La chasse (La Caza) (1966) 7/10

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Et si le problème de Saura était qu’il n’aime pas les gens ?

Une belle prise de vue en noir et blanc, dans un désert espagnol aride, avec des acteurs fétiches de notre réalisateur. Les acteurs récurrents au point qu’ils nous semblent proches. Ces potes de longue date deviennent facilement des nôtres à nous aussi.

Nos trois chasseurs principaux sont des camarades sur le qui-vive. Dans le passé, ils ont fait des affaires ensemble, ce qui tend à relativiser l’affection. Ils connaissent chacun leurs défauts et ils vont en découvrir d’autres chemin faisant.

Ils accomplissent ensemble ce rituel cathartique de la chasse, mais on voit bien qu’au fond ils se craignent.

Un pauvre ère boiteux qui squatte les lieux apporte la logistique contre menu monnaie. Nos passionnés d’armes ne sont pas tendres avec lui.

Sa fille, à peine nubile, apporte une petite coloration féminine et sexuée à l’ensemble. Connaissant Saura, on se demande bien si elle ne va pas finir violée. Il n’en sera rien.

Dans le trio majeur, celui qui a fait son chemin dans la vie a une forte personnalité. Il a amené son fils avec lui. Le jeune est déjà un petit monsieur. Il travaille dans l’entreprise de son père. Il a bon caractère et regarde cette tribu, de loin, mais avec bienveillance. Il sera amené à découvrir les vieilles et les nouvelles histoires qui tiraillent ces bonshommes burinés. Il s’agit d’histoires de femmes qui passent de l’un à l’autre, de l’étalage de la réussite ou de la dissimulation de l’échec, avec bien entendu des questions d’argent.

Un autre, tout aussi fort en gueule est aux abois, très proche de la rupture. Le riche est son dernier espoir d’être renfloué. Mais ce dernier n’apprécie pas qu’on mélange pognon et amitié. Il le rabroue fermement. On croit l’affaire classée. Mais au fond la rancune persiste.

Le troisième larron est plus mou et il passe son temps à boire. Il reste lucide comme tout bon alcoolique. Il observe les deux autres. Comme il fait n’importe quoi, et vu la tension grandissante, il va finir par se faire casser la gueule.

A partir de là, à des degrés divers, tout le monde se déteste. Et ces gars ont des armes !

Le film est assez inégal. On peut retenir de belles esquisses de caractères et des tableaux intéressants.

Il y a une crudité embarrassante dans l’exposition de la mort des bêtes. On n’est pas loin de la cruauté et de la complaisance. Pas celle d’un pervers, mais plutôt celle d’un réalisateur qui veut nous en boucher un coin. Un exercice un peu stérile.

Mais le long métrage a aussi quelque chose d’inachevé et d’un peu laborieux. Dommage, car cela aurait pu être une œuvre majeure. En dehors du phénoménal Cria cuervos, il manque toujours quelque chose dans son cinéma.

On sent que l’auteur a vraiment envie d’en finir avec ses personnages. Ce qu’il fera de la manière la plus radicale qui soit, mais un peu trop comme un exercice imposé.

https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Chasse_(film,_1966)

Ismael Merlo
Alfredo Mayo
José María Prada

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