Jugatsu (1990) Kitano acteur réalisateur inventif. 8/10

Temps de lecture : 2 minutes

Un an après son premier film Violent Cop (1989), notre fougueux Takeshi Kitano s’investit cette fois à fond.

Désormais il maîtrise parfaitement la caméra et le scénario. Et il se passe de la trame narrative classique des films de gangsters. Bon débarras !

On a là les grandes lignes de son style.

D’abord il y a cette insignifiance savamment mise en scène et dont on pourrait dire qu’elle tient du génie de la médiocrité. Houellebecq fait de même dans ses romans. Je comprends donc que certains aient des difficultés à entrer dans cette galaxie là.

Les évènements passent et ici ils sont souvent brutaux. Le rythme est soutenu, on ne s’ennuie vraiment pas. Et les acteurs vont pourtant à leur rythme, parfois avec une gaucherie inattendue. Comme ce pauvre Masaki qui joue si mal au baseball, qui semble un looser né, mais qui jouera un rôle important.

Par sa négligence, alors qu’il est chargé de laver une bagnole de mafieux, comme employé d’une station-service, une très sérieuse guerre interne au milieu va être déclenchée. Et cela se terminera en tuerie générale.

Et le pire ne les bouleverse pas tellement, dans cet étrange monde là. Il s’agit quand même de coups ultra sanglants, de meurtres à répétition, d’une explosion redoutable, d’incessants règlements de compte, de trahisons… Quoiqu’il arrive, ils marchent. Le monde continue, ils marchent inlassablement. On est souvent à pied chez Kitano. Ces mini interludes laissent à chacun le temps de réfléchir.

Les rapports humains sont infects. C’est le cas en particulier chez ces Yakusas, qui ne respectent pas grand-chose.

Beat Takeshi est un de ces malfrats racketteurs.

Mais c’est un électron libre quasi impossible à maîtriser. Il verse dans le nihilisme absolu. Il frappe sa compagne comme si c’était une poupée de paille. Il l’a donne à d’autres quand cela lui est utile. C’est de la violence ordinaire, presque enfantine, chez quelqu’un qui ne souffre aucune contrariété et qui se fiche de tout. Il coupe un doigt à un subordonné, sans le moindre état d’âme et sans cruauté. Il est fêlé.

Une petit idylle, entre le peu reluisant Masaki et une belle serveuse, va détendre un peu l’atmosphère. Mais c’est pour mieux nous défoncer la tête par la suite.

L’histoire est riche et soutenue. Franchement on se fait plaisir en regardant cette déferlante de petites et grandes trouvailles. Il ne faut pas tout prendre au sérieux.

L’obéissance aveugle est obligée dans ce milieu. Elle donne l’occasion de situations quasi comiques.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Jugatsu

Envoi
User Review
4 (1 vote)

Laisser un commentaire