Et dire que ce scénario indigent est adapté d’un livre (James Ellroy) – Voilà un double effort d’écriture bien inutile.
Des acteurs de renom se dandinent dans ce « flic et/ou voyou » ultra conventionnel.
– Kevin Spacey, trouble lui même, figure un inspecteur équivoque des années 50. Ce ripoux est une franche crapule. Et il se permet de faire le beau. Il a bien des combines. Ainsi, il arrondit ses fins de mois en piégeant des célébrités en flagrant délit médiatique. C’est Danny DeVito, en journaliste à scoop roublard qui est le commanditaire et assure, la rétribution. Le pauvre petit fouineur finira mal.
– Russell Crowe, avec sa tête d’homme honnête, joue pourtant une brute assez épaisse. Il ne manque pas de frapper les gars de la pègre, en pleine tronche. Il veut régler des comptes sans passer par la case « justice ». Un vrai carnage.
– Guy Pearce nous fait un jeune flic opportuniste et intelligent qui gravit les marches hiérarchiques allègrement. Il n’est pas promu grâce à sa conduite irréprochable – ça c’est plutôt mal vu des collègues – mais parce qu’il sait tirer partie des fautes des autres flics. Ce gaillard ultra-clean arrive à monnayer un certain silence et des alliances de circonstance.
– Le longiligne James Cromwell incarne le grand chef policier. Il est droit dans ses bottes. Il semble au dessus de tous les soupçons, déjà vue la taille. Et pourtant on découvre qu’il a une petit antenne de torture, qui lui permet de faire parler les récalcitrants. La fin justifie les pires moyens. Pour la bonne cause ? Non en fait lui c’est le coupable idéal qui tire toutes les ficelles, et il pense à ses intérêts d’abord. En vous disant cela, bien sûr que je tue le maigre suspense, mais surtout je vous évite le supplice de voir le film jusqu’au bout.
– Et puis il y a la craquante Kim Basinger, en pute de luxe. Elle combine le franc sex-appeal de la bombasse qui en a sous le capot, la douceur supposée de l’épouse dévouée, le mystère spirituellement sexué de la nonne… (c’est l’ultime résistance pour le chasseur. En bon conquérant de terra incognita, il voudrait bien venir à bout de son pucelage). Cette Trinité – sainte, maternelle et salope – fait le job dans nos têtes et jusqu’au plus petites terminaisons nerveuses.
Je vais me faire taper sur les doigts par ces furies ultra-féministes monomaniaques qui ne comprennent rien et qui croient que les sexes sont juste des rôles interchangeables.
Bien qu’elle ait eu un Oscar pour son travail, je la trouve une pâle caricature d’elle même ici. Elle est plus convaincante en James Bond girl ou dans Wayne’s World 2. Avec dans ce dernier rôle un plaisant second degré.
Il y a un massacre, façon St Valentin, dans un bar louche. Tous ces flics seront à la tâche. Une bellasse fait partie des victimes. On finit par mettre en évidence une histoire de chirurgie esthétique pour créer des copies de femmes célèbres à la chaîne. Ces prostituées de luxe, assez ressemblantes, feraient davantage frétiller le micheton aisé en mal de fesses.
La prostitution n’est vraiment pas ma tasse de thé. Cette escroquerie au sentiment et aux sens, tient de la bestialité. Mais si en plus on se trouve « nez à nez » avec une copie de femme illustre, c’est la « débandaison » assurée. Je résume la mise en abyme : prostitution = tromperie et fausse vedette = tromperie. C’est donc une tromperie au carré.
Bien entendu, il y a implicitement la critique des faux semblants ici et dans tout le film. Mais ce navet se prend trop au sérieux pour que cela soit si intentionnel que cela.
Tout est un peu trop primaire. La psychologie est basique et se résume en la menace et le cassage de gueule. Et puis il y a eu Chinatown de Roman Polanski en 1974, dans le même Los Angeles corrompu (mais avant guerre). Il aurait fallu que Curtis Hanson aille encore plus loin que son confrère réalisateur. Or on est très loin du compte.
Pourtant ce fut un immense succès commercial, avec de belles critiques des professionnels… Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle pour Kim Basinger, Oscar du meilleur scénario adapté…
Il n’y aurait donc que moi ou presque pour être consterné par ce spectacle d’abattoir ? Une prise de vue efficace ne suffit pas.
Certains ressentiront peut-être de l’adrénaline et des frissons avec ces parcours dangereux dans des milieux si peu ordinaires. Pas moi.
- Kevin Spacey
- Russell Crowe
- Guy Pearce
- Kim Basinger
- James Cromwell
- Danny DeVito
- David Strathairn
- Ron Rifkin
- Graham Beckel
- Simon Baker
- Paolo Seganti
- Amber Smith
- Jim Metzler
- Tomas Arana
- Jeremiah Birkett
- Jack Conley
- Thomas Rosales Jr
- Brenda Bakke
- Paul Guilfoyle
- Steve Rankin