O tempora, o mores ! Autres temps, autres mœurs.
On voudrait bien pouvoir désamorcer la très prévisible colère de nos féministes les plus extrémistes, si par malheur, il leur prenait l’envie de voir ce film.
On peut les comprendre. Hugo Fregonese réalisateur et co-scénariste n’y va pas avec le dos la cuillère.
Ces soldats bleus, mais quand même sud-américains, sont très agités. Ils quittent le navire en masse. Alors qu’on manque déjà de bras. Ça tombe au plus mal car plusieurs menaces pourraient de venir à bout de leur modeste fort :
- Des méchants indiens qui ressemblent furieusement à leurs collègues d’Amérique du nord. Ce qui fait aussi étrange.
- Une bande de renégats dont ces déserteurs.
Mais nos gars n’en ont cure. L’urgence est ailleurs. Ils en ont assez de ne plus avoir de relations sexuelles depuis des mois, des années. C’est la seule revendication. Ils voudraient une sorte de bordel militaire intra muros.
- On n’est pas là dans une évocation romantique du désir, mais dans un tableau assez bestial des contraintes dues au besoin.
Le capitaine forme une expédition pour leur ramener un « troupeau » de prostituées consentantes. Les militaires n’ont pas eu l’occasion de dépenser leur solde depuis belle lurette. Il y a du pognon à se faire.
Sitôt en présence des donzelles, les esprits s’énervent. Nos excités veulent forniquer sur le champ.
Leur commandant est incarné par Robert Taylor, une référence incontestée à Hollywood. Au début, il arrive à contrôler ses lapins armés.
Mais figurez-vous que cette référence morale du cinéma, se laisse aller lui aussi.
D’abord, il autorise nos priapiques tuniques bleues à faire les figures imposées qu’ils demandent, sans attendre le retour.
Mais, plus grave, notre vieux bouc – l’autorité – se sert aussi ; et pas dans la masse parfumée des professionnelles.
Non, lui il embarque sous le bras une très jeune serveuse indienne qui n’a rien demandé de tel. Elle se débat. En clair, il n’y a pas à tortiller c’est un viol. Mais la maison de production ne le présente pas comme tel, et passe ce crime sous silence.
Selon la vieille tradition machiste, l’Indienne serait même contente de son sort, comme le montre les plans suivants.
Et donc voilà un western totalement amoral. Ce n’est pas le premier. Quoique le code Hays avait veillé au grain jusque là. Le fait que cela se passe en Argentine permettrait-il un contournement ?
Seule particularité, pour une fois ces Américains ne se battent pas pour l’or ou pour une sombre vengeance.
Je mets 7/10, non pas pour montrer une certaine complaisance, mais parce que le côté déroutant mérite qu’on y fasse une halte… et qu’on y réfléchisse. Un film n’est qu’un film, et considéré à partir de maintenant, je n’y vois pas une incitation à ces violences.
PS: la prise de vue est belle et soignée. Mais j’observe sur mon très grand écran (2 mètres) un net vignettage par moment ainsi que des scènes au contraste trop marqué. Problème techniques ?
https://en.wikipedia.org/wiki/Savage_Pampas_(1966_film)
—