La folie Van Gogh + Artaud, bipolaire, borderline, toxico

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Petite réflexion suite à la critique du film phénoménal : At Eternity’s gate (2019) analyse avis 8.5/10 Van Gogh = Willem Dafoe

Les experts pensent que Van Gogh a été bipolaire et borderline. Et sans doute toxico à l’absinthe.

Ce fou douloureux, à la fois incandescent en dedans et terne au dehors, nous emmène loin.

Comme ce redoutable épisode de l’oreille coupée, qui est présenté ici comme une dérangeante offrande, une ultime tentative de communication avec les « Autres ».

Sans cesse tourné vers ceux qu’il aime avec une béatitude christique. Et ce malgré tout le rejet qu’ils lui opposent. « Père pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font » (Luc 23, 34)

Il offre sa douleur expiatoire, sans avoir l’indécence de se plaindre et dans l’incapacité de communiquer autrement. Il fait un sacrifice de sa personne, au sens premier, pour tenter d’amadouer ces redoutables « Autres ».

Et au final, il reste persuadé du bien fondé de son acte effrayant.

Sur la question de la « normalité » et du « génie ».

« J’ai acquis, en lisant les lettres de Van Gogh à son frère, la conviction ferme et sincère que le Docteur Gachet, « psychiatre », détestait en réalité Van Gogh, peintre, et qu’il le détestait comme peintre, mais par dessus tout comme génie. » Antonin Artaud dans « Van Gogh le suicidé de la société »

Difficile de concilier l’aspiration à une guérison potentiellement stérile avec l’abondance créative espérée dans la souffrance.

« Un fou, Van Gogh ? Que celui qui a su un jour regarder une face humaine regarde le portrait de Van Gogh par lui-même, je pense à celui avec un chapeau mou. Peinte par Van Gogh extra-lucide, cette figure de boucher roux, qui nous inspecte et nous épie, qui nous scrute d’un œil torve aussi. Je ne connais pas un seul psychiatre qui saurait scruter un visage d’homme avec une force aussi écrasante et en disséquer comme au tranchoir l’irréfragable psychologie. » Antonin Artaud dans « Van Gogh le suicidé de la société »

« Il n’y a pas de fantômes dans les tableaux de Van Gogh, pas de visions, pas d’hallucinations. C’est de la vérité torride d’un soleil de deux heures de l’après-midi. Un lent cauchemar génésique petit à petit élucidé. Sans cauchemar et sans effet. Mais la souffrance du prénatal y est » Antonin Artaud dans « Van Gogh le suicidé de la société »

Il tend à chacun d’entre nous de révoltantes oreilles sanguinolentes. Il se « dissocie » morceau par morceau, en pensant finir par toucher l’Eternité. Et nous dit « regarde comme c’est beau ». Contresens absurde et sublime à la fois.

Dans chaque martyr, il y a cette ambivalence.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Van_Gogh_le_suicid%C3%A9_de_la_soci%C3%A9t%C3%A9

Et si on changeait le sens de notre regard ?

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