La Baule-les-Pins (1990) 7/10

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Voilà un film qui a un ton vraiment juste.

C’est évident pour tous les rôles, que l’on regarde du côté des plus jeunes ou de celui des plus expérimentés.

Cela tient bien sûr à ces bons acteurs en soi, que sont, Nathalie Baye, Richard Berry, Zabou Breitman, Jean-Pierre Bacri, Vincent Lindon.

Mais en réalité cela va bien plus loin encore. Ici, ils donnent le meilleur d’eux-mêmes et peut-être plus encore. Ils sont inspirés et s’accordent à merveille.

Ils peuvent compter sur leurs partitions, qui sont excellentes.

Et comme on voit que les enfants s’en sortent tout aussi bien, on comprend qu’au delà du métier d’acteur, c’est à la réalisatrice et co-scénariste Diane Kurys que l’on doit ce petit miracle là. Elle avait d’ailleurs montré d’emblée tout son talent avec son excellent Diabolo menthe de 1977. Un premier film qui fut un coup de maître.

En plus de ses capacités à mettre tout ce fait un film en bon ordre, elle a assurément un supplément d’âme. Une sorte de regard bienveillant sur l’humanité, quels que soient les travers et les turpitudes des uns et des autres. Sans doute un sentiment maternel consolateur y contribue. Elle peut compter sur une grande intelligence du coeur.

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Ainsi cette affaire d’un divorce en devenir, pendant la période des vacances d’été, alterne des scènes âpres et douces, sur un fond de mer paisible, de ballons en plastique et de ciel bleu.

Les personnages sont comme ils sont. Et dans le fond, on ne peut pas les changer. Et même s’ils font de grosses bêtises, pas question de les juger plus que cela. On cherche au contraire à recoller autant qu’on peut les assiettes cassées. L’humanité est une grande famille. La famille est une grande humanité. On se débrouille entre soi. La cohésion prime sur les autres considérations. On est très loin du moralisme qui encombre tellement d’œuvres cinématographiques.

Nathalie Baye est mariée à Richard Berry (dans le film). Ils ont deux charmantes filles de 8 et 13 ans, qu’ils aiment tout deux également.

Notre grande actrice, toute en nuances, est toute pimpante. Elle vient de faire une délicieuse rencontre à Paris. Cette femme de la quarantaine a repoussé les limites du grand amour avec un motard de 25 ans, artiste désargenté, Vincent Lindon. Elle est sur le point de tout plaquer. Au minimum, elle veut divorcer. Elle laisse ses filles toutes seules à La Baule avec une gardienne dépassée, en la personne de Valeria Bruni Tedeschi.

Il n’est pas question de congés pour l’époux, car il a déjà des difficultés à faire tourner son magasin. Il rejoint quand même la côte, en voyage surprise. Il découvre avec effarement que les filles sont ici sans leur mère. Certes, elles peuvent compter sur un oncle – Jean-Pierre Bacri- et une tante – Zabou Breitman -, qui sont sur place, en vacances également. Mais quand même.

Le mari trompé pense avoir la preuve qu’il se trame quelque chose. Il devient violent avec sa femme, ce qui n’arrange pas les choses. On sent l’homme désespéré qui dépasse les bornes. C’est éprouvant mais très typique d’une époque et/ou d’une mentalité.

Bacri qui est le tonton rigolo et qui a réussi lui, tente de ramener le proscrit dans la zone de confiance inter-familiale. Sans doute pense-t-il avant tout à protéger les fillettes, qui ont besoin de leurs deux parents.

La séparation est inéluctable, mais elle s’accomplira désormais de manière moins insupportable. C’est la sagesse des familles, qui fait mieux que la judiciarisation extrême et l’envenimement des situations. Même quand on a été trop loin.

L’histoire de ces enfants, soit dans leurs amourettes, soit dans leurs petits délits, soit profondément perturbés par cette séparation inévitable, est un récit en soi. Il y a une minutie et une vérité dans les détails de chacun, selon leur âge et leur caractère, qui font de l’ensemble une grande peinture. C’est d’autant plus bouleversant qu’il n’y a aucun pathos là derrière.

Cette narration solide et nostalgique est envoûtante. Elle s’appuie sur une conception réaliste, intelligente et délicate. Cela ne m’étonnerait pas qu’il y ait une part d’autobiographie dans ce petit monde des années 50, à taille humaine, où circulaient paisiblement les dauphines, frégates et versailles.

https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Baule-les-Pins_(film)

Diane Kurys


Nathalie Baye

Richard Berry
Zabou Breitman
Jean-Pierre Bacri
Envoi
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