La diablesse en collant rose (Heller in Pink Tights) (1960) 6/10

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Avec un titre qui met en scène un Diable féminin en tenue affriolante, on est bien entendu dans le registre du teasing sexuel. Cela participe de ce prudent réveil des sens, du début des années 60. Bien entendu tout cela reste encore très soft. Ce ne sont que des propos allusifs et des postures évocatrices. On n’y va pas encore franco.

D’ailleurs dans ce long métrage, le sexe est virtuel, il n’est qu’une série de promesses non tenues par Sophia Loren, qui s’en sert pour manipuler des hommes riches au profit d’un troupe de théâtre. Rien de bien méchant.

L’histoire du cinéma nous révèle qu’il y a d’abord eu une période débridée, où toutes ces choses étaient plus clairement évoquées. On devrait à Georges Méliès la première scène de nu intégral dès 1897.

On gardait une certaine décence le plus souvent, mais le moteur du désir était nettement identifiable. Il l’emportait sur les « bons sentiments ».

A noter qu’il y avait même du porno à l’époque du muet. Vous trouverez cela avec le mot clef Vintage sur vos sites libidineux préférés.

Et par la suite, et c’est bien connu, une censure massive s’est abattue sur les films. Soit qu’elle était convenue, soit qu’elle était imposée par des chartes bien précises. Le tristement célèbre Code Hays date de 1930. Le tabou et le répressif sont la force des prêtres. C’est dans la contrainte qu’ils gardent le pouvoir. C’est comme cela depuis la nuit des temps.

Et les scénarios sont devenus curieusement elliptiques. Du genre, on voit un baiser… puis la camera se tourne vers la fenêtre, ou bien on passe au lendemain. Les ruses sont nombreuses.

Avec l’apologie du mariage et la mise au ban réglementée de l’extraconjugal et du sexe en général, on a fini par créer un monde rigoriste étrange. Mais les spectateurs s’y sont habitués. Et cela a sans doute forgé de nouvelles consciences. Beaucoup de ceux qui ont vécu cette époque entretiennent des relations curieuses entre sexualité et interdit. En tout cas on voit cela clairement dans le sursaut du nouveau cinéma, qui prétendait faire exploser cette chape.

En réalité le film n’est qu’un prétexte à la confrontation de deux géants. Le robuste Anthony Quinn et la puissante Sophia Loren. Un roi et une reine. On pourrait rêver d’ailleurs de plus d’étincelles amoureuses, ou à l’inverse de plus d’antagonisme, et de moins de sentiments convenus.

L’histoire oppose des artistes plus ou moins talentueux et des cow-boys plutôt mal dégrossis. Ici on se moque des deux mondes. La représentation de Mazeppa, condamné à se trimbaler nu, attaché, et couché sur un cheval au galop, va les rapprocher en mêlant action, coquinerie et souffle lyrique.

Pour le reste, on pourrait dire que George Cukor nous fait un semi-western, ou une semi-comédie de mœurs, bien classique.

C’est produit par Carlo Ponti qui est l’heureux mari de Sophia Loren. Il le restera toute sa longue vie.

https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Diablesse_en_collant_rose

Anthony Quinn
Sophia Loren
Steve Forrest

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