Ce film grandiose, au sens formel, sait profiter du Cinérama, un procédé panoramique très étiré (anamorphose).
- L’objectif embrasse énormément de choses et reste sans distorsion lorsqu’il est au repos. Par contre si on rajoute des personnes en mouvement, il faut faire très attention pour ne pas avoir d’effets bizarres. Le mouvement de la caméra reste un procédé hasardeux. Il est donc peu utilisé ici.
Ce country-soap-opéra-spatial est mis en musique par la récurrente chanson cowboy Greensleeves.
« How the West Was Won » est une immense saga, qui sélectionne certains aspects de cette conquête, par le biais d’une histoire familiale filée.
Le récit est plein d’a priori, et il faut à tout pris que cela passe. Cet esprit pionnier exagéré pourrait nous pousser à rétropédaler en un wokisme anachronique.
A l’époque il y avait les « sauvages » d’un côté et les progrès de la civilisation de l’autre. Qu’importait les dégâts chez les natifs et dans la nature.
Quelques allusions écologiques ou en faveur de la sauvegarde de quelque Indiens dociles, sont quand même glissées ici ou là.
L’Ouest a été « gagnée » selon le titre américain. C’est donc que cette « récompense » était méritée. En tout cas, du point de vue des conquérants.
Alors Stairway to Heaven ou Course à l’Abîme ?
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Cela démarre gaiement avec un Karl Malden barbu, très ouvert et qui cherche le contact. Ce chef de famille impérieux oblige son petit clan à se diriger vers ce qu’il entrevoit, en tant que nouveau pays de Cocagne. Il a plus la bougeotte que sa femme et ses deux belles filles innocentes. Ces femmes en devenir vont occuper une grande place tout au long du scénario. Ici elles sont encore jouvencelles ; en théorie.
Mais l’une d’entre elles, Carroll Baker, tombera folle dingue du trappeur atypique joué par un vieillissant James Stewart.
Ce gaillard remplit régulièrement son embarcation de peaux de castor et s’en va dépenser son argent en alcool et en femmes de petite vertu. Mais il n’est pas insensible aux attraits passionnés de Carroll.
Il ira voir une dernière fois « bête des cavernes » sous les traits de la sirène maléfique Brigid Bazlen. Il s’en mordra les doigts et reviendra sauver le clan Malden. Les parents, qui pour épargner quelques sous, ont privilégié le radeau de fortune, finiront par se noyer.
Debbie Reynolds est la sœur de la précédente Carroll Baker. Elle est douée pour le chant et la danse, façon amusements de saloon. Forte tête, elle suivra son propre chemin, en rejoignant une caravane. Elle a fait un héritage d’un admirateur lointain, sous la forme d’une mine d’or. L’aventurier Gregory Peck a entendu le message et fait la cour à Debbie pour l’amadouer. Il est couvert de dette et voudrait bien ce magot.
On a l’inévitable attaque de méchants Cheyennes et de nombreuses autres difficultés. Peck sait se rendre indispensable. Il finira par convaincre Debbie de se marier avec lui. Il est quand même subjugué par cette femme talentueuse. Ils auront des enfants dont un qui est amené à grandir en George Peppard.
Le temps passe, des enfants se développent, on repasse en mode Carroll Baker et c’est la guerre Nord Sud. Curieusement l’argument de lutte contre l’esclavage n’est pas évoqué, on s’en tient à des considérations économiques.
Peppard convainc sa mère très réticente de rejoindre le front. Le papa James Stewart est déjà là bas. Il y laissera sa peau. Et comme il se doit, le fils prodigue George s’illustrera héroïquement, en sauvant le général Ulysses S. Grant. La barre a été mise très haut.
La paix civile revenue, on passe au « cheval de fer ». Les entreprises Est-Ouest et les Ouest-Est se font une rude concurrence. Peppard est chargé de la sécurité mais démissionnera pour divergence de vue. Richard Widmark fait des promesses aux natifs, qui ne seront pas tenues. La vengeance passera par une charge orientée de bisons.
A l’inverse de ce mauvais personnage, le désormais moustachu Henry Fonda, figure un trappeur anachorète, qui lui préserve les lieux et les occupants des origines.
Pour finir, on est enfin tout à l’Ouest. Peck s’est endetté à nouveau, puis il décède. La veuve Debbie assistera à la vente des derniers biens.
Peppard, le neveu, a une famille aimante et il est devenu shériff. Debbie les rejoint.
Eli Wallach, méchant comme d’habitude, veut régler son affaire à cet empêcheur de tourner en rond. Il souhaite avoir les mains libres pour dérober l’or du train.
Comme dans tous les westerns de cette époque. Les méchants seront châtiés et les gentils honorés.
Les nœuds autoroutiers sont supposer montrer La Fin de l’histoire. Le progrès est désormais total, selon les canons (pollués) des années 60.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Conqu%C3%AAte_de_l%27Ouest
https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Conqu%C3%AAte_de_l%27Ouest_(film)