Le Trou Normand (1952) 5.5/10 Bourvil, Bardot

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Tiens, la petite Brigitte Bardot avait déjà 18 ans, c’était son premier rôle, et je n’étais même pas né !

Le brave Hippolyte (Bourvil) est un grand dadais de 32 ans. Il se comporte en tous points comme un enfant. Il faut le voir se balader en sautillant dans les rues, à travers champs, avec son éternel sourire niais ! Il accumule les bêtises, comme un gosse. Et surtout, il ne voit jamais le mal.

A la mort du vieux Célestin, la vilaine tante Augustine tente par tous les moyens de capter l’héritage, dont la florissante auberge « Le Trou Normand ». A priori, c’est le brave Hippolyte qui pourrait en hériter. Mais c’est contre intuitif, car le bougre n’en a pas l’étoffe.

Et surtout, il y a un mais, une condition quasi impossible à réaliser. Pour que l’établissement échappe à la gredine, le simplet devra réussir son certificat d’études cette année.

Pour servir son noir dessein, la tante malfaisante et rusée, cherche à mettre toutes les chances de son côté. Elle va jusqu’à faire croire à Bourvil que sa fille BB, est prête à aller dans son lit. Sous réserve qu’il renonce au certificat d’études, et qu’il cède ainsi le magot à la vieille rusée.

Croyant bien faire, le naïf va saborder son examen, en répondant systématiquement ce qui lui passe par la tête, sans réfléchir.

L’actrice Jane Marken est cette intrigante charcutière (*). Un métier qui dans l’esprit de l’époque n’était pas très flatteur. Allez savoir pourquoi ! Peut-être un mauvais souvenir du rationnement et du marché noir.

Le film repose en grande partie, sur l’exposé des petits travers villageois. Avec les classiques prises de tête et les querelles de clocher.

Le tout baigne cependant dans une certaine nostalgie rousseauiste, ou pétainiste si on préfère, «  La terre ne ment pas ». Ce monde proche de la nature ne peut être que bon.

Ici chacun est à sa place. Les rôles semblent distribués pour toujours. Il n’y a pas de contestation. On est dans un monde de « valeurs », loin du relativisme.

A défaut de luxe et volupté, ici règne un certain calme. En tout cas c’est comme cela dans l’imaginaire des citadins. Ceux qui n’ont jamais mis les pieds dans une bouse, façon midinettes en talons aiguilles, en voyage dans l’Amour est dans le pré.

La France se redresse et commence à tourner le dos au monde paysan. Il faut être bienveillant.

Les autre rôles sont bien définis. Il y a ceux qui unissent leurs forces pour aider le vieil élève. Le Docteur et Maire est incarné par le sévère mais juste Roquevert. Pierre Larquey est le bon commerçant. Georges Baconnet est le rassurant instituteur, amical et très troisième république. C’est le gardien de l’ascenseur social. C’est lui qui détecte les talents exceptionnels et cherchent à les propulser. C’était dans les temps rêvés de la méritocratie, bien avant notre ère de la médiocratie.

Ici, ils tentent juste de valoriser le courage franc du simple, contre la ruse machiavélique de l’opportuniste. C’est aussi une croisade républicaine.

Finalement, je n’en suis pas si sûr, c’est plutôt chrétien ce truc là.

A moins que les deux se confondent parfois.


Les étrangers (au village) n’ont bien entendu pas le bon rôle. Roger Pierre figure un impresario qui cherche à coucher avec BB, en lui faisant miroiter une carrière. Les journalistes mentent effrontément pour piéger Bourvil. L’administration départementale ne fait que calculer son intérêt.

La morale sera du côté des institutions républicaines et laïques. Et comme de bien entendu le simplet sera le gagnant de l’histoire. Il embarquera même en guise de cadeau, la jeune institutrice, pas très belle. Il faut savoir rester à sa place.

Bienheureux sont ceux qui ont l’esprit simple car le royaume des cieux leur appartient. Rien de nouveau dans les contes pour adultes.

C’est étonnant comme l’intelligent Bourvil, arrive si bien à jouer au con. Une prouesse, car il est bien plus facile aux cons de se faire passer pour intelligents, que le contraire. J’en connais.

(*) Certificat d’étude – intrigant : Attention, l’adjectif et le nom s’écrivent sans u après le g (intrigant), contrairement au participe présent (intriguant) : un caractère intrigant ; de méprisables intrigants ; on les a vues toutes les deux intriguant au ministère. (Larousse).

https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Trou_normand

Bourvil
Jane Marken
Brigitte Bardot
Jeanne Fusier-Gir

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