La Tour infernale. McQueen, Newman, feu sacré. 8/10

Il est grand temps de réhabiliter ce film épique, les parodies moqueuses nous en ayant détourné trop longtemps.

Pour une fois, dans un film catastrophe, les situations dramatiques sont multiples et crédibles. Le suspense n’est jamais artificiel. Et l’héroïsme demeure à taille humaine.

L’abondance de grandes vedettes n’est pas un cache misère, comme dans tant d’autres réalisations du genre. Pendant ces 165 minutes, on reste bien attentif, car le rythme est bon, le montage parfait (Oscar) et les plans sont clairs et recherchés (Oscar).

Les tableaux de commande ne servent pas juste à tapoter stupidement et nerveusement, comme on le voit trop souvent et encore maintenant. Chaque élément a son utilité et vient fort à propos. Le versant technique n’a pas du tout été négligé.

On est frappé par la cohérence de l’ensemble. Par ailleurs les maquettes donnent le change. Là encore, c’est loin d’être courant.

La destruction progressive de la tour s’accompagne d’une mise en place méthodique des secours. La bravoure des uns et le professionnalisme des autres, permettant de sauver autant de personnes que possible.

Mais il n’y a pas de miracles. La balance penche forcément en faveur de ce feu infernal.

  • Steve McQueen est impeccable en colonel des pompiers. Il en est le chef exécutif, seul maître après dieu dans cette galère. C’est lui qui a voulu ce rôle précisément. En bon professionnel, il doit réagir rapidement et efficacement. Les ordres donnés sont très techniques et efficace et son autorité naturelle permet de grands pas. Sa fermeté paie. Quelle panache ! Petit bémol, pour les besoins du film, malgré d’épaisses fumées toxiques, les acteurs portent trop rarement le masque protecteur.
  • Paul Newman est l’architecte assez penaud de ce gratte-ciel de verre. A priori il n’est pas responsable du fiasco. Bien qu’à mon avis, un professionnel du bâtiment comme lui, ou un autre, aurait du s’assurer de la bonne exécution des travaux. C’est dans leurs prérogatives. Mais quelle classe !
  • Ces deux là réalisent des prouesses dans le rendu global, dans les expressions bien accordées et dans l’action. Des scènes acrobatiques ne sont même pas doublées.
  • C’est Richard Chamberlain et son beau père William Holden, qui ont mégoté sur le choix des matériaux, tout en se conformant pensent-ils à la réglementation en vigueur. Le problème c’est que cette tour est affichée comme la plus grande au monde et qu’elle est de conception toute particulière. Ils n’auraient vraiment pas du « jouer avec le feu ».
  • Susan Blakely, la fille de Holden dont le mariage avec Chamberlain tangue sérieusement, est innocente. Elle incarne la bonne conscience bafouée.
  • Ironie de l’histoire, O. J. Simpson est ici en 1974, très paradoxalement, le chef de la sécurité. Alors que dans la vraie vie il sera jugé responsable au civil de la mort de son épouse Nicole Brown en 1994. Il a aussi quelque part sur la conscience le décès de Ronald Goldman. Cerise sur le gâteau de cet « innocent » au pénal, il commet par la suite un vol à main armée avec enlèvement.
  • La grande Faye Dunaway est la compagne du beau Paul Newman. Elle saura bien se tenir. Mais je la préfère plus insouciante comme dans Little Big Man et même d’une certaint manière dans Bonnie et Clyde.
  • Fred Astaire fait le beau. En tant qu’acteur il sait qu’il a vieilli et le scénario en joue avec sa complicité. Il nous surprend quand même encore, en paraissant au dessus de la mêlée alors qu’il avouera à une Jennifer Jones, bidouillée par la chirurgie esthétique, qu’il n’est qu’un minable petit escroc.
  • Pour une fois, Robert Vaughn en sénateur et Robert Wagner en public-relation, jouent plutôt effacés. Mais ils sont bien présents.
  • On s’arrêtera ici avec Don Gordon, en capitaine des pompiers méritant.
  • Mais il y a d’autres comédiens dont le visage nous dit quelque chose.

La musique de John Williams fait le job.

Dommage que nos deux réalisateurs complémentaires, John Guillermin et Irwin Allen, mais aussi nos deux acteurs émérites, McQueen et Newman, n’aient pas eu l’Oscar.

Avec une mise de départ de 14 millions de dollars, le film en récoltera plus de 200. C’est mérité. Les gains gigantesques de ce type ne doivent pas scandaliser.

https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Tour_infernale

https://en.wikipedia.org/wiki/The_Towering_Inferno

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