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En 1917 le jeune Charlie Chaplin avait déjà tout compris. Et même plus que cela, puisqu’il se permet d’innover et de forger un style.

Après ces 20 minutes, on lui octroie très facilement son Oscar… il ne l’aura qu’en 1929, puis en 1972. Celui de 1973 pour la musique de film ne compte pas vraiment.

Le prétexte de « The Immigrant » est tout trouvé. A travers l’extrême précarité de cette immigration européenne, il éreinte juste ce qu’il faut la bienveillante Amérique. C’est déjà trop ! Un coup de pied aux fesses d’un officier des frontières, lui vaudra de lourds soupçons d’anti-Américanisme par la suite.

Les candidats à l’intégration sont traités comme du bétail. Ils sont parqués dans un enclos, en attente des formalités. Et plus tard, quand ils sont descendus du bateau, c’est le règne de la débrouille. Mais ils se volent aussi entre eux.

Un éternel problème pour ces désargentés. Le pire étant de leur donner un statut provisoire, tout en leur interdisant de travailler, comme on le fait en France de nos jours. C’est une incitation au travail au noir… ou à la mendicité.

Revenons au vagabond Charlot. Avec lui, on se croirait presque dans la crise de 1929, tellement la situation économique semble rude. Des serveurs patibulaires, font la police dans le restaurant. Eric Campbell est bien impressionnant et ne me donnerait pas envie de finir mes fayots.

Une jolie romance rapproche Charlot de Edna Purviance. Elle est venue dans le même convoi que lui. Alors qu’ils déjeunent ensemble, il va falloir ruser pour ne pas être accusé de grivèlerie. Mais avec Chaplin on « n’emprunte » qu’aux riches. Ici c’est l’artiste ventru incarné par Henry Bergman qui les sauvera.

Il y a comme toujours chez le maître, une multitude de petites trouvailles. On ne s’ennuie pas.

Le ton est léger, pour ces situations qui sont foncièrement dramatiques. Ce contraste est un ressort fort. Et puis il y a toujours de l’espoir.