L’ange du mal (Vallanzasca – Gli angeli del male) (2010) 5/10

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Narcisse, le crime et nous.

Vous n’en avez pas marre de ces films qui font l’apologie d’un gangster.

Prétendu code de l’honneur, bravoure, escapades épiques et beau physique, font que ce malfrat qui a vraiment existé, a été adoré de certaines femmes. Il s’agit de ces fans pitoyables qui ne cessent d’écrire aux prisonniers célèbres, une catégorie à part où règnent les hystériques. Et les auteurs voudraient qu’on marche nous aussi.

Pour tenter de sortir du sordide ordinaire de tels individus, on tente de transcender la proposition avec le combat du Bien (l’ange) et du Mal en un seul personnage. Peine perdue !

Peut-on vraiment être normal, voire au dessus des autres, quand on est un mafieux de cette trempe ? Là est la vraie question.

Les Italiens nous ont habitué à ces inversions de valeur. On a connu le terrorisme de la Fraction armée rouge et celui du bord opposé. Il y a toujours eu quelqu’un pour les défendre. La France s’est illustrée en protégeant certains de ces criminels. Et encore là, il y avait l’ombre d’un alibi politique.

Même la guerre « légale » ne peut être que sale, mais souvent légitimée par le souci de préserver le bien commun.

Par contre, les sanglants règlements de comptes internes, les mutilations « pour l’exemple », l’extorsion par le racket avec les représailles contre les récalcitrants, le commerce de la drogue, l’asservissement sexuel des femmes, les vols avec violence, et tous les autres crimes, ne sont que des horreurs qui visent qu’à faire le « bonheur » de quelques uns… au détriment de tous les autres.

Même en n’étant pas prude, comment se laisser avoir par ces exposés si manifestement complaisants ?

Facile, il suffit de gommer l’arrière plan et de ne voir que la « liberté » supposée de ces vies parallèles, les succès féminins et l’argent facile. It’s good to be the king, nous disait Mel Brooks (1981) et le « bon » public marche sans hésiter.

Je suis sûr qu’en sortant de la salle, quelques mâles paradent fièrement. C’est à dire qu’en s’identifiant à ce méchant « acceptable » et qui a réussi (un moment), ils entretiennent l’illusion d’être quelqu’un. Et ce n’est que du cinéma.

En ce qui concerne la frime de notre anti-héros, on ne comprend toujours pas au bout de 125 minutes, pourquoi c’est lui et aucun autre qui a été désigné comme roi. Le film le voulant hors sol, il ne faut pas compter sur lui pour les bonnes explications.

Tout ce que l’on comprend, c’est que notre Vallanzasca n’est vraiment pas un Robin des bois. Ni même une flèche (de Robin des bois). C’est un gagneur et puis c’est tout. Il aurait de l’humour. Comprenez que le gaillard narcissique joue avec son image… mais se prend très au sérieux.

La société n’est pas vacharde puisque malgré ses quatre peines à perpétuité et ses 290 années de prison, en ce moment même, il a le droit de sortir travailler en ville puis de revenir s’incarcérer dans l’établissement.

A l’écran c’est le jeune premier Kim Rossi Stuart. Il joue passablement détaché voire dilettante. Curieux qu’un caïd puisse être comme cela quand il a de telles responsabilités. A moins qu’il ne soit qu’un psychopathe de plus. C’est fort possible, mais c’est pas bon pour la légende. Donc, chut !

J’espère que ce film de plus de deux heures correspond à l’acmé de ce genre. Une thématique qui a parasité le cinéma, pratiquement depuis ses débuts. Et que désormais, on puisse retomber sur terre et faire à nouveau des longs métrages créatifs et originaux.

Accessoirement, si vraiment on est mordu par ce type de biopic, on peut aller voir Jacques Mesrine, L’Instinct de mort, avec Vincent Cassel (2008)

https://fr.wikipedia.org/wiki/L%27Ange_du_mal

Kim Rossi Stuart
Filippo Timi
Valeria Solarino

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