Les Amants crucifiés (近松物語, Chikamatsu monogatari) (1954) 7/10

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D’aucun parle d’un chef d’œuvre du très japonais Kenji Mizoguchi.

Il est vrai que la prise de vue est belle, que l’histoire est prenante et que les acteurs sont souvent bien impressionnants.

L’histoire est contenue dans le titre mais ne transparaît pas immédiatement dans toutes ses composantes. Une bonne partie du déroulé dépend des circonstances. Il y a un enchaînement causal assez imprévisible finalement.

Il faut qu’Ishun le Grand Imprimeur de calendriers de Kyoto aient des créanciers haut placés et qu’il pratique la corruption avec ses puissants. Grâce à son marché captif, il a fait fortune. Il prend garde à ne pas faire de faux pas. Ce vieux, assez lubrique, s’intéresse de près à une belle servante. Mais il est marié à O-San qui a trente ans de moins. Des ingrédients indispensables.

Le frère d’O-San doit être acculé par les dettes. Il voudrait que sa sœur bien mariée l’aide une fois encore. Elle essuie un refus catégorique de son époux.

Mohei, à la santé précaire, est l’employé le plus doué dans cette imprimerie de luxe. Il faut qu’il en pince secrètement pour la maîtresse de maison et qu’il fasse un faux en écriture pour tenter d’obtenir l’argent nécessaire. Pris de scrupule, mais aussi coincé par un collègue qui a tout vu, il va se dénoncer au patron. Sans tous ces éléments l’histoire s’arrête immédiatement.

Il sera enfermé sur place en attendant qu’on statue sur son sort. Il s’échappe.

La patronne apprend que son mari cherche à la tromper avec la belle servante – encore un point nécessaire à l’intrigue -. Elle est dégoûtée et s’enfuira de la maison.

Autre déterminisme nécessaire : les deux fuyards se rencontreront et ils s’avoueront leurs penchants coupables l’un pour l’autre.

Le chef d’entreprise est coincé. Si l’on découvre qu’il a cherché à dissimuler la liaison entre sa femme et son premier employé, il sera banni et on confisquera ses biens. S’il révèle cela au grand jour, cela ternira son image et mettra en péril son commerce.

Des puissants rusés ont parfaitement compris l’enjeu et chercheront à profiter de la situation pour prendre son enviable place.

Il y aura une chasse à l’homme et à la femme. Deux équipes opposées tentent d’arranger les choses à leur manière. Les amants sincères ne seront plus que des pions dans ces jeux de pouvoir.

Finalement, comme il se doit, ils seront pris. Ils finiront crucifiés après avoir été enchaînés l’un à l’autre sur un cheval, à des fins démonstratives.

L’imprimeur sera spolié.

Ils sont tous a priori perdants. Mais on verra au passage publique des deux amants, leurs sourires qui transcendent leur future condition de suppliciés. Une vue bien romantique.


C’est une fois de plus chez notre cinéaste, l’amour plus fort que la mort, sur un fond d’innocence fondamentale et de vertus cardinales. Voilà un thème qui ne dépareille pas avec le folklore chevaleresque européen. Lequel doit quelque chose à l’autre ? Le film sera montré à Cannes. Avec ce thème ancrée dans les deux cultures, il ne pourra pas déplaire.

Le sujet a d’abord été traité par l’auteur Chikamatsu, au dix-huitième siècle, pour le théâtre de marionnettes. C’est rappelé dans le titre nippon. Le récit étant complexe et subtil, ce théâtre là ne doit rien à voir avec notre Guignol lyonnais.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Amants_crucifi%C3%A9s

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