Le code a changé (2009) 3/10

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Un film problématique, déjà de part ses problématiques, mais aussi pour tout le reste. J’expliquerai.

Revu ici :

En résumé, c’est du cinéma français mal ficelé, plat, ringard, paresseux, conformiste, prétentieux, ennuyeux… pour ne pas dire emm…

Sur le principe, c’est un huis clos tendu à l’occasion d’un repas annuel, sur fond de pseudo satire sociale. On appelait cela une comédie de mœurs quand cela avait encore ses lettres de noblesse. Ici, ce n’est qu’une approximation qui emprunte aux recettes du théâtre de boulevard, et qui est maladroitement transposée en film.

Déjà, ce trop long métrage est mal réalisé. Le début est confus, des individus nous parlent de nombreuses personnes invisibles, citent de nombreux noms, sans que l’on puisse les identifier. Humainement, c’est impossible à mémoriser. Et par la suite le découpage et les rebondissements faciles n’arrangent rien.


Le film est centré sur des agapes annuelles de copains, qui se tiennent chez un des couples. Cela tombe le jour de la fête de la musique. Comme un cheveu sur la soupe, cela n’apporte strictement rien. C’est juste l’histoire de nous mettre de temps en temps des fonds bigarrés et sonores.

La table, c’est le zinc, et on ne compte plus les propos de comptoir et les thématiques bateaux. Le tout est envoyé avec des formules toutes faites et des propos outrageusement « vendeurs ». Nous autres spectateurs sommes sommés de condamner l’hypocrisie et les faux semblants et patati et patata. Première thématique moraliste imposée. Rien de bien nouveau et c’est bien mieux fait ailleurs.

Ces sujets pour citadins repus, à la limite des bobos « conscientisés », sont servis par des personnages caricaturaux. Quand on voit comment tout cela est mal traité, on ne peut que convenir que ceux qui nous montrent cela, ne sont que de pauvres amateurs porteurs de la doxa. Ils se sont égarés dans les pages de Cosmopolitan ou ELLE (ça existe encore?). Ils ne maîtrisent pas leurs sujets.

Ainsi, on nous expose les mensonges vertueux que feraient des médecins de première ligne à leurs patients cancéreux. Ce qui permet de faire du remplissage par un débat bas de gamme, sur le devoir de vérité.

Et là, il y a en plus un gros problème, puisque celui qui doit faire l’arbitre savant, le professeur de cancérologie assis à cette table, est joué par le pauvre Bruel. On a déjà des doutes sur ses qualités de chanteur ou de comédien. Mais là en prof de médecine cela ne le fait vraiment pas et ce n’est pas comique non plus.

Et bien entendu, il aura à révéler son cancer à une des femmes présentes, la prof de flamenco interprétée par Blanca Li. Travaux pratiques ! La future patiente est également conviée, comme par hasard !

La femme du cancérologue est une gynéco, mal jouée par l’insipide Marina Foïs. Elle finira paraplégique sur un fauteuil roulant, suite à un accident le jour même. N’importe quoi !

Et comme le film se mord en permanence la queue, en tant que docteur(esse) elle annoncera à la « vieille » copine (Karin Viard) que celle-ci est enceinte, à 42 ans. N’importe quoi encore ! C’est juste l’histoire de nous amener la « problématique » de la grossesse tardive et de la grossesse qui fait qu’on ne peut plus divorcer. Encore de la retape facile.

On nous décrit aussi la prétendue rouerie de avocats du divorce. Un trait qui devrait forcément provoquer nos ricanements.

Dans ce rôle d’arroseuse arrosée, il y a la juriste Karin Viard.

Elle a eu une aventure avec l’installateur de cuisines, le terne Laurent Stocker. Lequel n’arrive pas à l’oublier… et bien sûr, comme par hasard, il est admis dans le cercle ce soir là.

Elle ignore que son mec Dany Boon couche avec la femme de son patron, Emmanuelle Seigner. Elle tout aussi crédible dans cette interprétation d’avocate que ne le serait la mère Denis.


Le divorce est devenu une sorte d’intéressante expérience obligatoire, et qui peut encore susciter l’intérêt de ces blasés. Du moment que l’on parle d’eux… Encore une facilité.

Christopher Thompson joue le beau mec, chef d’un grand cabinet de pénaliste et candidat au divorce lui aussi. Sa mère en vrai Danièle Thompson, la fille de Gérard Oury, est la réalisatrice et coscénariste incestueuse et donc elle couve son rejeton. Ce fils également coscénariste, sera forcément grand seigneur dans son propre divorce de fiction. Il nous fait aussi le gars qui ose rabrouer sa femme en public, mais dans les nouvelles limites permises. Ce petit hors piste, ça fait bien.

Sa femme, la future ex, est incarnée par Emmanuelle Seigner. On l’a connu dans de meilleurs jours. Et franchement son rôle est discordant. D’une minute à l’autre, elle passe de la personne effacée, à la personne déterminée. Elle est quasi rien mais deviendra un auteur à succès.

Son texte est mauvais.

Elle, elle va (re)coucher avec le mari de l’hôtesse, Piotr Dany Boom, qu’elle a connu bibliquement comme par hasard précédemment et qu’elle redécouvre accidentellement ici. Le destin lourdingue est la béquille des scénarios bidons. Et ici, ils sont vraiment nombreux ces coups du sort téléphonés d’en haut.

Patrick Chesnais joue le rôle du gars qui nous dit vaguement quelque chose et qu’on a en fait vu à la télé. Ça lui va bien. Il se tape la jeune sœur de l’hôtesse, la crispante Marina Hands. Et hop, encore une « problématique », celle du vieux satire. Le gars à abattre des féministes de salon.

Et puis il y a le thème des longues disputes familiales. Le pauvre Arditi est le père de Karin Viard, mais aussi celui de Marina Hands. Marina est en froid avec lui depuis des années. Il est donc relégué dans une chambre et ne peut venir se présenter au repas. Et badaboum, la « problématique » est en route. Il faudra une « explication ». Mouais.

Arditi se retrouve à nouveau dans un mauvais film. Cela devient si fréquent qu’on finit par se demander si un jour il a été bon. Il l’a été, mais l’image est maintenant sérieusement écornée.

Et puis il y a la problématique des handicapés, de leur sexualité et de la vaillante fidélité du conjoint. Décidément on ne nous épargne rien !

Enfin, tout au long du film, on nous gave, des nombreuses combinatoires de tromperies des uns avec les autres, en petit cercle, avec leurs accommodements ou leurs révoltes…

Tout est bidonné, afin de tenter de relancer l’intérêt de ce vaudeville pitoyable et même pas rigolo. Bien sûr, il s’agit aussi d’avoir des armes pour faire le buzz médiatique pour la sortie du film. La même démarche a présidé au casting, supposé nous épater… a priori.

On ne fait pas du bon cinéma avec ces mauvais ingrédients. Surtout s’il sont issus d’un théâtre désuet.

Vous aussi vous n’y comprenez plus rien. Normal, ces vieux de la route qui nous mènent en bateau, ont perdu la boussole. C’est vraiment maladroit.

J’ai tenu un bon moment en serrant les dents. Mais je suis parti avant la fin.

Je ne veux pas jouer au beauf, mais franchement ces mauvais films français ne méritent ni les subventions – nos impôts – qu’on leur accorde, ni ces critiques honteuses qui les épargnent. Il faut arrêter le massacre. Cela transmet une image effroyable de notre cinéma.

On ne peut pas m’accuser d’assassiner ce cinéma français, il est déjà mort.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_code_a_chang%C3%A9

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