Le harem du Pharaon-soleil (2007) 7/10

Temps de lecture : 3 minutes

Un titre bien vendeur mais qui ne sera vraiment illustré qu’à la fin de ce très long documentaire. Ce reportage des « minutes » d’une recherche archéologique, je l’ai vu deux fois, avec toujours un certain étonnement quant au rythme et un grand plaisir quant au sujet traité.

C’est une émission lente et méticuleuse, deux « qualités » que l’on prête aux Suisses.

Nos Helvètes universitaires sont de Bâle et de Zurich. Des voisins. Ils se sont aidés d’autres archéologues et apparentés. La technicité mise en œuvre est impressionnante.

Ils ont patiemment bossé leur sujet. Sans éviter parfois, dans cette restitution, une certaine redondance.

En exploitant des tombes, apparemment de peu d’intérêt, dans la Vallée de Rois, ils ont réussi, à force d’analyses intelligentes, à faire parler de tous petits morceaux. Les centres d’intérêt se situent dans la KV40 avec de nombreuses femmes d’importance, mais dont le statut est relativement incertain, et dans la KV64 avec une princesse royale.

Il faut d’abord enlever des gravas. Beaucoup de travail pour ne découvrir que des récipients cassés. La tombe a été visitée et dégradée. Ils vont quand même trouver un sarcophage en bois. De grands vases reconstitués portent des inscriptions signifiantes. Des restes humains embaumés trahissent le haut rang des défunts. Les scientifiques y verront l’équivalent de 90 momies ! Une grande majorité de femmes, mais aussi des nains en nombre relativement conséquent.

Nos professionnels parviennent à discriminer deux dynasties très distinctes. La 18ème avec au centre le très puissant et très prolifique Amenhotep III. Et la 20ème qui nous éloigne de notre sujet.

Ils sont préoccupés par certaines appellations qui paraissent en contradiction avec l’idée qu’il pourrait s’agir de femmes du harem. Enfant royal ne devant pas être pris au pied de la lettre. Quoique le Roi en question a épousé deux de ses filles. Comme cela se faisait à l’époque.

On savait déjà que Amenhotep III était « le Pharaon aux mille épouses » et donc l’apparente vérité qu’on a à faire à un royal séducteur vu le contenu des tombes explorées, ne fait que conforter à ce qui était révélé par les textes et les fresques.

Le personnage était un bâtisseur qui soignait sa légende. Son effigie est absolument partout. Son récit est inscrit dans le moindre recoin. Même en cunéiforme, comme dans les Lettres d’Armana. Le nombre de statues le représentant donne le vertige. Ce champion de la com’ a distribué des amulettes scarabées à sa gloire comme des pin’s ou naguère des porte-clefs publicitaires.

Il y a eu des mariages d’amour (dont Tiyi de grande longévité) et des mariages de raison pour unifier l’empire. Les concubines sont nombreuses ainsi que les femmes « ornementales ». Le gynécée réunit tout un cheptel et des femmes qui gravitent légitiment autour du roi. Outre la volonté d’assurer par lui même la démographie égyptienne, il y a aussi l’idée d’être accompagné de belles femmes. Une composante non négligeable étant le fait de relatifs familiaux féminins. Tout se passe comme si toutes les femmes « montrables » de son entourage étaient stockées là. Et ce « là » est un édifice magnifique que les chercheurs semblent avoir localisés. On en parle et on le reconstitue en 3D.

Une partie de momie bien conservée, trahit ce qui a du être une belle jeune femme. C’est déjà évident sur ces restes et assez touchant de ce fait. Mais nos savants livrent aux curieux que nous sommes, ce joli personnage de 15 ans dans une de ces reconstitutions 3D en chair et en os + parures de l’époque, qu’on sait si bien faire à présent. Et dont on nous dit (c’est de la médecine légale qui a fait ses preuves) qu’un familier la reconnaîtrait sans trop de problème.

Qu’il me soit permis de dire d’ailleurs, que toutes les fresques et bas reliefs de cette époque nous montrent des jeunes femmes fines, gracieuses et racées. L’art de l’habillement et des coiffures est de très haut niveau. On en ferait des cover-girls sans problèmes. Et ces femmes magnifiques exercent des nombreux talents, musique etc. Les canons de l’époque sont clairement universels.

On croit rêver alors que présentement la simple représentation d’une belle personne sur une affiche passe pour une provocation qui tient de la réification machiste. Le monde est vraiment devenu fou et étriqué.

Puisqu’on est dans une tentative de concordance des temps, il faudrait pouvoir aussi disserter de l’impasse monogamique. Une curiosité historique que l’on semble devoir au christianisme, en tout cas dans sa version la plus punitive.

Et comme tout gravite autour de cet âge d’or, on suit en parallèle la reconstitution bien réelle de l’immense temple funéraire d’Amenhotep III. Passionnant autant que déroutant.

C’est le père de Akhenaton qui foutra un sacré souk en mettant le dieu Aton sur le devant de la scène. Et c’est le grand-père de Toutânkhamon qui reviendra prudemment à la valeur sûre Amon.

Il n’y a pas de révélation ici, mais ce qui semble une confirmation. A moins que ce qui était connu ait induit une « interprétation » du contenu enseveli ? Ils ont pourtant l’air sûr d’eux nos découvreurs.

Dommage que ce documentaire qui date de 2007 ne soit pas suivi d’une discussion pour le réactualiser.

https://www.arte.tv/fr/videos/060173-000-A/le-harem-du-pharaon-soleil/

https://www.imdb.com/name/nm1503142/

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