L’astuce est de faire mal jouer sciemment de grands comédiens.
Un théâtre de deuxième zone emploie deux bras cassés. Jules Berry et Michel Simon sont tellement mauvais qu’ils ne font plus que de la figuration. Pour tenter de s’en sortir, ils inventent un stratagème pour se faire de la publicité.
Les deux vont feindre d’être des rivaux qui se déchirent pour les beaux yeux de Myra (Marie Glory). C’est une séduisante actrice, pas très douée non plus, mais qui est la tête d’affiche. Elle n’a vraiment rien à faire de ces minables.
Michel Simon est chargé de faire semblant d’assassiner son compétiteur, par jalousie. Jules Berry se planque un temps. Il change carrément de pays. Avec les indices laissés, on le croit dépecé.
Il y aura un procès. Et si tout se passe bien, il réapparaîtra alors pour dénoncer une erreur judiciaire et sauver son camarade. Le tout sous les feux de projecteurs, avec pour horizon un grand rebond dans leur carrière. Et bien entendu tout ne se passe pas comme prévu. L’un et l’autre, dans des lieux bien différents, sont condamnés à la peine de mort.
Le procès stalinien de Berry est cousu de fil blanc, puisqu’il se base sur une ressemblance jusqu’à l’absurde, avec un haut gradé de là bas.
Les deux affaires sont l’occasion de morceaux de bravoure des uns et des autres, mais dans un anti-jeu d’acteur. Ils sont cabots, ils sont mauvais.
Bien entendu, on ne va pas exécuter nos grands acteurs ! Ils seront sauvés et réhabilités. Mais la publicité escomptée va juste leur permettre de distribuer des tracts devant le théâtre, en tant que plantons. C’est Myra et le directeur madré qui empochent la mise.
Le film a un scénario vraiment tiré par les cheveux. Même si l’idée de base est bonne. Mais quel plaisir de voir nos deux personnalités faire leur numéro !
Le réalisateur André Berthomieu, ancien comptable, syndicaliste de la CGT, tâcheron du cinéma, n’en est pas resté là, puisqu’il s’est permis un remake en 1955 !
https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Mort_en_fuite
Jules Berry Michel Simon Mary Glory Fernande Albany Gaston Mauger
Boudu