Juliette Gréco, l’insoumise – Arte (2011) (8/10)

Temps de lecture : 3 minutes

La belle histoire de sa vie, très bien racontée par Juliette elle-même, alors qu’elle avait 84 ans. Elle décédera en 2020, à 93 ans.

On découvre une charmante personne, bon pied, bon œil, et qui est restée aussi coquine et subtile qu’à ses débuts. Dans ce beau cadre de sa maison de Ramatuelle.

  • Elle est aussi devenue rusée. Ces collaborateurs tardifs l’appellent « la patronne ».

Cette belle (d)âme, est avant tout un accident surgi de nul part. Elle se trouve être d’un coup, « the right woman in the right place ». C’est à dire un électron libre, en plein dans ce Saint-Germain-des-Prés effervescent, juste après la libération, après des artistes les plus prometteurs. C’est comme si on l’attendait. Elle ou une autre qui aurait eu le même poids. Ce fut elle, parce que c’était elle, parce que c’était nous.

Dans ce tout est possible des grandes ruptures historiques, elle est d’abord prise en charge par Boris Vian. Toute jeune, avec une antériorité complexe, elle est encore bloquée. Il la désinhibe.

Jean-Paul Sartre – lui très étonnement – a le génie de la parachuter dans la chanson. Chez lui elle feuillette un recueil de Raymond Queneau. Elle y pointe Si tu t’imagines. Ce sera cela et rien d’autre. Sartre l’envoie chez le grand Kosma. Ce metteur en musique lui tiendra la main. Il l’aide à façonner sa voix. Elle est douée et avide d’apprendre. C’est la première de ses grandes réussites.

Elle entre ainsi dans ce rôle de totale composition, par l’interprétation. Elle y restera à tout jamais, grâce à des chansons quasiment faites pour son personnage. Elle ne créera jamais autre chose qu’une adaptation à ses formes. Mais avec génie.

Tout était à construire et cela continuera au fil du temps. Sa voix, son style, sa légende.

Il y aura des moments notables :

  • Je suis comme je suis (Jacques Prévert et Joseph Kosma).
  • Les Feuilles mortes (Jacques Prévert et Joseph Kosma).
  • Sous le ciel de Paris (Dréjac)
  • Je hais les dimanches (Charles Aznavour)
  • Chanson pour l’Auvergnat (Georges Brassens)
  • Jolie Môme (Léo Ferré)
  • C’était bien (Le P’tit bal perdu) (Nyel).
  • Le Temps passé (Georges Brassens)
  • Accordéon (Gainsbourg)
  • La Javanaise (Gainsbourg)
  • Déshabillez-moi (Nyel) Dont un duo télé fameux avec Henri Salvador.
  • La Chanson des vieux amants (Jacques Brel).
  • Le Temps des cerises (Clément)
  • Ne me quitte pas (Jacques Brel).

Dans chacune de ces relectures, elle sera chaleureuse, vibrante, puissante, indiscutable.

Tout en elle, la porte vers la sincérité. On pourrait dire la Vérité. C’est à dire l’expression de sa profonde sensualité et son intelligence très instinctive. Totalement débarrassée du superflu.

Du coup elle se laissera emporté un temps, comme tant d’autres, par l’idéal communiste. Marguerite Duras y est pour quelque chose.

Quand elle revient là dessus, elle n’hésite pas à dire que le paradis promis d’alors s’est révélé un affreux enfer. Mais quand même, l’utopie a laissé quelques traces.

Mais le plus curieux c’est sa vie sentimentale. Elle est rarement racontée aussi bien que dans ce documentaire. Là, elle n’est plus une interprète, elle innove franchement.

Figurez-vous qu’elle a été l’amante, follement amoureuse, de Miles Davis ! A une époque où cette mixité était très mal vue.

Lors de ses tentatives de carrière hollywoodienne en tant qu’actrice, elle a été la compagne de l’immense producteur Darryl Zanuck. Elle s’est lassée. Elle n’a pas cédé à la montagne de dollars, qu’il a mis sous son nez pour la retenir.

Le rapprochement avec l’Amérique et les pouvoirs d’argent n’ont pas trop plu à la bien-pensance de la gauche française, dominante d’alors.

  • Comme comédienne on se souvient surtout de la série télé, Belphégor.

Elle épouse un temps Michel Piccoli. Elle le quitte car, dit-elle, il l’ennuie. D’autres hommes sont passés.

Elle aime ceux qui l’aiment. Est-ce sa faute à elle, si ce n’est pas le même qu’elle aime chaque fois.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Juliette_Gr%C3%A9co

Envoi
User Review
0 (0 votes)

Laisser un commentaire