La Cité disparue (Legend of the Lost) (1957) 6.5/10

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Un cowboy lâché dans le désert franco-saharien, à la recherche d’un fabuleux trésor laissé par une civilisation perdue, dans un film américano-italien !

Et ce pistolero n’est pas des moindres. Il s’agit même du plus connu d’entre eux, John Wayne en personne. Et pour accentuer cet exotisme débridé, on y rajoute une belle Romaine insoumise, plus ou moins dévêtue, Sophia Loren !

Comment avec un tel mélange conserver un peu de crédibilité ? Eh bien, le réalisateur Henry Hathaway se donne la peine de nous transposer pas loin de la vraie Algérie de l’époque, avec pas mal de lieux emblématiques et de belles références.

  • Par hasard, une heure avant je visionnais l’excellent reportage de Pierre Brouwers sur des lieux similaires : « Algérie, grande bleue, grand sud ». J’atteste donc que cela a bien été tourné dans le Sahara… mais dans le désert de Libye. Avec quelques pancartes françaises, c’est tout comme. Et tourner dans ce pays en effervescence, alors que se déroulant la Bataille d‘Alger (1957) aurait été suicidaire.
  • Certes la fabuleuse Cité perdue n’est pas dans le grand sud algérien, comme il est prétendu ici, puisque c’est la fameuse Leptis Magna de l’ex-république de Carthage. Pourtant il y avait d’incroyables sites archéologiques en Algérie. Pour le reste, ces déserts se ressemblent, qu’ils ne soient que des dunes de sable, ou de petites montagnes pleines de cailloux.

L’action est classique. Les explorateurs à la recherche du trésor, vont forcément être poussées à leurs limites, assoiffés et pris par le doute. La fortune cela se mérite !

Le fils, qui croit dur comme fer aux pistes laissés par son savant de père – dont l’inévitable carte au trésor – sera porté par une foi inébranlable. C’est Rossano Brazzi, au « look » foncièrement respectable, qui incarne cet animal civilisé. Il est l’instigateur de la mission.

Sophie le suivra, même si on lui a interdit. Qui pouvait en douter ? On ne laisse pas sur le carreau une figure majeure comme elle et/ou une interprète si grassement payée. Ici c’est une petite prostituée qui aimerait bien se (re)convertir. Elle croit en sa bonne étoile et cherchera le salut dans l’abstinence passagère, dans les chastes bras du commanditaire auréolé. Mais la tentation de la chair est bien là, surtout du côté de ces grands producteurs de testostérone.

John Wayne gade les pieds sur terre. Il n’a pas trop d’illusion quant à ce magot. Il guide ces deux là, tant qu’on le paye et qu’il n’a pas atteint le point de non-retour. Mais bien entendu, sous ses airs bourrus, il est supposé cacher un coeur d’or, as usual. Il restera aussi correct qui le peut et le plus longtemps possible. Mais son appétence pour l’alcool n’aidera pas.

Comme il est dit dans le film, deux mâles avec une femelle (*) femme, cela ne peut que de mal tourner. Les deux hommes vont s’expliquer. C’est à dire qu’ils vont s’envoyer de furieux coups de poing. Sophia interrompra la « discussion » en cognant avec sa poêle à frire sur le plus costaud. On est dans les années 50 et dans le cinéma d’inspiration US. Il n’y a pas de place pour un simple débat d’idées. Le conflit ne peut se résoudre qu’avec la force brute. Cela correspond à une sorte de jugement de dieu. Justice sera donc faite. Le pauvre apprenti explorateur, le « fils de », gagné par je ne sais quelle folie, sera abattu en légitime défense par John.

Le trésor matériel sera abandonné au profit du trésor moral qu’engendre l’union de deux êtres francs et honnêtes, et qui sont ainsi passés tous deux par la case rédemption. Ce n’est pas forcément le message que j’aurais donné. Mais dans le cinéma de l’époque, cela fonctionnait comme cela. Amen.

Pour être parfaitement objectif, il faut préciser que ce n’est pas vraiment un choix, simplement on ne retrouve pas la deuxième cachette.

Ce n’est pas à proprement parlé un mauvais film. Les petites pincées de psychologie sont rares mais honorables. Le désert et les ruines sont bien mis en valeur. Mais le film surfe sur le tsunami filmique des années 50 sur les trésors enfouis et/ou la fièvre de l’or. Pour ne citer qu’un exemple, vous remplacez l’Algérie par le Pérou et John Wayne par Charlton Heston et cela donne Le Secret des Incas (1954).

Il y a de quoi se lasser de la pacotille. Mais c’est un appétit classique après une époque de restriction.

  • (*) MeToo, qui n’a pas d’objection pour le terme « mâle » bien au contraire, surtout si c’est dit avec mépris, me commande fermement de remplacer « femelle » par femme. Ce qui donne une phrase certes bancale mais politiquement correcte. Ce déséquilibre étant supposé compenser des millénaires d’infemmies (néologisme voulu, dont je cède volontiers les droits d’auteur) – S’il n’y a que cela pour leur faire plaisir !

https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Cit%C3%A9_disparue

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