est la faute aux exploiteurs, ceux qui n’ont pas cessé, les uns après les autres, de presser le citron, en la menaçant, en la canalisant.
La faute initiale serait due au management sans coeur, des méchantes majors. Des esclavagistes qui mettent en scène des fillettes sans défense. Bon dieu mais c’est bien sûr !
Et faute finale reviendrait à tout le petit monde qui profite encore et encore, grâce son nom. C’est en tout cas ce que nous hurle le scénario.
Un management sans pitié. On achève bien les juments !
Ce qu’on peut voir clairement dans ce long métrage (2 heures), c’est qu’il existe un autre management vulgaire qui concerne lui, la manipulation des émotions du public de 2019.
- Je ne me laisse pas berner par le côté maman courage qui s’esquinte au boulot pour nourrir les gosses… et à qui on a quand même retiré la garde des enfants. On nous suggère une injustice.
- Par contre je ne louperais pas ce point d’orgue téléphoné, des spectateurs qui se trouvent dans le film et qui viennent au secours d’une Judy à la dérive lorsqu’elle ne se souvient plus de son texte. J’imagine que la claque auto-administrée est supposée rejaillir sur le film ?
La pauvre Renée Zellweger en fait beaucoup trop. Comme s’il suffisait de forcer le trait à l’extrême et d’additionner cela avec du pathos à la tonne, pour que cela mène automatiquement à un Oscar… Ce qui fut bien entendu le cas. Oscars 2020 : Meilleure actrice pour Renée Zellweger (*)
Zellweger est mal dans sa peau en tant que Judy et elle mal dans son rôle en tant que Renée. Et malheureusement pour notre Bridget Jones, ces deux malaises ne matchent pas.
Enfin, ce film est tout à fait dans l’air des nouveaux critères qualifiants pour les Oscars. Une sorte de passage obligé qui condamne à la défense des minorités, avec quota certifié et valorisation obligatoire.
Et donc il faut lire le scénario ainsi. Judy Garland n’est pas une femme qui a bousillé sa carrière par son alcoolisme et toute chose dont elle pourrait être responsable. Non, c’est une pauvre victime, clairement du fait des mâles. C’est donc quasiment une femme battue. Ainsi présentée, elle est dans les clous de cette nouvelle tyrannie moraliste, ici d’essence féministe !
- (*) Je pense là par exemple, à de fameuses grimaces outrancières combinées à des situations extrêmes invraisemblables, et des dilacérations de toutes sortes, qui ont valu la récompense ultime à Leonardo DiCaprio dans ce film idiot The Revenant.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Judy_(film)
Renée Zellweger
Finn Wittrock
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Michael Gambon