La Princesse errante, Hiro Saga, Puyi, Pujie. Point de vue images. 4/10

Temps de lecture : 4 minutes

Cela se passe dans la Mandchourie occupée par les Japonais. Le film porte plus précisément sur les tracas domestiques du gouvernement monarchique chinois, qui a été mis à la tête de cette entité fantoche.

Ces personnages de grande lignée vivent encore dans leur rêves de grandeur passée, alors qu’ils sont uniquement là pour étayer la thèse délirante d’un rapprochement pacifique entre les deux pays ; l’agresseur japonais et la proie chinoise.

Ils n’ont strictement aucun pouvoir et cette supposée direction est totalement bidon.

Le film est basé sur la biographie complaisante de la princesse japonaise Hiro Saga elle-même. Pas étonnant que les aspérités anti-nippones soient très émoussées.

Ces gens, accrochés à un passé glorieux fictif, se font encore des illusions.

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On a d’un côté Le Dernier Empereur chinois sur son petit carré résiduel, le Mandchoukouo. Il est accompagné de sa jolie femme en très mauvaise santé. Et à l’autre bord on trouve le frère de cet empereur, qu’on a amené à épouser la princesse japonaise éponyme.

Cette union fabriquée est là pour paraître resserrer les liens entre ces deux peuples, qui s’opposent de longue date. Ce n’est que de la frime qui profite exclusivement au pouvoir Japonais.

Le film pro-domo est contaminé par une intense romantisation. Il nous impose des partis pris favorables à cette clique dégénérée, qui pour l’essentiel, pactise avec l’envahisseur. Il tait la veulerie de la fin de règne de Puyi. La réalisatrice Kinuyo Tanaka est japonaise, ce qui ne nous étonne pas.

Cet étrange scénario, pourtant fidèle dans les très grandes lignes factuelles, pêche dans la psychologie et le déterminisme des protagonistes :

Il nous fait passer l’empereur impuissant, ex « prince mondain », qui a couru pour recouvrer son titre, pour un bon chef de famille et un individu à poigne. Et là c’est vraiment n’importe quoi ; plusieurs épouses successives et de nombreuses concubines pour ce dragueur impénitent ; toutes pas moches du tout ; et une poigne bien molle. Il se couche en toutes circonstances, autant sur son lit avec ses maîtresses que devant l’occupant.

Sa femme Wan Rong, nous est vendue comme une pauvresse ballottée par les évènements. On devrait la plaindre dans l’absolu, quelles que soient les circonstances politiques. Alors que ce n’était qu’une droguée, qui profitait tout autant que son mari, des compromissions en tous genres.

Le règne en Mandchourie a quand même duré un bon moment (1932-1945), nos collabos impériaux avaient le temps de se rendre compte de l’étendue de cette gigantesque tromperie et des souffrances infligées à leurs « sujets » par l’ennemi. Qu’on arrête de nous raconter des blagues !

La princesse japonaise Hiro Saga / Ryūkō, qui fait le titre, est également nimbée d’une aura exagérément flatteuse. Un vrai Christ en femme. On note aussi une indulgence coupable pour son mari Pujie / Futetsu, le frère impérial, autre présumé sacrifié de l’histoire.

On nous fait le coup de Hiro Saga, une femme fidèle et aimante jusqu’à la mort et dont le courage sans faille lui permet de surmonter toutes les épreuves. Elle en a certes bavé. Mais bien moins que les massacrés chinois, du fait des Japonais avec lesquels toute cette famille de profiteurs était impliquée. En réalité elle survivra à l’adversité.

Sa fille choyée Eisen / Aisin-Gioro Huisheng, devient l’héritière virtuelle du trône chinois (dernière de la dynastie Qing). Du fait de la stérilité du couple impérial, il n’y a que cette nièce qui reste. De retour en homeland, la petite se serait suicidée après-guerre, dans ce Japon redevenu paisible. Ce dernier point, affirmé en tant que tel dans le film, n’est pas très clair dans les biographies. Suicide ou non ? Le film laisse à penser que cette autolyse, réelle ou supposée, serait en rapport avec son histoire tourmentée et le poids dynastique. Une autre thèse parle d’un chagrin d’amour.

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Bref tout cela dégouline de pathos surfait à la Point de vue et images du monde. A moins que cela soit les mièvreries que l’on trouve dans Nous deux. Il serait pour le moins étonnant que Frédéric Mitterrand, notre rabatteur de gonzesses à pedigree et ardent défenseur du principe monarchique, n’ait pas encore jeté ses griffes limées sur ce personnage. En général, il saute sur tout ce qui larmoie ou fait larmoyer.

Voilà sans doute de quoi pleurer à bon compte dans les chaumières. Cette mystification, soit dit en passant conforte tous les « parasites » royaux dans leur suffisance des plus hautaines. Ils nous conchient, profitent de nous sans contreparties, jouissent de privilèges uniquement du fait de leur naissance, et on les encensent encore !

  • Cet état de fait qui perdure de nos jours, ne devrait pas réjouir un peuple républicain comme le notre. L’histoire de nos prédécesseurs des Lumières, montre qu’on est souvent mort pour abolir cet anachronisme. Je sais bien que ce combat est perdu d’avance. Il suffit de zieuter l’attention mystique portée par certains de nos cons-citoyens à la cour de Grande-Bretagne, pour perdre toutes nos illusions. Mon dieu que le « peuple », si cher à Mélenchon, est parfois très bête.

https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Princesse_errante

https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Dernier_Empereur

https://fr.wikipedia.org/wiki/Puyi

https://fr.wikipedia.org/wiki/Hiro_Saga

https://fr.wikipedia.org/wiki/Wan_Rong

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