La taverne de l’Irlandais (1963) 5/10 John Wayne, Lee Marvin – John Ford

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Donovan’s Reef

Je ne sais pas pourquoi ce film garde encore cette aura mythique.

En réalité, c’est une de ces énièmes comédies américaines de cette époque, au conformisme lassant.

  • L’exotisme convenu de la Polynésie française (hum Hawaï!), ce paradis obligatoire, ne saurait occulter la platitude du film.
  • Le mythe de la jeune femme stricte et cassante qui se transforme en gentille fille aimante, par le seul baiser d’un John Wayne, on nous la déjà fait. C’est la resucée de l’éternelle secrétaire à chignon et lunettes, quasi vieille fille, qui finit par laisser tomber ses cheveux et se transformer en bombasse toute chaude, dans les bras d’un homme. Du cinéma, rien que du cinéma ! On ne marche plus.
  • La fraternité de la bouteille, confortée en s’en foutant le plus possible sur la gueule, qui peut y croire encore ? C’est supposé enthousiasmant. La réalité de cet alcoolisme généralisé est bien moins brillante (*). Ah, les gars de la marine (Navy) !
  • Et puis il y a cet antiracisme larmoyant, qui flatte le paternalisme protecteur du bon sauvage du cru. Une bluette surtout destinée à amadouer les âmes sensibles.
  • C’est le couplet habituel du « tous frères », qu’on chante juste le soir de Noël, pour se donner bonne conscience. La réalité reprend le dessus, dès le lendemain.
  • D’ailleurs, il y a bien moins d’indulgence et bien plus de clichés pour les asiatiques du film.
  • Quant à la mythologie de l’Irlandais, elle ne vaut pas tripette non plus.

Les acteurs.

  • Cesar Romero, en gouverneur français local, est une caricature en tant que telle, voulue par le scénario. Mais d’abord le comédien est clairement hispanique et d’origine cubaine. Et le problème, pour nous Français, c’est que le personnage fait plutôt aristocrate italien d’opérette. Pas très frenchie en somme.
  • A noter qu’à part les pancartes, il n’y a absolument rien d’hexagonal sur l’île.

En fait, c’est bien entendu tourné à Hawaï. Et donc aux USA.

  • Il y a-t-il seulement un Français à l’écran ? Oui, le larmoyant curé, figuré par le pauvre Dalio qui en fait des tonnes. Variations classiques sur la toiture crevée de l’église.
  • Lee Marvin n’est pas bon, pour une fois. Mais ce n’est sans doute pas de sa faute. Son rôle est calamiteux.
  • Le bon docteur, interprété par John Warden, ne laissera pas de grands souvenirs non plus. Passé minuit, ce petit Dr Schweitzer de Boston, assumera sa vie double. Sa « faute » ? Il a des enfants métisses ! Un demi mal ?
  • Elisabeth Allen, celle dont la moralité étroite se dissoudra sous la fessée de John Wayne, garde quand même la tête haute, dans ce mélo-comique de pacotille.
  • John Wayne est vieillissant et son histoire d’amour avec cette jolie fleur est peu crédible. Il est quand même né en 1894 (69 ans). C’est son dernier film avec John Ford. Cela donne une idée du temps qui passe.
  • Mais peut être que cette jeune femme est juste attirée par le grand prestige de l’acteur. Oups, dans cette configuration là, on sort du cadre.
  • Les gamins font ce qu’ils peuvent pour amadouer le spectateur. Insuffisant !

John Ford, le réalisateur cow-boy paraît peu à l’aise dans les films sans colts ni fusillades.

On voudrait peut être nous faire croire, qu’avec ce film, les Américains hors de leur territoire feraient preuve enfin d’humilité. Je n’en crois pas un mot.

(*) Pour l’anecdote, lors de mon service militaire, en tant qu’aspirant officier médecin, j’ai eu l’occasion de voir de ces comas éthyliques extrêmes de légionnaires, ou ces sous-officiers rongés par l’alcoolisme. C’est tout sauf poétique ou digne d’être filmé.

https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Taverne_de_l%27Irlandais

John Wayne
Lee Marvin
Jack Warden
Elizabeth Allen

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