Les indomptables (The Lusty Men) (1952) 7/10

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Comment diable pourrait-on nous captiver avec des cow-boys qui font du rodéo ?

Eh bien, en s’en donnant les moyens, et ce grâce à de très bons acteurs, une histoire instructive et crédible, une certaine critique sociale, et bien sûr une réalisation de qualité.

L’intrigue est simple et efficace. Le personnage incarné par Mitchum est un professionnel qui a tourné dans les rodéos pendant 18 ans déjà. Il a été un de plus grands, dans ce sport extrêmement dangereux. Il a gagné des sous, mais l’argent lui a filé entre les doigts.

Maintenant qu’il n’a plus rien, il pense qu’il est prudent de se ranger. Il cherche un emploi stable de vacher. Il rencontre un jeune couple assez modeste. Le mari (Arthur Kennedy) est captivé par ce qu’à fait Mitchum. Comme de dernier n’arrive pas à réunir de quoi acheter une petite ferme, il veut se lancer lui aussi dans la compétition, en pensant l’argent facile. L’ancien lui propose un deal. Il va le coacher sérieusement et en échange il partageront en deux les gains.

A noter que Mitchum n’est pas insensible aux charmes certains de l’épouse (Susan Hayward qui a une grande filmographie malgré son décès relativement jeune). Ce flash est une autre bonne raison de rester. Mais il reste correct. Ce n’est qu’après un bon moment qu’il tentera une discrète approche.

Le jeune casse-cou, bien conseillé, arrive à progresser rapidement dans ce jeu de la mort, qu’est le rodéo d’alors. On doit maîtriser des chevaux fous, combattre des taureaux très dangereux, faire mieux que les autres compétiteurs pour empocher les primes etc. C’est bien payé pour les meilleurs, car il y a beaucoup de casse, des morts et des invalides. Ceux qui ont eu très peur, ce qui arrive souvent, se tournent souvent vers la boisson, ce qui n’arrange rien quand ils repartent au combat.

Outre les exploits physiques, c’est une ambiance du genre on achève bien les chevaux (Horace McCoy), comme c’est décrit dans le fameux livre sur l’exploitation de la misère dans des concours inhumains. Mais ici c’est la version on achève bien les cavaliers. Et ce n’est pas rien de souligner cela, puisque un des coscénaristes est précisément Horace McCoy.

L’intrigue se tend quand le nouveau s’affirme et finit par se laisser griser par le succès. Plus question de redevenir un simple vacher. Il repousse sa femme. Une belle jeune fille, qui sent les dollars, le convoite.

L’épouse intelligente voit venir le danger. Elle sait qu’il va trop loin et que la chance va tourner. Elle comprend que son mari n’est plus l’homme qu’elle a connu. Un gars qu’elle a épousé car ils avaient alors une vision commune paisible, alors qu’il n’était ni le plus beau, ni le plus riche, ni le plus intelligent…

Elle va se rapprocher de Mitchum ostensiblement. Mais sans doute plus pour provoquer un réveil chez son mari.

L’histoire se termine par une sorte de compétition dans un show, entre les deux hommes.

L’affaire est bien menée, jamais caricaturale ou grossière. C’est une belle leçon de cinéma dans un monde qui nous est très éloigné. Et l’on apprend pas mal de chose sur ce sport ancestral. On comprend mieux l’intérêt de l’antiquité pour ces batailles à égal avec ces animaux agressifs voire mortels. Et sans doute que cela date de bien avant que les récits puissent nous être transmis par l’écriture ou le dessin. Au delà de l’anecdotique qui fait le cinéma, il y a là quelque chose de consubstantiel à l’être humain. Et c’est assez plaisant que Hollywood puisse nous donner ce frisson qui vient de la nuit des temps.

Et Mitchum, l’acteur/personnage mythique de la nuit du chasseur, est vraiment très bon, ici aussi.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Indomptables_(film)

Susan Hayward
Robert Mitchum
Arthur Kennedy
Arthur Hunnicutt

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