L’Arnaque (The Sting) (1973) 7/10

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Un grand classique, qui est bien dans l’esprit de cette époque où l’on glorifiait les malfrats rusés et séduisants.


Mais au fait qui est arnaqué, le pigeon ou le spectateur ?

A chaque visionnage je me demande si le piège complexe tendu à la victime est réellement imparable. Plusieurs facteurs sont aléatoires. Une bonne dose d’imprévu est toujours possible ou même probable. D’ailleurs le scénario rend compte de certaines hésitations qui pourraient bloquer l’entreprise. Il s’en sert même pour faire monter le suspense. Il existe des bifurcations qui permettent de revenir sur le bon chemin. Les plans B sont prévus. C’est habile.

L’arnaque centrale est amenée de manière très explicite. Les dialogues argotiques demandent pas mal d’attention. Mais on s’y retrouve. Les différentes phases sont présentées sur un panneau. On ne peut pas se tromper. Sans doute que cette manière de faire a été réintroduite, quand on s’est rendu compte que cette affaire était quand même un brin complexe.

Paul Newman est le maître du complot. Il est remarquable dans ce rôle. On ne peut s’empêcher de penser que ce comédien séducteur, charismatique, intelligent et visionnaire, est lui-même capable de nous emberlificoter. C’est dans le regard. Je le trouve plus solaire que Marlon Brando, et moins lisse que Robert Redford, pour ne citer qu’eux. Ce personnage sympathique et complexe a été un modèle pour sa génération.

Dans le film, c’est lui qui a en tête tous les paramètres. Et il en garde sous le capot. Sa stratégie repose sur des acolytes parfaitement conscients de ce qu’ils font. Ils doivent être avant tout d’excellents acteurs. Ce sont a priori des professionnels hors pair.

A mon avis, si le bas blesse, c’est plutôt du côté de cette incroyable cohésion de circonstance, sur laquelle repose toute la ruse. Ils sont trop nombreux et ils doivent tous être trop bons, pour qu’il n’y ait pas des faiblesses. Dans les polars français des années 70, les coups bas venaient principalement en interne, à cause de mauvais associés.

Robert Redford, le crocheteur, s’allie au chef arnaqueur, afin de faire l’entourloupe du siècle. Ils vont devoir rafler à un autre caïd, une demi million de dollars.

Notre blondinet a cependant deux grosses casseroles. Il est poursuivi par un gang qui ne rigole pas, car il les a volé. Il est aussi dans le collimateur d’un policier véreux (Charles Durning) à qui il a refilé des faux billets. Il cherche à dissimuler tout cela à son associé.

C’est là que le spectateur sera berné. On lui décrit en long et en large la façon d’arnaquer par un système de courses truquées. Mais on se garde bien de lui révéler une autre arnaque, qui a à voir avec celle qui précède et qui va se superposer adroitement à celle-ci.

  • Selon son interlocuteur, Redford peut être très différent. Il passe de solaire à soumis. C’est commandé par son rôle. Ce qui permet à ce caméléon de donner de beaux exemples de son talent. Il a été nominé pour cela à l’Oscar.

Le fin du fin est d’avoir choisi un affranchi d’envergure pour se faire pigeonner. Robert Shaw incarne un riche banquier qui sait composer avec le demi-monde et les mauvais garçons. Il organise des pokers truqués. Il est prêt à tout. Et on lui donne sur un plateau une partie de la combine. Il entre conscient dans une arnaque dans laquelle il sera lui même la victime. On lui fait même du teasing pour mieux le dévorer.


Ce captivant long métrage, de plus de deux heures, se dénoue au dernier moment. Et comme on est berné en long et en large, on a du mal à remettre en cause quoi que ce soit. C’est la sidération.

Et donc à chaque fois, sur ce fond de ragtime archi connu maintenant, je ne peux m’empêcher de me demander s’il n’y a pas une faille quelque part. Je n’ai toujours pas la réponse.

7 oscars tout de même.

A défaut d’être l’arnaque du siècle, le film a été l’affaire du siècle pour la production. Avec une mise de fond de 5 millions de dollars, il réalise rapidement plus de 150 millions de dollars

https://fr.wikipedia.org/wiki/L%27Arnaque

Paul Newman
Robert Redford
Robert Shaw
Charles Durning

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