Le silence est d’or (1947) 6/10

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Par René Clair, ce grand précurseur du film gnangnan. Un genre qui cartonne à l’époque.

J’énumère maintenant quelques présupposés du cinéma sur la Belle Époque, façon ligne Clair(e) :

  • – Les jeunes femmes sont de jolies petites choses, fragiles et volages. C’est comme cela. Elles parlent donc avec cette petite voix de collégienne docile, qui aurait été éduquée par les sœurs, en province. Mais une fois en ville, elles minaudent et s’habillent de manière à appâter les hommes. Lesquels doivent être à la fois jeunes, riches et beaux. Mais des compromis sont possibles. Les donzelles cherchent à réaliser au plus vite leur seul but dans la vie, le mariage. C’est Ronsard, avec sa métaphore sur les roses qui fanent rapidement, qui a prescrit de se bouger le train.
  • Et bien entendu, comme elles sont quasiment des mineures à perpétuité, elles tournent comme des girouettes. Et ce d’autant plus qu’elles tombent sur des gars qui savent les faire « danser ». Le « danger » est partout.
  • – Pour les hommes, il y a deux catégories. Soit, vous êtes de la famille de ces pauvrettes sans repère et donc vous cherchez les protéger contre les marlous. Cette prescription morale est élargie aux amis de la tribu. Soit vous êtes un célibataire en goguette et vous foncez dans le tas, afin de vous servir et de vous en « fourrer jusque là ! » (l’air du Brésilien dans l’opérette La Vie parisienne). Et surtout, ne montrez pas de sentiments. Le coeur c’est l’ennemi. Il avance vers vous à pas de loup, pour vous tenter de vous mettre la corde au cou.

Le problème vient quand vous êtes un vieux coquin qui pourrait être leur père. C’est à dire que vous avez la double casquette. En théorie vous avez le choix : prédateur ou protecteur, ou combinaison des deux. Il va de soi que le moralisme ambiant vous destine à être un gentil vieux monsieur, tôt ou tard. Mais le film ne va pas se passer de montrer les tentations qui vous tiraillent avant que vous soyez condamné à la sagesse. Surtout si vous êtes Maurice Chevalier.

En même temps, Maurice en a marre de voir ce François Périer en culottes courtes (28 ans), se faire piéger par ses sentiments. Il lui recommande d’y aller carrément, de goûter aux plaisirs des femmes, sans remords et sans états d’âme. C’est la doctrine Maurice Chevalier bien connue :« Dans la vie faut pas s’en faire. Moi je ne m’en fais pas. Toutes ces petites misères seront passagères, tout ça s’arrangera »

Ce que Maurice ne sait pas encore, c’est que la future proie de François (Marcelle Derrien, 31 ans) est sa protégée à lui. Il a été missionné pour veiller sur la « petite ». Mais il est clair que malgré son âge respectable (59 ans c’était beaucoup dans le temps), il commence à avoir des vues sur elle. D’ailleurs elle n’y est pas si insensible que cela. Il passe donc du statut d’ami de la famille qui lui donne un toit, à celui de tourmenté qui voudrait partager son lit. On est dans du boulevard pur jus.

Place aux jeunes et à l’amour véritable !

  • Donc, si vous me croyez, mignonne,
  • Tandis que vostre âge fleuronne
  • En sa plus verte nouveauté,
  • Cueillez, cueillez vostre jeunesse :
  • Comme à ceste fleur la vieillesse
  • Fera ternir vostre beauté.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_silence_est_d%27or

Maurice Chevalier
François Périer
Marcelle Derrien

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